Jaques Van Rialler, docteur en psychologie
Mémoires Gratuits : Jaques Van Rialler, docteur en psychologie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar pierre.melot • 24 Novembre 2014 • 466 Mots (2 Pages) • 874 Vues
INTERVIEW - Jacques Van Rillaer* est docteur en psychologie et professeur émérite à l'université de Louvain-la-Neuve; Il analyse le comportement des personnes atteintes de ce trouble de comportement.
Le Figaro. - Que pensez-vous du focus mis actuellement par le DSM 5 sur la syllogomanie?
Jacques Van Rillaer. - Jusqu'à présent, on s'y est beaucoup moins intéressé qu'à d'autres rituels compulsifs classés comme troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Les experts du DSM auront des difficultés à classer ce trouble. D'abord, il existe à des degrés très différents, de l'accumulateur professionnel, des gens comme vous et moi, professeurs ou journalistes par exemple, qui gardons quantité de documents, jusqu'aux cas très graves, qui souffrent souvent de dépression, d'alcoolisme et de la perte des normes de propreté. Dans ma carrière, je n'ai rencontré qu'un cas extrêmement grave, un homme d'une trentaine d'années n'ayant quasiment jamais travaillé, que Janet aurait appelé «psychasthénique». Pour le reste, j'ai reçu des personnes parce que leur habitude provoquait des conflits conjugaux. C'est presque toujours l'entourage qui réclame un changement. C'est un trouble extrêmement résistant, car la personne n'en souffre guère.
Vous pensez que ce trouble n'appartient pas à la catégorie des TOC?
Les TOC se caractérisent par des idées intrusives angoissantes, que les patients cherchent à réprimer, et qui leur font adopter des rituels (le plus souvent de lavage ou de vérification) qui réduisent leur tension, mais seulement pour un moment. Dans la syllogomanie, nous n'observons pas ces processus. Même si la personne convient que son espace est gravement rétréci et que c'est gênant, le développement du trouble dépend surtout de la tolérance de l'entourage. On retrouve toutefois des caractéristiques communes à beaucoup de TOC: dépressivité, inertie, difficulté à prendre des décisions.
Qu'est-ce qui selon vous motive cette tendance à amasser?
Comme beaucoup d'autres troubles, il s'agit d'un comportement humain fondamental qui se dérègle. L'homme a une propension naturelle à faire des réserves, à garder ce qui pourrait être utile. Chez certains, cette conduite dérape et s'emballe à cause de facteurs externes (ils ont appris à ne jamais «gaspiller», ils achètent quantité d'objets soldés, ils ont de la place, etc.) et de facteurs internes (attachement excessif à des objets et à des souvenirs, peur de ne pouvoir retrouver des informations, etc.).
Comment aider la personne à s'en sortir?
Dans les cas graves, le thérapeute doit aller sur le terrain confronter le patient à la peur d'éliminer. Pour celui que j'ai évoqué, un de mes étudiants s'est rendu chez lui une fois par semaine pendant près d'un an pour l'aider à trier, puis à jeter petit à petit. Hélas, sa tendance à accumuler n'a guère disparu. Dans des cas plus légers, la personne peut appliquer une règle: donner un livre ou un vêtement chaque fois qu'elle en achète un nouveau. Elle peut apprendre à voir l'abandon d'un objet comme une libération
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