Le débat autour de l'affaire dite " Baby Loup "
Fiche : Le débat autour de l'affaire dite " Baby Loup ". Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar annais • 26 Mai 2013 • Fiche • 653 Mots (3 Pages) • 904 Vues
Contrairement aux apparences, le débat autour de l'affaire dite "Baby Loup" relative au licenciement d'une employée de crèche ayant refusé de retirer son voile au travail, ne porte pas sur la défense de la laïcité. Si c'était le cas, personne ne serait étonné que la Cour de cassation, sensée juger strictement en droit, ait cassé les décisions précédentes du juge du fond, qui violait objectivement la liberté d'expression, en l'occurrence la liberté d'expression religieuse.
Rappelons qu'il s'agit en l'espèce d'un simple foulard, qui ne masque en rien le visage. Alors, pourquoi un tel scandale, presque unanimement reconnu, de droite à gauche, au point que le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, sorte même de sa réserve en pleine séance du Parlement. Au point que l'on projette déjà une loi pour nous préserver du désastre, tandis qu'un sondage BVA affirme que plus de 80 % des Français souhaiteraient une interdiction s'appliquant à l'ensemble des entreprises privées et des lieux accueillant le public.
Le débat est en réalité nourri par le sentiment de faire face à une catastrophe imminente qu'il faudrait à tout prix éviter, au prix même de la violation des droits de l'homme. S'il s'était agit d'un bonnet quelconque ou d'une robe safran symbolisant l'appartenance au bouddhisme, il est clair que l'affaire n'aurait pas eu lieu.
Le problème n'est même pas l'islam en tant que tel, mais le sentiment obsessionnel d'être assiégé, autrement dit l'angoisse de l'islamisation. Sans cette angoisse, on ne pourrait comprendre la sortie d'un Claude Guéant, pour qui le nombre de musulmans pose un problème en tant que tel, ou l'usage normalisé du mot "occupation" pour évoquer les prières de rue (quel que soit le problème que cela peut par ailleurs poser et qu'il faut bien sûr résoudre), on n'écrirait pas que la forte concentration de musulmans dans les quartiers populaires permet d'améliorer leur capacité de "mobilisation", on ne considérerait pas que la présence de rayons halal dans un supermarché est un problème de sécurité nationale, et je ne recevrais pas moi-même toutes les semaines des dizaines de lettres me traitant de "collaborateur" seulement parce que j'écris ce que je viens d'écrire.
L'idée d'islamisation repose sur deux évidences jugées indiscutables. La première est quantitative : la proportion de musulmans dans la population s'accroîtrait sans cesse ; la deuxième est qualitative : les musulmans chercheraient à s'imposer contre "nous". Bref, nous serions en guerre.
ÉTAT DE SIÈGE
Depuis quand nous sentons-nous en état de siège ? L'année charnière est à mon avis 2003. C'est très exactement à partir de cette période que naissent l'ensemble des associations anti-islamisation, comme l'Observatoire de l'islamisation, qu'elles soient à l'origine de droite, comme le Bloc identitaire, ou de gauche, comme Riposte Laïque.
Et c'est aussi en 2003 que François Baroin rendra, à la demande du premier ministre de l'époque, Jean-Pierre Raffarin,
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