Titre du livre : De rêves et de papiers.
Résumé : Titre du livre : De rêves et de papiers.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Gaïa Makhzoumi • 19 Novembre 2022 • Résumé • 1 828 Mots (8 Pages) • 348 Vues
FICHE DE LECTURE [pic 1]
Titre du livre : De rêves et de papiers.
Notice bibliographique : LE-BERRE, Rozenn. De rêves et de papiers : 547 jours avec les mineurs isolés étrangers. Paris : La Découverte, 2017. Cahiers libres, 203 p.
Auteur : Après des études à Sciences Po Toulouse, LE BERRE Rozenn s’oriente vers le travail social et le journalisme. "De rêves et de papiers" est son premier livre.
Éditions : La découverte.
Parution : Janvier 2017.
Mots clés :
- Migrations.
- Mineurs.
- Isolement.
- Sans papiers.
- Courage.
- Réfugiés.
- Voyage/Traversée.
- Exil
Résumé : Rozenn Le Berre a travaillée pendant un an et demi en tant qu’éducatrice, dans un service de l’Aide Social à l’Enfance chargé d’accueil et d’évaluation pour les mineurs isolés étrangers.
Ce livre est un récit à deux voix : D’une part une série de courts témoignages, qui font l’écho de ces vies qui ont défilées dans son bureau.
Entrecoupée de l’autre par une histoire, inspirée de celle de plusieurs jeunes rencontrés pendant et après la fin de son contrat, celle de Souley un jeune malien qui décide de quitter son pays pour arriver en France avant ses 18 ans.
Un voyage marqué par plusieurs étapes, souvent compliquées et indignes, qui deviennent alors un combat : celui de la traversée du Sahara et de la mer Méditerrané jusqu’à son arrivé en France où son parcours est loin d’être terminé.
À travers cette double voix, Rozenn Le Berre nous livre un témoignage précieux et déchirant de la manière dont sont accueillis les jeunes migrants.
Réflexions personnelles et professionnelles :
J’ai trouvé ce livre plein d’émotions. Avec une sensibilité très personnelles Rozen Le Berre raconte les parcours de vies chaotiques, l’horreur et le désespoir.
- P76 «Souley espère que ce sera un bateau en bois. Ou en métal. Pas un bateau en chambre à air. Sur les plages de Libye, il a vu les cadavres de ces bateaux gonflables, échoués comme des serpents crevés dans le sable. Où sont ceux qui étaient à bord ? Certains ont dû être sauvés. S'ils étaient assez loin des côtes libyennes, ils ont peut-être eu la chance d'être sauvés par la marine italienne et conduits en Italie. Peut-être. S'ils n'étaient pas partis assez loin, ou s'étaient trompés d'itinéraire, ils ont pu être recueillis par la marine libyenne. Alors ils sont allés en prison. Souley a entendu des choses sur les prisons libyennes. Il préfère ne pas y penser. Mais ces passagers n'ont peut-être pas été sauvés. Peut-être pas. Ils sont peut-être ballottés par les vagues, la peau grise et gorgée d'eau, les yeux ouverts sur leur mort. »
- P75 « Il sent la main qui route ses poches et en retire les billets, mais Il n'a pas la force de réagir. Le sang chaud évadé de ses narines roule entre ses lèvres. A un moment, il pense qu'il est mort. A un moment, il pense que ce n'est pas une mauvaise idée, de mourir.
La barre de fer se remet en mouvement. Elle cogne contre la hanche de Souley. […]. Un nouvel ordre parvient alors à ses oreilles, qu'il n'aurait jamais voulu entendre. Jamais. S'il avait pu, Souley aurait planté un poignard dans le cœur de celui qui a osé lui demander ça. Dieu aurait su le pardonner, c'est certain, car la personne capable de prononcer un tel ordre n'est certainement pas un musulman, encore moins un humain.
Debout, tremblant, Souley relève la tête, […] ses yeux dans ceux de celui qui porte la barre de fer.
Celui-ci répète l'ordre, en français, comme la première fois :
« Pisse-lui dans la bouche, à ce porc, sinon je vous tue tous les deux. » »
Mais il y a également ce problème de précipitation et de routine qui guettent les travailleurs sociaux. Ils écoutent à longueur de journée des récits de vie déchirants mais parfois semblable et doivent garder une certaine « objectivité » pour recueillir les éléments qui serviront de base au département pour déterminer le sort d’un jeune.
Alors qu’on sait qu’il n’y a aucun élément objectif pour établir l’âge d’une personne, on en vient alors à se demander pourquoi ces tests continus d’être pratiqués (comme par exemple les tests osseux pratiqués encore dans certains départements qui s’avèrent peu fiables puisqu’il y à une approximation d’une quinzaine de mois d’après Didier Boeno, médecin Imaje Santé*).
*Cf : Voir le documentaire de Rachid Oujdi qui raconte le quotidien d'un groupe de mineurs isolés étrangers à Marseille. « J’ai marché jusqu’à vous, récit d’une jeunesse exilé » https://www.youtube.com/watch?v=lW7V8PbGQxE
- P96 «Au niveau biologique, un os situé au niveau du poignet est censé arriver à maturité à dix-huit ans. Une radiographie permettrait donc d'évaluer l'âge d'une personne. La marge d'erreur? Plus ou moins dix-huit mois. La population sur laquelle est fondé le référentiel? Des enfants blancs bien nourris, en 1930. Nombreux sont les médecins qui, à raison, ont élevé la voix pour s'indigner contre cette pratique douteuse, où la science qui soigne devient un outil qui expulse.
Au niveau des papiers d'état civil, la fiabilité est fragile. La plupart sont émis dans des pays où la corruption est une discipline nationale, où l'on peut acheter un acte de naissance au marché, où les enfants ne sont pas forcément enregistrés lors de leur naissance, où les registres d'état civil brûlent ou disparaissent.
Au niveau de l'apparence physique, peu d'éléments crédibles sur lesquels se fonder. Certes, la distinction entre un trentenaire et un préado ne pose a priori que peu de difficultés. Mais pour les autres ? Ceux à qui on donnerait seize ans comme vingt-cinq ? Ceux qui « font plus grands » ou « plus petits » que leur âge ? Sans oublier l'œuvre de la souffrance, 19 fatigue ou la peur qui labourent les visages, étirent les traits et creusent des rides... Qui suis-je pour affirmer que Soheib «fait jeune » alors que Mustafa « fait vieux »?
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