Analyse De Pratique: la toilette de Mme V

ANALYSE DE PRATIQUE

Situation n°1 :

Lieu : Unité Alzheimer à l’hôpital de R** à V*****. L'unité Alzheimer est divisée en deux unités de 40 lits. Dans la première unité résident les patients qui sont au premiers stades de la maladie. J’étais affectée dans la deuxième unité, prenant en charge des résidant a un stade avancés de la maladie d'Alzheimer.

Situation ou activités vues ou réalisées: Lors de mon stage, j'ai été encadrée par une AMP, Fabienne sur plusieurs toilettes et notamment celle de Mme V, 89 ans. Mme V est un peu la « mascotte » du service, c'est la patiente qui est là depuis le plus longtemps. Elle a un caractère enjoué, aime chanter et a un langage assez fleuri qui amuse beaucoup les soignants. Je dois préciser que la patiente tutoie les membres du personnel et les gens qu'elle rencontre en général. Je pense que c'est une des conséquences de la maladie d'Alzheimer, qui enlève les inhibitions.

Au bout de plusieurs semaines, lors d'une toilette complète au lit de Mme V, toujours en présence de Fabienne, Mme V se met a chanter. Fabienne reprends en cœur la chanson et Mme V m'interpelle en me demandant de chanter avec elles. Je lui dis que je ne connais pas cette chansons. Elle me dit alors «  Tu n'as qu'a en chanter une qui te plaise vieille mule !» . Fabienne interpelles Alors Mme V «  Dis-Donc Alice, depuis quand tu tutoie une jeune fille que tu ne connais pas ? » Ce a quoi Mme V a répondu que je la tutoyais aussi.

Observations, étonnements : A vrai dire, je ne m'étais pas rendue compte de ce tutoiement et je ne suis même pas sure de l'avoir réellement tutoyé a un moment. Mais le fait est que l'intervention de l'AMP m'a fait réfléchir à ma posture de soignante face au tutoiement des patients. Dans le contexte de cette toilette faites dans cette ambiance décontractée, j'ai peut-être sans m'en rendre compte traversée une barrière et suis entrée dans une relation beaucoup plus personnelle que professionnelle,

Il est vrai qu'une majorité du personnel de l'unité tutoie les patients et qu'une grande partie des professionnels appellent les patients par leur prénom. Les patients présents dans l'unité sont des personnes hospitalisées au long cours et il apparaît clairement que cela peut modifier les relations et les comportements soignants.

Inconsciemment, j'ai pu m'identifier au personnel et agir de la même manière qu'eux afin, peut être, de mieux m'intégrer au groupe des soignants. Je pense que l'intervention de l'AMP était nécessaire pour m'aider à une prise de conscience. Nous en avons parlé ensemble par la suite et nous étions d'accord sur le fait qu'une distance professionnelle s'avère nécessaire dans la relation avec les patients et que le vouvoiement semble être beaucoup plus approprié dans un contexte de soin.

Dans les jours qui ont suivi, j'ai davantage veillé à mes propos en faisant attention de ne plus employer le tutoiement et de ne plus appeler les patients par leur prénom.

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