Essai De Correction De La Synthèse De Documents Consacrés Aux Difficultés De La Lutte Contre La Toxicomanie
Commentaires Composés : Essai De Correction De La Synthèse De Documents Consacrés Aux Difficultés De La Lutte Contre La Toxicomanie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 20 Mai 2012 • 2 319 Mots (10 Pages) • 2 491 Vues
Essai de correction de la synthèse de documents consacrés aux difficultés de la lutte contre la toxicomanie
Le problème de la lutte contre la toxicomanie occupe régulièrement le devant de la scène.
Faut-il légaliser les drogues dites "douces" comme le propose l'ancien président de la Cour de Cassation, Francis CABALLERO, dans son ouvrage intitulé Le droit de la drogue, dont Bernard Poulet rend compte dans L'Événement du jeudi paru en septembre 1989 ? Faut-il, au contraire, s'en garder à tout prix, comme l'affirme le docteur Francis CURTET, psychiatre, dont Cl. M. TREMOIS rapporte les propos dans le n°2092 de Télérama (1990)? Le point de vue du thérapeute n'est bien sûr pas celui du magistrat, le premier s'insurge contre la légalisation de toutes les drogues tandis que le second dénonce les effets négatifs de leur prohibition. Le combat est difficile, d'autant plus qu'il est bien difficile de déterminer une ligne d'action claire. C'est d'ailleurs ce que souligne J.F. COLLINOT dans le numéro 60 de Les clés de l'actualité paru en juin 1993 où il met en évidence la difficulté qu'éprouvent les Douze dans l'élaboration d'une politique commune dans ce domaine. C'est pourtant un drame, dont le dessin de HIN, paru dans Télérama au début des années 80 souligne le caractère aigu, en particulier dans la jeunesse. Mais le problème n'est pas récent : BAUDELAIRE, en 1851 déjà, publiait dans Le Messager de l'Assemblée un article dont on peut penser qu'il est quelque peu ironique, où il chantait les vertus de notre "drogue nationale", le vin, associé aux valeurs du Travail et de la vaillance guerrière, en fustigeant le hachisch, où se réfugient le poète et les marginaux.
Les documents qui nous sont soumis permettent de dégager les raisons pour lesquelles il est si difficile de lutter contre la toxicomanie. Elles tiennent à un constat : nous ne sommes d'accord sur rien, ni sur la définition de la toxicomanie, ni sur ce qu'il convient d'appeler "drogue", ni, a fortiori, sur les mesures à mettre en œuvre pour en venir à bout. Ce sont ces zones successives de désaccord qui seront le fil conducteur de notre synthèse.
Qu'est-ce qu'un toxicomane ? Il est ainsi frappant de considérer qu'un éminent magistrat, Francis CABALLERO, peut s'interroger sur la législation en matière de drogues sans jamais s'interroger sur les raisons qui poussent certains à s'y adonner. Le poète de Spleen et Idéal affirmait pourtant que tout homme chercherait sans cesse à s'arracher à son humaine condition, faite de déchéance, en tentant de retrouver par tous les moyens (et il les a personnellement tous essayés, de l'opium à la poésie…) la part de divinité dont il a été arraché par le péché originel. Cette attitude faisait sa grandeur.
Mais de nos jours, le professeur CURTET, psychiatre, se préoccupe de soigner des êtres souffrants. Pour lui, le toxicomane souffre psychologiquement ; il refuse le monde tel que nous le lui proposons, il cherche à le fuir, à lui lancer un défi. A ce titre, il se recrute essentiellement parmi les jeunes, au-delà des 9/10 qui fument un joint par curiosité puis abandonnent cette voie et s'intègrent tant bien que mal au monde tel qu'il est. C'est d'ailleurs tout naturellement un jeune que le dessinateur HIN représente. On y voit la détresse totale de ce gamin à peine soutenu par la cigarette et bientôt "accroché" au dernier support qui lui restera : la seringue. La précarité du support, le corps penché, comme attiré par le vide, évoquent d'ailleurs le constat fait par ce même Dr CURTET : c'est une conduite suicidaire qui s'exprime dans la toxicomanie, constat rappelé par le fait que la mise en échec de la filière française de l'héroïne, en tarissant dans les années 70 l'approvisionnement, s'est traduite par une augmentation substantielle du nombre des suicides.
Il est donc difficile de proposer une définition simple du toxicomane. La même confusion règne au niveau européen. J.F. COLLINOT nous apprend ainsi que si les Espagnols, les Hollandais et les Italiens, par exemple, considèrent les toxicomanes comme des "malades" qui ont droit à des soins, les Français, les Belges et les Irlandais les considèrent comme des délinquants, voire comme des criminels, qu'il convient de réprimer. D'ailleurs, Baudelaire lui-même présentait déjà le consommateur de haschisch comme un danger pour l'État , la vie économique et l'intégrité des gouvernants.
Mais s'il est bien difficile (et pourtant essentiel) de définir ce qu'est exactement un toxicomane, il est tout aussi problématique de qualifier exactement ce qu'est une drogue. Sur ce point , BAUDELAIRE en 1851 établissait une nette distinction entre le vin et le haschisch , l'un donne l'ivresse bienfaitrice dans la vie en société, l'autre entraîne l'individu seul dans une déchéance proche de la mort. De nos jours, tandis que le juge CABALLERO ne se propose de distinguer les drogues entre elles que d'un point de vue d'opportunité répressive, le professeur CURTET, lui, en tant que thérapeute, s'oppose vigoureusement à ce que la moindre distinction soit faite entre drogues dites "douces" et drogues dites "dures". Le dessin de HIN semble pour sa part appuyer la thèse très répandue selon laquelle la consommation de drogues douces comme la cigarette mène nécessairement aux drogues dures.
Dès lors, quels moyens entre prohibition et légalisation, répression et libéralisme mettre en œuvre pour faire reculer ce fléau social aux contours si flous?
La France privilégie les moyens d'action répressifs qui vont dans les textes jusqu'à l'emprisonnement pour détention de quelques grammes de haschisch , note J.F. COLLINOT. Or, selon l'analyse du professeur Francis CABALLERO, ces lois confortent au contraire ceux qui profitent du monopole de la vente de ces substances. Le monde du crime ne cesse de s'enrichir au moment même où la lutte contre la toxicomanie toujours plus coûteuse pour le budget de la nation se solde par des saisies de drogue insignifiantes, une progression de la délinquance et une croissance spectaculaire de ce marché.
Il serait alors tentant de faire comme Francis CABALLERO le pari de la légalisation de certaines drogues. Mais le professeur CURTET souligne d'un point de vue strictement logique qu'il ne peut y avoir prohibition d'une seule catégorie de drogues,
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