Les chefferies en Océanie
Étude de cas : Les chefferies en Océanie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clémence Hillion • 9 Octobre 2016 • Étude de cas • 1 782 Mots (8 Pages) • 984 Vues
LES CHEFFERIES EN OCEANIE
La chefferie est une forme de pouvoir associée à différentes sociétés notamment d’Amérique, d’Afrique et d'Océanie. Nous nous concentrerons sur cette dernière aire culturelle, en effet, d’après Michel Naepels la figure du chef est un élément phare de l'anthropologie politique océaniste. La chefferie est un système politique complexe et difficilement définissable. Chaque chefferie est différente et a ses propres caractéristiques, elle évolue dans le temps et dans l'espace ce qui rend complexe le travail des anthropologues qui sont souvent en désaccord entre eux dans leurs propos.
Dans un premier temps nous allons tenter de montrer la place du chef dans un ordre social puis nous allons constater l'influence de la colonisation sur les chefferies.
I- La figure du chef
Le chef est la personnification du clan il est à la tête d'une organisation sociale locale et complexe, c'est le facteur d'un équilibre politique au seins de la société. D’après Jean Guiard, il est le « frère aîné » de tous mais il n'est pas vu de la même façon selon les anthropologues. En effet, Christine Demmer montre deux visions opposées de la chefferie. Une image positive d’un chef peu présent et sans pouvoir et une autre figure beaucoup plus inquiétante d’un chef autoritaire. Les différents chefs n'ont pas la même autorité. En effet, certain clan ont un pouvoir concentré sur le chef et d'autre disperse ce pouvoir grâce à d'autres figures politiques comme le « maître de la terre ».
La majeure partie de l'ouvrage de Jean Guiard consiste en une analyse détaillée des chefferies de différentes régions. Il est montré que l'organisation politique est propres à chacune des sociétés, ainsi que l'indiquent les titres des chapitres : « Les réseaux d'alliance et d'identification de l'aire Payi-Tyamuki », « Dualisme rituel et organisation politique en pays xênetyu », etc. Il relève plusieurs informations propres aux différentes chefferies comme la constitution du territoire, la liste des clans qui y figurent, les relations entre les clans et les différentes catégories sociales. Il est donc difficile d'établir des normes. Il faut se concentrer sur des sociétés en particulier. Par exemple Jean-Paul Faivre a consacré son article sur la chefferie Tikopia de Polynésie. Elle est constituée de 1280 habitants divisé en 4 clans dirigés par un chef (Ariki). Ce chef ne dispose pas forcement des moyens de productions ou de la main d’œuvre, c'est son statut religieux et social qui prime et qui lui donne son pouvoir. Dans cette société il n'y a pas vraiment de règles de propriété. Par exemple si on fait pousser un arbre sur le champs d'un autre, les fruits qu'il donnera appartiendront à celui qui à fait pousser l'arbre. Les fruits qui débordent sur le sentier iront au chef. Pour ce qui concerne la pêche, la mer et tout ce qu'elle contient est à tout le monde mais le chef récupère certaines belles pièces comme le requin qui lui ai du de droit. Il demande des sortes d’impôts sur l'agriculture et donne des amendes quand une règle n'est pas respectée. Il impose ce genre de règles pour préserver les produits d'une consommation irréfléchie et abusive. A chaque foi que quelqu'un le visite, la venue doit être accompagnée d'un cadeau. On pourrait croire que ces différents pouvoirs et privilèges font de lui un homme très riche et puissant mais ce n'est pas le cas. En effet, les valeurs polynésiennes implique que celui qui reçoit doit donner un échange. Le chef se doit d'être généreux et est obligé de redistribuer les richesse à son clan, ou aux autres chefs lors de visites. Ce principe empêche l'accumulation des richesses, le chef devient le « moteur de la circulation des richesse » ( Jean Paul Faivre) de plus, cela renforce la solidarité du clan et l'entraide familiale. Le pouvoir du chef à Tikopia est appelé « Mana ». Ce mot est défini par Raymond Firth dans « Analyse of Mana » c' est un terme plein de sens qui n'a pas d'équivalent européen. D’après lui, il signifie une multitude de chose selon le contexte dans lequel il est utilisé ( exemple : tonnerre, père, pour lui, pour elle, pour ça, efficace...), pour Firth, c'est le mot qui désigne tout ce qui constitue le chef et son pouvoir. C'est le chef lui même qui décide au final du sens du mot Mana, il arrange la définition à son avantage. La plupart du temps, ce mot lui donne des caractéristiques comme être responsable du peuple, être capable de contrôler la nature, la fertilité des terres, la santé et l'économie. Il a une puissance magique. Chez les Kanake, société étudiée par Naepels et Dommer, le chef doit tenir compte du conseil des anciens » pour décider des intérêts de la communauté et garantir le maintient de l'ordre cosmique.
Sahlins, pour qui les variations d'organisations politiques en Polynésie s'expliqueraient par l'écologie (cette thèse ne peut, selon Guiart, rendre compte des particularités propres aux chefferies de Nouvelle-Calédonie et des environs), définie les sociétés à chefferie comme des aristocraties héréditaires dont le chef a le monopole des activités rituelles, guerrières et commerciales mais qui est entouré d'une administration chargée de prélever un tribut sur les sujets pour constituer un trésor. Il parle d'une dimension « proto-étatique » qui prend en compte les Great Men (différent de Big Men pour qui la richesse est bien plus importante que le Great men).
Les Great Men sont étudiés par Maurice Godelier dans son analyse de la société Baruya. Les Baruya sont divisés en 17 villages divisés en lignages au sein desquels se distingue certains hommes ce sont les grands hommes (great men en anglais) en Baruya on les appel les « Wopaie » (traduit par patate douce). Comme les chefs, ils ont certains privilèges et sont hiérarchiquement supérieur aux autres. Leur titre n'est pas héréditaire mais s'obtient seulement quand l'individu est doué dans la guerre, le chamanisme ou la chasse. Leur domination est au nom de leur lignage, ce n'est pas pour eux même ils ne sont donc pas les seuls à profiter de leur prestige tout comme les chefs. La différence est donc que le chef l'est grâce à ses ancêtres et le Wopaie le devient grâce au mérite.
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