Marketing et illusions d’optique : attention aux
Dissertations Gratuits : Marketing et illusions d’optique : attention aux. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 30 Juin 2014 • 1 415 Mots (6 Pages) • 901 Vues
Marketing et illusions d’optique : attention aux
pièges caloriques
Des études récentes montrent que des facteurs tels que la perception
visuelle des portions, l’image qualitative des produits et les allégations
nutritionnelles et de santé peuvent inciter les consommateurs à absorber
plus de calories qu’ils ne le pensent… ou le souhaitent. Elles ouvrent de
nouveaux champs de réflexion dans la lutte contre les déséquilibres
alimentaires. Plongée dans des expériences édifiantes à la découverte de
mécanismes jusque là ignorés.
Quand on cherche à perdre du poids, ce que l’on mange est plus important que combien on en mange. » Cette opinion affirmée par 78 % des Américains1, et partagée par les consommateurs français , éclaire l’engouement actuel pour la nourriture « basse calorie » et les produits dits « allégés ».
Pourtant, paradoxalement, malgré la spectaculaire progression des ventes de ces produits, les courbes du surpoids et de l’obésité restent orientées à la hausse. Serait-ce lié au fait que, comme aux États-Unis, 54 % des consommateurs finissent leur assiette, quelle que soit la quantité de nourriture qu’elle contient ? C’est pourquoi certains experts, à l’image de Pierre Chandon, spécialiste en
Psychologie alimentaire et professeur de Marketing à l’Insead2, militent aujourd’hui pour le renforcement des études portant sur les écarts entre quantités perçues et celles réellement absorbées : « nous commençons seulement à explorer dans quelle mesure les décisions alimentaires sont fortement conditionnées par des illusions d’optique conjuguées à des facteurs comportementaux ou psychologiques perturbateurs et difficiles à contrer. »
De fait, en interrogeant des consommateurs sur leur perception du nombre de calories apportées par un repas ou un produit, les chercheurs sont allés de surprise en surprise. À ce jour, ils ont mis en évidence trois biais essentiels qui faussent la perception. Les illusions d’optique sur la taille des portions, le
jugement personnel sur le caractère « bon » ou «mauvais » des aliments et les allégations portées sur les emballages forment ainsi un cocktail conduisant à des estimations erronées, quasi systématiques et inconscientes, qui incitent le plus souvent à consommer beaucoup plus qu’imaginé.
La vue joue les faux amis Pour estimer le poids ou le volume des aliments, pour ne pas avoir les yeux plus gros que le ventre, les individus s’appuient sur ce qu’ils voient : le volume des portions, la taille des conditionnements. Mais leurs yeux sont peu experts à évaluer les proportions. Les illusions d’optique, à l’image du phénomène Delboeuf (figure 1), conduisent ainsi à des erreurs significatives. Par exemple, explique Pierre Chandon, « à contenance identique, une cannette de tel soft drink est jugée contenir
davantage de boisson qu’une de telle autre
marque, parce qu’elle est plus haute et moins
large. À l’inverse, un verre plus large et plus bas
est perçu comme moins plein. » (figure 2)
À l’achat, les consommateurs choisissent les
packagings et portions « visuellement » les
plus grandes, perçues comme plus
économiques. Là encore, l’estimation des
calories contenues dans le produit varie selon
la forme : si le format est simplement allongé
par rapport au standard, la sous-estimation
des calories contenues est moins importante
que si le format est agrandi à la fois en
hauteur et en largeur. Conséquence : le
consommateur est moins à même de se rendre
compte des calories qu’il absorbe lorsqu’il
achète un format agrandi en trois
dimensions. (figure 3)
De même au niveau de l’assiette : dans les
esprits, une double portion de frites au lieu
d’une simple semble apporter seulement
50 % de calories en plus au lieu de 100 %.
Cette sous-estimation de l’accroissement réel
de la taille des portions fait que les calories
perçues d’un repas pris dans un restaurant
rapide sont proches de la réalité pour les
petits repas (petit déjeuner, collation), avec
une erreur d’appréciation de seulement de
0,6 %, contre une sous estimation 34,6 %
pour les grands repas (déjeuner, dîner)3.
Ainsi, un repas de 1 500 calories est sousestimé
en moyenne à 800 calories.
Contrairement à ce que pensaient les nutritionnistes4,
les personnes en surpoids ou
obèses ne sous-estiment pas davantage les
calories que les autres. En effet, si on demande
à des consommateurs à faible ou à fort indice
de masse corporelle (IMC) d’estimer le
nombre de calories d’un même repas, ils
répondent avec lamêmemarge d’erreur. C’est
donc seulement parce que les individus en
surpoids ont tendance à commander des
repas plus conséquents qu’ils sous-estiment le
plus les calories absorbées. Enfin, un large
choix visuel conduit à consommer des
quantités plus importantes. Un restaurant
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