Le coq, vigilance et persévérance

Vénérable Maître et à vous tous mes Frères en vos grades et qualités.

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Me voici devant une page blanche.

Il me faut rédiger une planche tracée et la présenter en tenue à mes Frères.

Le thème en sera : « Le Coq : Vigilance et Persévérance ».

J’en ressens une certaine fierté mais en même temps une certaine inquiétude due à la responsabilité que cela représente. Cependant je suis aussi conscient que la plupart des Frères qui m’entoureront lors de la présentation auront entendu bien d’autres planches tracées et des bien plus riches. Ors donc quelle affaire que de rédiger cette planche tracée !

Mais pourquoi ai-je cela à faire, comment en suis-je là ?

Inconsciemment ou plutôt involontairement je me replonge dans mon parcours Maçonnique :

• Les tenues pour lesquelles je me suis astreint à une sérieuse régularité de présence.
• La lente et régulière ouverture d’esprit à l’approche Maçonnique. Notez que je ne dis volontairement pas « compréhension de la Maçonnerie »,
• Je repense à l’étonnement que j’ai eu à constater la constante bienveillance qui émane des tenues, le respect de l’autre et le bouleversement des codes hiérarchiques : Un Frère peut être aujourd’hui « Vénérable » et demain « Couvreur »,
• Je me revois assister à toutes ces tenues en écoutant avec attention ces échanges, à regarder avec concentration la gestuelle, à essayer de mémoriser l’orchestration globale de ces rituels et à veiller au moindre détail que j’aurais pu manquer. Ces rituels qui, à ma totale incompréhension du début, était toujours les mêmes - INVARIABLEMENT les mêmes ! et pourtant chaque tenue apporte son lot de découvertes.
• A chaque tenue je cherchais et je cherche encore à comprendre les sens cachés des mots, les messages secrets des gestes, la signification des symboles. Je cherche, sans succès, à percer leurs mystères.

Tenues après tenues, mois après mois, années après années, les Frères m’ont fait progresser et surtout m’ont fait confiance. Et me voilà donc aujourd’hui en charge de présenter une planche tracée. C’est donc une charge qui, aussi petite soit-elle, n’en n’est pas moins la responsabilité d’apporter mon éclairage.

Pour ce travail, me voilà donc face à moi-même. Ce n’est pas la première fois dans mon parcours Maçonnique ; Dès mon initiation, pour me mettre en garde de mon pire ennemi, on m’a mis devant un miroir et juste avant cela j’ai été placé dans le cabinet de réflexion où se trouvait aussi un miroir.

Ah ! Le cabinet de réflexion …. Quel vrac : Un crâne, un sablier, du sel, du mercure, de l’eau, du pain, une faux, un coq, un tabouret, une table et une trop faible lumière pour tout bien distinguer.

Pourquoi un coq ? est-ce en rapport avec la Maçonnerie Française et le fait que le coq est le symbole de la France ? Et pourquoi ce dessin de coq est-il associé à l’inscription « Vigilance et Persévérance » ? Pourquoi le coq est devenu le symbole de la France ?

Le coq est souvent paré d'un symbolisme lié à la fierté, à la lutte et la bagarre : c'est pourquoi on l'associait au courage et à l'audace. Coq en latin se dit Gallus et est à la racine de notre mot « gallinacé ». C’est par ce terme que les romains se moquaient de ces peuples celtes qu’ils envahissaient. Ces peuples combatifs mais désordonnées et inefficaces au combat. César a écrit dans sa guerre des Gaules : « Vaillants ces gaulois qui, un à un, viennent s’empaler sur les lances de mes légions ». C’est ainsi que le terme Gaulois est arrivé.

Donc il faut bien admettre que le coq n’est pas l’animal de prédilection pour représenter la force et la puissance ; bien au contraire. D’ailleurs le coq n’a pas toujours été le symbole de la France ; et je ferme ici cette parenthèse patriotique.

Prenons un peu de hauteur de vue pour constater que le coq est un symbole dans différentes cultures et au travers des âges.

Le coq est usuellement associé à l’arrivée de la lumière, à la naissance d’un nouveau jour. Il se trouve, quand même, quelques singularités culturelles pour lesquelles le coq a une connotation négative. Ainsi dans le bouddhisme tibétain, le coq est exceptionnellement un symbole néfaste : il figure au centre de la Roue de l'Existence, associé au porc et au serpent, comme l'un des trois poisons. Dans cette tradition, ca signification est le désir, l'attachement, la convoitise, la soif de pouvoir. Ici même en Europe, la signification de cet animal a aussi été liée à l'arrogance et à la suffisance du pouvoir, de même qu'à la prétendue supériorité du mâle.

Revenons quelques instants en Asie : 2029 sera la prochaine année du Coq selon le calendrier zodiacal chinois. La tradition chinoise attribue au coq 5 vertus : les vertus civiles, les vertus militaires, le courage, la bonté, la confiance.

Voilà qui résonne bien à mes oreilles :

• Les vertus civiles : Je suis un homme libre et de bonnes mœurs.
• Les vertus militaires : en tenue je me mets à l’ordre et je respecte l’ordonnancement du rituel.
• Le courage : « L’homme juste est toujours courageux ; l’univers s’écroulerait que les ruines l’en frapperaient sans l’étonner ». Mon pire ennemi n’est pas devant moi, et il me faut quotidiennement visiter l’intérieur de la terre avec courage pour l’affronter.
• La bonté : Qualité très proche de la bienveillance que nous apportons à tous nos Frères.
• Et enfin, la confiance : Celle que je mets en Dieu comme je l’ai dit lors de mon initiation, et aussi la confiance que mes Frères Maçons m’ont donnée et dont j’ai parlé en introduction.

Dans les traditions nordiques le coq est encore un symbole de vigilance guerrière. Il surveille l'horizon sur les plus hautes branches du frêne Yggdrasil pour prévenir les dieux, quand leurs éternels ennemis, les géants, se prépareront à les attaquer. Pour mieux comprendre cette image il faut préciser que, selon cette tradition, le frêne est l’arbre à l'origine de la vie. Il nous faut donc considérer ce tripode coq / vie / vigilance. Ce que l’on peut rapprocher du coq sur la flèche d'une église qui est là aussi comme le protecteur et le gardien de la vie chrétienne à l’instar des évêques.

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