Analyse de la délinquance marseillaise
TD : Analyse de la délinquance marseillaise. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar momomotus • 12 Mars 2016 • TD • 1 717 Mots (7 Pages) • 1 258 Vues
Depuis plus de 20ans, la délinquance marseillaise a changé de visage, dans les quartiers Nord, elle est de plus en plus jeune, de plus en plus violente. C'est pourquoi il nous semble indispensable que des jeunes comme nous soyons au courant de la vie de ces quartiers, afin de se rendre compte de notre chance, et des méfaits du banditisme. En nous appuyant sur le reportage Spécial Investigation réalisé par Jérome Pierrat en 2013, nous allons nous demander en quoi le milieu Marseillais est un milieu si dévastateur. Un « milieu » pour être plus clair, correspond à l'ensemble des conditions extérieures dans lesquelles la population, des plus jeunes aux plus âgés, vît, de telle manière à former une sorte de communauté. Le milieu Marseillais correspond à une « communauté » regroupant surtout les habitants des quartiers Nord de Marseille, notamment du 13e au 16e arrondissement. Afin d'en définir les caractéristiques, nous verrons tout d'abord que le contexte social, économique et géographique de la ville favorisent la délinquance, qui apparaît dès la socialisation primaire, et qui a de lourdes conséquences sur la sociabilisation secondaire.
Tout d'abord, le premier caractéristique qui fait de la ville un foyer de la délinquance est son implantation géographique. Marseille est située sur un littoral, d'où sa nature portuaire, son rôle de carrefour, plus seulement méditerranéen, permettant la circulation des biens et des personnes, et sa situation de pays frontalier. En effet, le port de Marseille est devenu un port international depuis quelques dixaines d'années, les lignes de compagnies de transport maritime ne desservent plus seulement la Méditerrannée, mais vont jusqu'en Asie, ou encore en Amérique du Sud. Ainsi, les réseaux de trafiquants partant de Marseille deviennent mondiaux, les trafics s'amplifient. Nous constatons également que la Yougoslavie est le pays depuis lequel le plus gros transit d'armes s'effectue, et l'Espagne celui qui ouvre la porte au trafic de cannabis. L'Espagne est le foyer des grossistes, qui livrent jusqu'à 200kg/mois à Marseille, rarement par le biais du port, ces marchandises illicites sont plutôt acheminées par des voitures transformées, conduites par des mules payées, sur de long trajets où les risques de se faire prendre la police sont nombreux, ce sont les Go Fast.
De plus, les inégalités socio-spatiales à Marseille sont très marquées. Les Bouches-du Rhône et les Alpes-Maritimes, deux départements frontaliers, font partie des départements dans lesquels les inégalités de niveau de vie sont les plus marquées. En effet, d'une part on observe dans les Alpes-Maritimes un niveau de vie chez les plus aisés parmi les plus élevés de France, au contraire, dans les Bouches-du-Rhône, c’est le niveau de vie des plus défavorisés qui est particulièrement faible. Ajoutez à cela le fait qu'à Marseille, les banlieues, contrairement à la plupart des villes en France, se trouvent soit au cœur même de la ville, et non pas à sa périphérie, soit dans des banlieues très isolées, sans moyen de transport, alors que plus d'une heure de route est nécessaire pour rejoindre le centre-ville même. Les plus défavorisés vivant dans ces banlieues, peuplent principalement les fameux « quartiers nord». On remarque que 74 % de la population vît dans un quartier qui faisait jusqu'en 2014, l’objet d’un « Contrat urbain de cohésion sociale » (CUCS), ou d'une « zone urbaine sensible » (ZUS) visant à recadrer la politique dans les quartiers les plus en difficultés. Ces CUCS et ZUS sont aujourd'hui remplacés par les Quartiers prioritaires. Ces inégalités sont encore plus accentuées depuis la crise connue en France depuis 2008. Mais la géographie de ces quartiers n'est malheureusement pas le seul point faisant fleurir les inégalités sociales que connaissent les habitants de la ville. Sa politique, et les policiers qui y sont en service, exercent à l’égard de la population d’origine étrangère, des pratiques discriminatoires récurrentes. Bien qu'il faille lire les données policières avec beaucoup de nuances, il semble que les habitants des quartiers défavorisés soient clairement surreprésentés dans les statistiques policières.
Par ailleurs, nous constatons que la jeunesse de ces quartiers est totalement embrigadée, par ses aînés, par ses pairs. Les jeunes ont un destin presque tracé à leur naissance, lorsque l'on sait qu’un adulte sur deux est au chômage, et que dans des quartiers comme le Ruisseau-Mirabeau qui comprend 500 habitants, 90% de la population est sans emploi. Dans les quartiers du Nord de Marseille, seul le trafic de drogue est un business florissant. En effet, la jeunesse est quasiment vouée au trafic, car pour eux c’est le moyen le plus facile de survivre : il n’y a pas besoin de diplôme ni même de formation spécifique. Comme l'affirme la thérorie de l'anomie de Durkheim, les jeunes Marseillais vivant en banlieue ne disposent pas des moyens nécessaires pour atteindre les buts que la société lui fixe, sa seule alternative est donc ce genre de business illégal. La plupart des jeunes dans les réseaux de trafics, travaillent comme « guetteurs », toute la journée, environ de 10h à 1h du matin. Ils courent d’énormes risques, dont ils sont conscients : le pire est celui de la mort, dû aux nombreux règlements de comptes notamment, et ne rêvent que d'une chose, trouver un véritable travail et quitter ce milieu. Bien souvent seuls quelques proches de ces jeunes sont au courant, mais ne réagissent pas. Heureusement, certains sont encadrés, comme dans le quartier de la Castellane, par des entraîneurs de football qu'ils considèrent comme des seconds pères. Ces moments passés sur le terrain empêchent aux jeunes de fréquenter les délinquants du quartier. Cette période de socialisation, entre 12 et 13ans a une importance primordiale.
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