Mouvements féministes internationaux
Analyse sectorielle : Mouvements féministes internationaux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar leeROY • 11 Mai 2014 • Analyse sectorielle • 3 901 Mots (16 Pages) • 776 Vues
Liberté, universalité, parité
Je fais partie des féministes qui ont défendu
durant les années 1990 l’inscription de la parité
dans la constitution. Il ne s’agissait en aucune
manière d’une affirmation « communautariste
» – car les femmes ne constituent nullement
une « communauté » ni davantage une
« catégorie » 1 de la population – mais d’une revendication pour plus de justice
et pour la mise en oeuvre du contrat social d’égalité affirmé sur le fronton des
mairies de la République.
La France de la liberté, de l’Universel, « des droits de l’Homme » accusait un
retard patent dans la représentation politique des femmes par rapport aux
autres démocraties dans le monde. En 1981, malgré la création pour la première
fois d’un Ministère aux droits des femmes confié à Yvette Roudy, on ne
trouvait que 5 % de députées et 2 % de sénatrices. En 1993, lorsque débuta le
mouvement pour plus de représentation politique des femmes, l’Assemblée
n’avait gagné qu’un point par rapport aux chiffres calamiteux des années 802,
affichant 6 % et le Sénat 5 %.
Alors que l’on assistait à un formidable vent d’espoir démocratique en Europe
avec l’effondrement des régimes communistes, que l’Afrique du Sud sortait
Malka Marcovich CONTROVER ES S 67
La parité paradoxale,
de la justice sociale
à l’instrumentalisation
des droits des femmes
Malka Marcovich
Historienne, auteur de
Les Nations dés-Unies, ou comment
l’ONU enterre les Droits de l’Homme
(Edit. Jacob-Duvernet).
d’une longue période de discrimination raciste, la France qui se présentait
comme la voix inspirée des droits fondamentaux dans le monde, continuait
d’exclure de sa représentation politique plus de la moitié de sa population.
Dans la cacophonie des prises de position de l’époque, des arguments essentialisants
ont pu être avancés par les partisans3 de la parité vigoureusement dénoncés par
les opposants4. Apparaissaient les mêmes lignes de fractures qui ressurgissent de
manière récurrente dans les débats féministes depuis les Lumières, stratégies
contradictoires inscrites dans la dialectique du pacte républicain universaliste et
de l’exclusion politique des femmes depuis Olympe de Gouges.
C’est à l’aune de cette condition de « citoyenne paradoxale » 5 que l’on doit
replacer la réflexion autour de la parité hier comme aujourd’hui. Cela est d’autant
plus nécessaire que la puissance du blocage structurel et culturel à la
citoyenneté pleine et entière des femmes dans la Cité, a engendré un morcellement
des luttes pour l’égalité des droits. Ainsi, ces débats franco-français ont
empêché que soit véritablement rendue visible la marche des femmes pour la
parité dans d’autres régions du monde.
Certaines féministes françaises ne retrouvaient pas l’esprit du mouvement
social de libération des femmes des années 1970 qui, à l’encontre des pays du
nord de l’Europe6, avait méprisé les instances du pouvoir considérées comme
emblématiques du patriarcat.7 Pour ces dernières, la parité représentait la
marque d’une imposition normative issue des instances du pouvoir, notamment
des structures supranationales (européenne ou internationale) et non
pas une revendication formulée depuis la base8.
Le modèle anglo-saxon de la « discrimination positive » (ou « action affirmative »
dans sa traduction littérale), était fréquemment invoqué comme repoussoir,
incarnation du danger absolu contre l’essence même de la République qu’elle
ferait volet en éclats. Les passions se sont déchaînées, d’un côté comme de
l’autre des courants féministes, allant parfois jusqu’à l’insulte ou le dénigrement.
9 Pourtant toutes reconnaissaient l’intolérable discrimination que subissaient
les femmes encore en France.
On entendit également des commentaires sexistes d’un autre âge surgir avec une
vigueur redoublée.10 Les uns osaient reprendre à la sauce contemporaine certains
arguments qui avaient fait long feu durant la bataille pour le suffrage des
femmes11. Quand on ne les renvoyait pas à leur condition « naturelle », de
« reine du foyer » et de la famille, forcément opposée au pouvoir et à l’espace
public, on arguait que c’était la culture, voir l’éducation politique qui leurs faisaient
encore défaut.
D’autres prétendaient que cette loi était humiliante12 pour les femmes car elles
seraient
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