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Accords Abraham : l'ère du deal au Moyen-Orient ?

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Par   •  17 Février 2021  •  Résumé  •  2 208 Mots (9 Pages)  •  594 Vues

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Ruben Karsenti

Accords Abraham : l’ère du deal au Moyen-Orient ?

« Après des décennies de divisions et de conflits, nous sommes témoins de l'aube d'un nouveau Moyen-Orient » déclare le président des États-Unis Donald TRUMP le 15 septembre dernier, lors de la cérémonie de signature des accords d’Abraham dans les jardins de la Maison Blanche. Le 15 septembre étaient ainsi signés à la Maison Blanche et sous l’égide de Trump, des accords d’Abraham qualifiés d'historiques entre, d'un côté Israël, et de l'autre les Émirats arabes unis et Bahreïn.

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En août 2020, Mike POMPEO, secrétaire d’état américain, avait déjà déclaré lors de sa tournée diplomatique au Moyen-Orient, quelques jours après l’annonce d’un accord de normalisation trouvé le 13 aout 2020 entre Israël et les Émirats arabes unis conclu sous l’impulsion de l’administration américaine : « Au cours de la suite de mon voyage, j’ai vraiment bon espoir que d’autres pays arabes se rallient à ceux-ci, l’opportunité pour eux de travailler à la reconnaissance de l’état d’Israël. Et travailler à leurs côtés permettra non seulement d’accroitre la stabilité du Moyen-Orient mais aussi d’améliorer la vie des habitants de leurs propres pays ».

Si cette initiative peut être interprétée comme une tentative électoraliste de Trump pour se présenter comme un homme de paix avant les élections présidentielles aux États-Unis, elle révèle aussi une évolution à venir au Moyen-Orient. En effet, un deal est un accord, un marché, une entente, et, s’il était inconcevable, il y a peu, pour un pays arabe de reconnaître Israël sans un règlement de la question palestinienne, force est de constater que les lignes ont bougé. Après l’Égypte en 1978 (traité de paix de Camp David), la Jordanie en 1994, deux autres pays arabes auront désormais des relations officielles avec Israël. Et d’autres pays sont invités à suivre l’initiative des Émirats Arabes Unis et du Bahreïn alors même que le conflit israélo-palestinien est loin d’être terminé et que le « deal du siècle » (plan de paix israélo-palestinien) proposé par Trump et Netanyahu en Janvier 2020 n’offre aucune perspective pour le moment. Alors, sommes-nous à l’aune d’un changement majeur ? Va-t-on assister à un processus de normalisation progressif entre Israël et les états de la région ? D’autres pays arabes pourraient-ils suivre le chemin emprunté par Abou Dhabi et Manama ? Avec quelles conséquences pour le Moyen-Orient ? Est-ce que l’ère du deal est advenue au Moyen-Orient ?

Tout d’abord, je tiens à mettre au clair l’enjeu de ces accords d’Abraham en explicitant leur contenu :

1. Une promesse de normalisation des relations qui prévoit des relations diplomatiques (échange d’ambassadeurs), des relations commerciales (possibilité d’investissements dans les entreprises israéliennes : par exemple dans la tech), relations technologiques (avancées technologiques dont les deux pays du golfe pourraient bénéficier). Le traité avec les EAU pose également qu’Israël et les EAU établiront des accords bilatéraux de coopération dans de nombreux domaines, parmi lesquels finance et investissement, aviation civile, relations commerciales et économiques, santé, science, technologie et utilisations pacifiques de l'espace extra-atmosphérique, énergie, arrangements maritimes, agriculture et eau.

2. Un traité de paix bilatéral entre les EAU et Israël.

3. Une déclaration de paix bilatérale entre Bahreïn et Israël.

4. La suspension (et non l’arrêt) de l’annexion de la Cisjordanie, et l'engagement à « une solution juste, complète, et durable au conflit israélo-palestinien ».

5. Parallèlement à ces accords, les US se sont engagés à vendre des avions de chasse furtifs F35 aux Émirats Arabes Unis.

6. Au niveau symbolique, une alliance de religions et la fin de l’unanimité arabe sur la question palestinienne.

/1er terme clé : Accord économique/ Ainsi, ces accords d’Abraham sont d’abord des accords à portée économique et technologique : François-Aïssa Touazi, vice-président du conseil France-Pays du Golfe du Medef international et spécialiste des pétromonarchies, estime, dans une interview donnée à France Culture le 20 septembre 2020, que la cyber sécurité et les nouvelles technologies seront au cœur des futures relations entre Israël, les EAU, et Bahreïn. Il dit « même si l’enjeu est surtout politique entre les deux monarchies du golfe et l’État hébreu, on pourrait voir l’émergence de nouvelles coopérations, essentiellement dans le domaine sécuritaire et les nouvelles technologies ». Les monarchies du golfe sont en plein processus de modernisation. Et donc, les pôles d’excellence israéliens dans le domaine de la cyber sécurité, de l’intelligence artificielle, et de la santé intéressent les EAU et Bahreïn. L’expertise israélienne dans le secteur des énergies renouvelables ou dans le domaine de l’eau et de l’irrigation pourraient également constituer un axe de coopération. Les pays du Golfe ont l’ambition de réduire leur dépendance alimentaire et de faire de la sécurité alimentaire un enjeu majeur. L’expérience israélienne peut ainsi leur être utile et inspirante. Enfin, le secteur du tourisme dans les pays du Golfe, comme Dubaï par exemple, pourra accueillir des visiteurs israéliens (ce qui n’était pas possible auparavant).

/2ème terme clé : Fin du consensus sur la question palestinienne/ D’autre part, il convient de souligner que via ces accords, on peut parler de l’officialisation d’un nouveau rapport de force qui ne va pas dans le sens des palestiniens. En effet, c’est un consensus parmi les pays arabes sur la question palestinienne qui se brise : et de ce point de vue c’est un véritable tournant. Puisqu’il faut préciser que si Israël était dans une logique de guerre avec l’Égypte puis la Jordanie avant de trouver un accord de paix avec ces deux pays limitrophes et donc de sécuriser les frontières, il n’y a jamais eu de guerre entre Israël et les Émirats Arabes Unis ou Bahreïn, donc il n’y a aucune nécessité de pacification et de normalisation des relations. Ici, avec les accords d’Abraham, il ne s’agit donc pas d’une logique de paix mais

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