Religion et Kant
Fiche : Religion et Kant. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mariepaga • 5 Mai 2013 • Fiche • 534 Mots (3 Pages) • 624 Vues
La conception que propose Kant de la religion occupe une place centrale dans son système de pensée, puisque les enjeux peuvent en être décrits aussi bien sur le plan théorique que sur le plan pratique. Du point de vue théorique, qui concerne la connaissance, Kant s’oppose frontalement aux traditions religieuse et métaphysique, qu’il juge l’une et l’autre dogmatiques, c’est-à-dire abusivement affirmatives. En dépit des multiples tentatives proposées par les théologiens et les philosophes au fil de l’histoire, Kant soutient qu’on ne peut ni connaître Dieu, ni démontrer que l’âme est immortelle. Aucune spéculation, ou contemplation, ou intuition rationnelle ne peuvent tenir lieu d’expérience. Telle est la dette de Kant à l’égard de l’empirisme : qu’une chose puisse faire l’objet d’une expérience sensible est une condition indispensable pour qu’elle puisse être qualifiée de connaissable.
Mais paradoxalement, Kant soutient que, du point de vue pratique, qui concerne nos actions, l’existence de Dieu et l’immortalité de l’âme sont tout aussi nécessaires qu’elles sont indémontrables sur le plan théorique. Si nous n’avions pas la perspective de pouvoir être un jour récompensés de nos bonnes actions par un juge suprême, alors l’impératif de devoir être moral ne serait pas un commandement juste. Or, un impératif à la fois absolu et injuste serait le comble de l’absurdité. Donc le fait d’accorder un sens à l’impératif moral suppose de croire dans l’existence de Dieu et dans l’immortalité de l’âme. Cette postulation rationnelle de la nécessité de croire ne suffit pas à éviter à Kant que les articles à la base de son livre La Religion dans les limites de la simple raison ne soient censurés en 1791. L’autorité religieuse ne pouvait tolérer que la morale prenne ainsi le pas sur la religion.
Mais du côté des philosophes, cette conception fit également de nombreux insatisfaits. Le reproche qui lui fut adressé était de ne pas être cohérente. Si Dieu ou l’âme sont absolument inconnaissables, comment pourraient-ils être dignes de croyance et doués d’efficacité sur le plan pratique ? Ou, inversement, si ces entités nous permettent de réaliser certaines actions, peut-on vraiment affirmer qu’elles ne sont pas connaissables ? Le problème n’avait pas échappé à Kant, qui en faisait « l’énigme » de la raison pratique et l’origine de son caractère sublime : « comment on peut ne pas accorder de réalité objective à l’usage suprasensible des catégories dans la spéculation et reconnaître cependant cette réalité en prenant en compte les objets de la raison pratique pure » (Préface de la Critique de la raison pratique, traduction de Jean-Pierre Fussler, GF-Flammarion p. 92). Mais, en dépit des efforts déployés par Kant dans la Critique de la faculté de juger, son système apparut insuffisant aux yeux de nombre de ses contemporains, parce qu’il ne permettait pas de franchir le gouffre entre théorie et pratique creusé par les deux premières Critiques.
Pourquoi le dogme chrétien traditionnel ne pouvait-il plus convaincre ? Pourquoi une ouverture de la morale sur la transcendance demeurait-elle nécessaire ? Le gouffre entre théorie et pratique devait-il être franchi ? Une autre conception de Dieu et de la rationalité étaient-elles nécessaires ? Ce cours montrera
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