Ponge, le partie pris des choses
Guide pratique : Ponge, le partie pris des choses. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mae66 • 25 Avril 2019 • Guide pratique • 1 600 Mots (7 Pages) • 1 204 Vues
Poète matérialiste, Ponge décide d’échapper au piège de la subjectivité et de l’effusion en
portant son attention sur l’objet y compris les plus triviaux comme « le cageot ». Il ne
tombe pas dans la contemplation mystique mais va à la rencontre de l’objet pour
retrouver « le choc émotionnel provoqué par la première rencontre ». Il souhaite saisir la
« qualité différentielle » de l’objet.
C’est en nommant les choses avec des mots que le poète appréhende le réel. En exploitant
toutes les ressources des mots (étymologique, sonores, ou en jouant avec les mots que le
poète pourra révéler la richesse et la complexité des choses.
Problématique : comment le poète révèle-t-il la vraie nature de l’objet ?
I.
Un poème-définition
a) Un objet insignifiant
On insiste sur le caractère trivial de l’objet. Le cageot est « une simple caissette à claire-
voie », « brisé sans effort », « sans vanité », « tout neuf », « légèrement ahuri », « jeté
sans retour », « des plus sympathiques ». Francis Ponge insiste sur la fragilité de l’objet et
son aspect éphémère « il ne sert pas deux fois », « Ainsi, dure-t-il moins encore que les
denrées fondantes ».
Son caractère utilitaire est souligné par des verbes concrets tels que « sert »et en ce sens
cela doit se traduire par une forme d’écriture qui convient la prose plus familière et plus
apte à décrire cet objet du quotidien.
b) Une définition
Le titre du poème est un groupe nominal « Le cageot ». Le déterminant défini a une
valeur générique comme si le titre avait une valeur programmatique. L’objet du poème
consistera à définir ce que c’est. Son essence sera révélée.
De plus l’emploi de tournures impersonnelles telles que « la langue française a le cageot »,
« il ne sert pas deux fois » et de présent à valeur de vérité générale souligne cette volonté
de décrire l’usage de cet objet de manière générale.
Le texte dans sa structure s’apparente à une notice du dictionnaire ou d’encyclopédie.
Ainsi, on définit l’objet : « simple caissette à claire-voie vouée au transport des fruits ».
Puis on s’attarde sur sa fonction et son utilité.Le texte se termine par une illustration de son utilisation en évoquant le « cageot »
abandonné.
Ce poème n’a rien de lyrique à première vue car il s’attache uniquement à l’objet.
c) Une nouvelle étymologie
L’expression « À mi-chemin » qui ouvre le texte pour désigner le rapprochement entre les
deux termes de « cachot » et « cageot » semble principalement justifiée par la simple
proximité phonétique de ces mots qui ont en commun trois phonèmes. Cette
paronomase n’est cependant pas totalement innocente : sur le plan sémantique en effet,
elle évoque l’idée d’emprisonnement contenue déjà dans un autre paronyme : la « cage ».
En construisant à sa manière, facétieuse comme souvent, l’étymologie de son « cageot »,
Francis Ponge induit ainsi le champ métaphorique de l’enfermement qu’il va ensuite
développer avec une subtile préciosité à propos des contenus de ce contenant : les « fruits
» (l. 2), qui vont devenir sous sa plume ces « denrées fondantes ou nuageuses qu’il
renferme » (l. 5-6).
Toutefois, sous le regard du poète, l’objet devient un être vivant non plus clos sur lui-
même. Il devient un objeu exploré sous tous ses aspects dans le but de le surprendre par la
rapidité des interprétations imaginaires du poète.
II.
Ré-enchanter le cageot
a) La beauté du cageot
Quelques expressions tendent à révéler la beauté du cageot. Une analyse intentionnelle
fondée sur la volubilité imaginante de l’esprit permet d’extraire sa qualité constituante.
Ainsi, le poète recherche le détail qui révèlera cet objet.
Le groupe nominal complément du nom dans le GN « simple caissette à claire-voie »
surprend le lecteur. Ce groupe est plutôt employé avec les noms « fenêtre » ou « volet »
pour désigner une structure qui laisse passer le jour. ( Clôture à jour formée de pièces
non jointes.) Dans le cas du cageot, ce terme décrit l’assemblage de planches disjointes et
écartées les unes des autres. Ce détournement permet de faire du cageot un assemblage
aérien qui laisse passer l’ombre et la lumière. Le verbe luire l’apparente à des lucioles sur le
bord e la chaussée. Cette contiguïté n’a rien de concrète. La recherche poétique permet de
recréer l’opacité de l’objet par l’artifice de l’écriture et de l’imagination qui opère des
associations étonnantes. Ce qui nous permet d’envisager le cageot comme une malle au
trésor qui renferme des « denrées fondantes ou nuageuses ».b) Personnification
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