LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

L’émergence de l’économie politique

Dissertation : L’émergence de l’économie politique. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  4 Février 2016  •  Dissertation  •  1 383 Mots (6 Pages)  •  817 Vues

Page 1 sur 6

Chapitre 1: L’émergence de l’économie politique

Pour déterminer l’acte de naissance de l’économie, il faut, au préalable, en définir l’objet (quel est le domaine de l’économie ?).

1] De la difficulté à spécifier le domaine de l’économie politique

Habituellement, on distingue deux types de définition:

        - la définition formelle

        - le définition substantielle

1. Définition formelle et définition substantielle de l’économie

1) Définition formelle

« L’économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs » (Lionel Robbins, 1932)

Cette définition met en avant, comme objet de l’économie, une forme particulière du comportement humain: le comportement rationnel. Cette définition s’applique à tout comportement, dès lors qu’il y a choix entre différentes alternatives et rareté des moyens. Cette définition correspond aujourd’hui à celle de la microéconomie (ou la fin est l’utilité maximale et les moyens rares les ressources et les revenus). La difficulté est que cette définition s’applique à des domaines très vastes: on peut très bien y glisser l’art de la guerre, le jeu d’échec, la cuisine, etc. bref, tout ce qui relève d’un comportement rationnel. Cette définition ne permet pas d’identifier clairement un champ spécifique à l’économie.

2) Définition substantielle

Une définition substantielle de l’économie consiste à définir la discipline à travers son contenu (substance) et donc à travers un type de comportement.

« [L’économie] nous enseigne comment les richesses sont produites, distribuées et consommées dans la société » (Jean-Baptiste Say, 1815)

Cette définition exige de préciser ce que l’on entend par richesse. En réalité, il existe plusieurs définitions de la richesse:

        - au 16ème et 17ème siècle, on définissait la richesse soit comme correspondant à la population, soit à travers l’accumulation de métaux précieux

        - au 19ème siècle, on définit plutôt la richesse comme un ensemble de valeur d’usage: « La richesse est un ensemble de choses commodes, nécessaires ou agréables à la vie » (Smith, 1776). Cette définition est reprise par Ricardo, Walras, etc.

Tout ce qui est utile n’est pas nécessairement du ressort de l’économie (air, eau, etc.). Cette définition ne permet pas d’avantage de repérer clairement le domaine économique.

En réalité, le défaut commun à ces deux définitions est qu’elles ne parviennent pas à séparer clairement l’économie des autres disciplines. Ces deux définitions reposent sur le même postulat: il existerait des catégories économiques valables en tout temps et en tout lieu. Par exemple, la rationalité, la production de richesse, la consommation seraient naturellement des objets économiques. En réalité, ces notions ne sont en rien des objets naturels et spontanés de l’économie (il n’y a pas de naturalisme des faits économiques). A l’inverse, les phénomènes qui sont étudiés par l’économie sont des constructions artificielles.

2. L’économie comme phénomène historique

On peut partir de la définition substantielle (de J.-B. Say).

Toutes les sociétés produisent, distribuent et consomment des richesses (même les plus primitives). Mais, toutes les sociétés n’isolent pas nécessairement dans l’ensemble des activités un domaine d’activité économique. Jusqu’à une période récente (début du 18ème siècle), les activités de production, de distribution et de consommation des richesses relevaient toutes à la fois de considérations morales, religieuses, politiques et non spécifiquement économiques.

Exemple 1: Aristote (5ème et 4ème siècles avant J.-C.)

On trouve chez Aristote une distinction entre deux types d’échange:

        - l’échange tourné vers la satisfaction des besoins

        - l’échange tourné vers l’enrichissement personnel, la Chrématistique

Aristote a pour objectif de condamner le commerce spéculatif. Ce commerce engendre des inégalités qui sont moralement condamnables et menacent la stabilité politique. Quand Aristote parle d’échange, son propos relève à la fois de la morale et de la politique (l’échange n’est en rien une catégorie économique).

Exemple 2: Thomas D’Aquin: théologien et philosophe italien du 13ème siècle, « Somme théologique »

Il évoque parfois, dans cet ouvrage, l’usure c’est-â-dire le prêt a intérêt. Il met en avant certaines idées qui semblent relever d’une théorie économique du taux d’intérêt.

Son analyse du prêt à intérêt relève uniquement de préoccupations morales et religieuses. La question qu’il étudie est de déterminer si l’usure est compatible avec l’obligation de charité.

Il n’y a de pensée économique qu’à partir du moment où on va isoler dans la société une sphère particulière d’activités qualifiés d’économiques et séparée de la morale, de la politique, de la religion, etc. Cette activité n’a rien de spécifiquement économique. Cette activité ne devient un objet économique qu’à partir du moment où on isole l’activité de production des richesse des autres dimensions de la production. Donc, l’économie résulte d’un découpage artificielle qui est le produit de l’histoire.

...

Télécharger au format  txt (9.2 Kb)   pdf (107.4 Kb)   docx (11.9 Kb)  
Voir 5 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com