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LE SALUT, LA VIE ETERNELLE

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Par   •  13 Septembre 2018  •  Discours  •  3 033 Mots (13 Pages)  •  752 Vues

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O. Chaudouet – LA VIE ÉTERNELLE

L’espérance chrétienne :

  • Les disciples de Jésus attendaient la délivrance d’Israël. Mais aucun d’eux ne s’attendait vraiment à ce que le Salut annoncé par les prophètes soit à ce point extraordinaire et mystérieux qu’il comporte une tension dynamique et se réalise dans le temps, dans une durée indéfinie : « Vous ne savez ni le jour ni l’heure… »
  • Les disciples vont découvrir peu à peu le caractère insondable et non-immédiat des promesses de Jésus. Dans une impatience fiévreuse et naïve, ils attendaient son retour et son avènement en Gloire. Puis leur désir devient plus calme et plus profond : ils prennent conscience de posséder dès maintenant "la substance des choses qu'ils espèrent" et découvrent en même temps la nécessité d'un accomplissement qu'il faut attendre longuement. Ce temps de la fin doit durer, comme l'a prédit le Christ, tout au long d'affrontements douloureux entre les forces de lumière et les puissances des ténèbres.
  • C’est saint Paul qui exprime le premier que la victoire définitive contre la mort, qui nous est promise avec certitude, est un évènement dynamique :
  • elle commence avec la Résurrection de Jésus ;
  • elle continue par notre régénération dans l'Esprit Saint - d'abord en germe par la grâce ;
  • elle est enfin consommée dans la vision face à face et notre propre résurrection.
  • Tout ceci se vit dans l’Espérance qui nous fait posséder dès aujourd’hui la réalité des choses à-venir.

LA REALITÉ DU SALUT

En quoi peut donc consister la réalité de ce Salut final pour un chrétien ?

Pour Saint-Paul, c’est un Salut total qui concerne toutes les composantes de notre être : âme, corps et esprit. Lorsqu’il écrit qu’il veut "être libéré de ce corps de mort" (Rom. 7,24), c'est pour aller demeurer auprès du Seigneur dans la vision de Dieu et l'attente du jour où chacun recevra son corps de lumière ; ce n'est pas avec le désir platonicien d'atteindre une condition purement et définitivement spirituelle.

Mais avec un ordre cependant : « la résurrection intérieure contre le péché doit précéder la résurrection de la chair : l'âme doit être libérée avant le corps »

Nous pouvons à présent tenter de nous approcher davantage de cette plénitude promise vers laquelle nous tendons comme la corde sous la flèche.

Et notre étude va nécessairement présenter deux niveaux correspondant à la complexité de notre nature d'esprits en condition charnelle :

A - L'illumination des esprits par la Vision du Dieu vivant.

B - La glorification des corps relevés d'entre les morts.

A – L’illumination des esprits : la Vision béatifique.

 "Aujourd'hui nous voyons d'une manière confuse, mais alors ce sera face à face. Aujourd'hui je connais d'une manière imparfaite mais alors je connaîtrai comme je suis connu" (St Paul 1 Cor. 13,12),

Oser aborder le mystère de la “Vision béatifique” suppose avant tout que l'on reconnaisse l'incapacité radicale de notre esprit face aux réalités purement spirituelles. Notre intelligence, en effet, ne se trouve adaptée qu'à la connaissance qui prend source dans l'univers sensible et nous n'abordons laborieusement les réalités spirituelles qu'en partant des idées générales que nous avons tirées des réalités matérielles.

Par conséquent, si le bienheureux « voit Dieu », comme nous le révèle Saint-Paul, il faut croire que l’aptitude à recevoir cette lumière fulgurante ne peut être qu'un don créé de pure miséricorde fait par le Tout-Puissant à sa créature limitée pour l'introduire dans la Gloire. Nous l’appelons le don de Gloire.

Ce don surélève l'esprit humain de l'univers sensible à l'univers divin : ce n'est pas seulement une dilatation (comme le serait l'ouverture de l'oreille aux ultrasons), c'est un changement de plan. En tant qu'esprit, l'intelligence est non-matérielle, c'est-à-dire non limitée à une seule réalité, donc capable de recevoir tout ce qu'elle n'est pas, donc branchée sur l'infini, donc ouverte à la Vision de Dieu. Le don de Gloire l'adapte par conséquent à cette Vision sans lui faire violence mais il lui donne l'acuité qui lui manque.

C'est un “habitus”, une aptitude créée, analogue à la grâce qui en est ici-bas le germe fécondant.

C’est bien grâce à sa nature d’être spirituel que l’homme – tout comme l’ange – est capable de s’ouvrir ainsi à l’infini.

Cependant, en tant que créature, il reste limité : la Vision face à face ne peut être par conséquent infinie à tous les points de vue :

  • Les élus contemplent Dieu dans la lumière où Il se voit, où Il nous voit. Et nous croyons que cette lumière est infinie : c'est celle du Verbe.
  • Mais leur regard ne peut posséder une acuité sans limite puisqu'ils demeurent des créatures bornées.

Dieu les baigne dans Sa lumière infinie ; mais la vision qu'ils en ont ne peut être infinie. Elle est tout aussi nécessairement incapable de produire une parole qui l'exprime car il n'y a pas de représentation créée de l'incréé : elle demeure donc muette. Les bienheureux, ne pouvant pas intérioriser l'Être divin, se trouvent en un admirable renversement, comme projetés hors d'eux-mêmes. Ainsi sont-ils plongés dans la lumière de Dieu, tandis que, même surélevés par le don de Gloire, ils demeurent incapables d'atteindre le niveau d'intelligibilité infini de cette lumière.

Dans cette Vision face à face, les élus seront comblés de la vie même du Seigneur. Alors ils exulteront dans la louange, l'adoration et l'action de grâce, l’Eucharistie, dans une sorte d'activité de flamme qu'il nous est impossible d'imaginer parfaitement.

Ils ne verront pas seulement Dieu, mais le Christ, la Vierge, la multitude angélique et le corps mystique en son entier. Portés par une vitalité prodigieuse dont nous n'avons aucune idée, les bienheureux seront introduits au centre même de la communion des Saints où tous se rencontrent dans la joie, dans l'amour, dans un dynamisme qui ne s'interrompt pas puisqu'ils participent à cette vie divine dont le Christ a dit : "le Père travaille toujours et Moi aussi je travaille". Plus proches sans doute de ceux qu'ils auront le plus aimés, les bienheureux n'en demeureront pas moins ouverts à tous les autres dans un dialogue fait de clarté et de vérité.

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