La religion dans les lettres persanes (I)
Dissertation : La religion dans les lettres persanes (I). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ilyas Baktache • 3 Avril 2016 • Dissertation • 1 434 Mots (6 Pages) • 9 788 Vues
Exposé : la religion dans les lettres persanes
Introduction (217)
Dans les Lettres persanes (1721), Montesquieu met en scène deux Persans venus découvrir la France ; ils échangent avec leurs amis restés en Perse des lettres dans lesquelles ils font part de leurs impressions et de leurs critiques sur les mœurs, la politique, la philosophie occidentale. La critique de la religion y tient une grande place. La critique de la religion fait partie, naturellement, de ces sujets audacieux.
Montesquieu cherche à apaiser les esprits : il rappelle en effet que si les critiques sont virulentes, il ne faut pas oublier qu’elles sont proférées par deux Persans qui témoignent naïvement de leur étonnement. Montesquieu cherche seulement à se protéger de la censure dont il aurait pu être la proie, et ne nie pas la réflexion critique qui se dégage des nombreuses lettres. Malgré cette réserve, il n’hésita pas à exprimer ses idées. Cependant, les Lettres persanes, d’une manière générale, ne cherchent pas à affirmer l’inutilité de la religion : la critique opérée par Rica et Usbek se veut constructive ; c’est ce que nous chercherons à montrer dans notre étude. Nous analyserons dans une première partie la critique de l’institution religieuse et des fidèles, puis nous montrerons ensuite en quoi les lettres persanes critiquent l’esprit d’intolérance et enfin, nous nous demanderons si toutes les religions sont toutes identiques.
- Une critique de l’institution religieuse (308)
Montesquieu établit dans cette œuvre une critique de l'institution religieuse ainsi que de ses fidèles. La critique du christianisme occupe une place très importante dans ce livre. Montesquieu dénonce une hiérarchie certaine dans la société française du 18eme siècle : le pape possède un pouvoir important qui lui permet de manipuler le roi, qui lui-même manipule ses sujets. Il dit : "il y a un autre magicien, plus fort que lui [le roi], qui n’est pas moins maître de son esprit qu’il l’est lui-même de celui des autres" Lettre 24. C’est le pouvoir de la religion sur les esprits à cette époque qui est grandement critiqué par Montesquieu. Aussi, l'auteur évoque l'incompétence des prêtres et des subordonnés du pape, qui sont ses fidèles serviteurs. Il est expliqué que les prêtres sont des personnes inutiles aux fidèles. En effet, Montesquieu tout comme Voltaire prônait l’identité religieuse comme étant personnelle et non publique. C’est-à-dire que chacun a le droit d’exercer sa propre religion en étant son propre prêtre. Ce fut les prémices de la laïcité. Le pouvoir religieux, et plus généralement le pouvoir papal, sont donc fortement critiqués dans cette œuvre.
Montesquieu explique aussi que les fidèles sont pieux seulement par soumission et par peur et non par conviction comme le montre le champ lexicale de l’enfer dans la lettre 125 : enfer, épouvante, méchants, peines, menace. Ce n'est donc pas leur désir du paradis qui accroit leur piété et leur prière ainsi que leur bon comportement, mais c'est seulement leur peur de l'enfer qui les pousse à rester dans le droit chemin. Montesquieu veut nous faire comprendre que les fidèles sont pieux et religieux non par foi mais par soumission. A travers cette critique de l'institution religieuse et de ses fidèles
Montesquieu critique également l’intolérance religieuse et fait l’apologie de la présence de plusieurs religions dans un même royaume
- Critique de l’intolérance religieuse (445)
Montesquieu lance des attaques véritablement enragées contre l’intolérance : « ce n’est point la multiplicité des religions qui a produit ces guerres, c’est l’esprit d’intolérance (…), comme une éclipse entière de la raison humaine (L .LXXXV, p.226). Tous d’abord dans la même lettre Il fait une métaphore entre le prosélytisme et une " maladie épidémique " et Montesquieu associe prosélytisme et intolérance. Ensuite dans la lettre 29, l'inquisition est un symbole d'intolérance. Malgré le fait qu'elle n'existait plus en France, il l'évoque car l'intolérance existe toujours. Les moines sont caractérisé comme des juges comme le montre le lexique suivants : "présumé, accusé, innocent, juger". C’est donc un tribunal de justice religieux qui condamne les hérétiques et prône l’intolérance religieuse. Enfin il souligne que l'unité politique ne suppose nullement l'unité de foi contrairement à ce que pensait Louis XIV.
Montesquieu fait également l’apologie de la tolérance. Il explique que la présence de plusieurs religions dans une même nation a de nombreux avantages dans divers domaine tels que le domaine économique. Cela est illustré par une comparaison implicite entre protestants (« ceux qui vivent dans des religions tolérées ») et catholiques. Les citoyens non privilégiés n’ont que « leur travail » pour acquérir « opulence » et « richesses ». Mais quel travail ? L’artisanat, le commerce, les finances, considéré comme les emplois de la société les plus pénibles, mais également ceux qui contribuent le plus à l’enrichissement général du pays.
Ensuite dans le domaine moral. Montesquieu à travers usbek affirme que « toutes les religions contiennent des préceptes utiles à la société », c’est-à-dire transmettent des valeurs morales. Montesquieu sous-entend le fait que, s’il n’y a qu’une religion unique, rien ne viendra stimuler ce « zèle », et cette religion peut alors se corrompre. Il insiste en revanche sur l’intérêt de religions multiples: il se crée entre une concurrence à qui sera le meilleur entre les fidèles. Ainsi la tolérance religieuse favoriserait le maintien des valeurs morales, et même permettrait de corriger les « abus » de la religion dominante.
Enfin Montesquieu aborde le domaine politique, Il explique que « quand toutes les sectes du monde viendraient s’y rassembler cela ne lui porterait aucun préjudice ». Montesquieu se explique le propre même d’une religion est de distinguer le domaine temporel, ce qui relève du terrestre, donc du politique, du domaine spirituel, qui relève du céleste : la monarchie n’a donc rien à redouter de la tolérance religieuse. A cela s’ajoute l’idée qu’en habituant les fidèles à obéir aux principes religieux», la monarchie ne pourra que en bénéficier
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