Finance éthique
Analyse sectorielle : Finance éthique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar El Mehdi Kerrak • 14 Avril 2020 • Analyse sectorielle • 2 158 Mots (9 Pages) • 468 Vues
La finance islamique :
Définition :
Selon Al-Jarhi et Iqbal (2002), une banque islamique est une institution qui reçoit des dépôts et mène toutes les activités bancaires à l’exception de l’opération de prêt et d’emprunt à intérêt. Elle accepte des dépôts à vue qui sont considérés comme des prêts sans intérêt des clients, et de ce fait, sont garantis. Elle joue le rôle d’un manager d’investissement vis-à-vis des déposants. La participation en capital ainsi que le financement de l’actif circulant et de l’actif fixe constituent une partie intégrale des opérations de la banque. Le passif est constitué par l’ensemble des fonds mobilisés selon la formule de la Moudarabah ou de la Wakalah.
Ces banques représentent donc des institutions financières regroupant les fonds et effectuant leur placement dans le cadre de Chari‘ah. Il en découle que le refus de l’usure dans les transactions est un pilier essentiel dans le travail des banques islamiques. C’est une condition indispensable mais non suffisante à l’établissement de ces institutions qui aspirent au développement économique et social et à la mise en pratique des pensées économiques islamiques dans les transactions financières.
Objectifs des banques islamiques :
Concernant les objectifs de ces institutions, nous pouvons citer :
- Proposer une alternative islamique à toutes les transactions bancaires, et par ce fait lever la contrainte qui gêne les musulmans.
- Accomplir les prescriptions de la Chari‘ah dans les différentes activités de la banque et respecter la loi du « licite-illicite ».
- Fournir d’une manière licite les fonds nécessaires aux investisseurs afin de soutenir les projets économiques utiles.
- Assister les partenaires de la banque dans l’acquittement de leur Zakat[1] et proposer des services diversifiés dans le domaine social.
Principes de la finance islamique :
Dans le domaine particulier de la finance, les principes qui découlent de la conception islamique de l’économie et encadrant l’activité des fonds d’investissement islamiques sont nombreux, nous les résumons dans les points suivants :
L’interdiction du « ribâ » (usure et intérêt) :
Le Coran a expressément interdit le « ribâ » particulièrement dans sa dimension usure. Un « hadith nabawi » très célèbre, dit des « six produits »[2], attribué au prophète Mohammed (SLS) et rapporté par El Boukhari, a interdit explicitement l’intérêt usuraire (confondu avec le ribâ). En effet, l’interdit concerne tout échange de produit identique (or contre or, argent contre argent, blé contre blé, …) dans la perspective de réaliser un gain, et les contrats de prêts à intérêt font partie de cette catégorie d’échange.
Selon la doctrine islamique (opinions et fatwas des théologiens ou fuqaha), l’interdit de l’intérêt usuraire (ou ribâ) porte sur deux catégories d’opérations : « le prêt d’argent rémunéré générant un revenu prédéterminé, sans prise de risque, et l’échange des mêmes biens de qualité identique, mais sur la base de quantités supérieures à terme du simple fait de l’écoulement du temps ».
L’Islam condamne toute rémunération fixée ex ante, en l’occurrence l’intérêt usuraire. Par contre, le profit est encouragé parce qu’il est déterminé ex post. Le profit correspondant à la valeur de la productivité marginale du capital, est une récompense liée à la nature du projet d’investissement (qui doit être halal), alors que le paiement d’intérêt lié au simple écoulement du temps ne peut en aucun cas justifier une récompense (rémunération).
L’interdiction de la spéculation et de l’incertitude (gharar et mayser) :
Le « gharar » (terme arabe) signifie aléa, incertitude ou hasard lié à un futur événement très incertain. Selon I. Karich (2002), « le gharar peut être défini comme la vente d’objets dont l’existence et les caractéristiques ne sont pas certaines, étant donné le risque qui accompagne cette probabilité, et qui soumet la validité de la transaction à des conjonctures ».
Le « maysir » (également terme arabe) signifie pari ou spéculation qui échappe au contrôle des parties prenantes. Il se manifeste généralement dans les jeux de hasard, dans des configurations où la situation des parties prenantes dépend de la réalisation d’un événement à la fois improbable et totalement incontrôlable.
Le partage des profits et des pertes :
La finance islamique préconise le partage équitable des gains et des risques entre parties prenantes quel que soit le type de financement utilisé, de sorte que le financier est dans la même position que l’entrepreneur, tant dans la prise de risques que dans les rendements générés par l’opération.
En effet, l’investisseur (apporteur de capiatux) et l’entrepreneur sont en mesure de partager les profits et les pertes. Le partage doit être convenu à l’avance entre les contractants et n’est pas nécessairement égalitaire. Le partage se fait entre l’entrepreneur et l’investisseur selon un prorata défini à l’avance dans un accord formel.
L’interdiction des domaines d’activités illicites :
Les secteurs d’activités jugés illicites par la charia dont tout musulman doit s’abstenir pour y investir sont liés aux domaines suivants : les jeux de hasard, les activités en relation avec l’alcool (hôtellerie, divertissement, …), l’industrie porcine, la drogue, le tabac, etc.
L’adossement à un actif tangible (l’asset backing) :
Tout financement islamique repose sur l’adossement à un actif tangible et réel générateur de revenu. Ce revenu correspond généralement au taux de profit.
La finance islamique encourageant l’investissement dans l’économie réelle, permet de renforcer la stabilité économique et la maitrise de risque.
La finance éthique :
Définitions :
Les mots « éthique » ou « morale » sont tellement chargés de connotations affectives qu’il convient ici d’en donner l’acception que l’on utilisera par la suite, dans l’espoir d’éviter tout malentendu. En français, ils sont souvent considérés comme interchangeables, le premier étant issu du grec et le second du latin comme traduction de celui-ci.
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