EXPLIQUEZ EN QUOI LA DIVINATION ET LA GEOMANCIE ETAIENT DES ELEMENTS CENTRAUX ET COMPLEMENTAIRES AU BOUDDHISME DANS LE GOUVERNEMENT COREEN A L’EPOQUE DU KORYǑ.

Sujet : expliquez en quoi la divination et la géomancie étaient des éléments centraux et complémentaires au bouddhisme dans le gouvernement coréen à l’époque du Koryǒ.

Le bouddhisme est né en Inde au VIe siècle av.J.C et s’est rapidement propagé à travers le continent asiatique. Il a été introduit en Corée via la Chine à la fin du IVe siècle. Au VIIe siècle, les Trois Royaumes de Corée furent unifiés par le Silla, et les premiers monastères de montagne fondés par différentes écoles de philosophie religieuse dans les temples Tongdosa et Busŏksa, apparurent. Ainsi le bouddhisme devint une religion largement pratiquée. Le bouddhisme du Sŏn, qui met l’accent sur la réalisation de soi par la méditation, partit de la Chine pour gagner la Corée au IXe siècle, conduisant à la fondation des temples Magoksa et Daeheungsa. Chacun de ces monastères est resté en activité depuis sa création jusqu’à nos jours. La dynastie de Koryŏ (918-1392) déclara le bouddhisme religion d’État, et le système de gouvernement centralisé était basé à la fois sur la pensée bouddhiste et sur la pensée confucéenne.

Dans cette étude, nous nous demanderons en quoi la divination et la géomancie étaient des éléments centraux et complémentaires au bouddhisme dans le gouvernement coréen à l’époque du Koryŏ.

Pour répondre à cette question, nous allons étudier dans un premier temps la géomancie et les pratiques divinatoires à l’époque du Koryŏ puis dans un second temps nous verrons leur lien avec le bouddhisme et leur influence dans le gouvernement du Koryŏ.

L’histoire officielle du Koryŏ, dit Koryŏsa, constitue la principale source d’informations dont nous disposons aujourd’hui à propos des arts divinatoires de l’époque.

Tout d’abord, la géomancie dit pungsu ( feng shui ) est une pratique divinatoire très ancienne. Elle est originaire de Chine et s’est transmis en Corée à l’époque des Trois Royaume (1er siècle av.J.C.- VIIè siècle ap.J.C ). Le choix de l’emplacement des villes, des palais ou même des sites de funérailles se faisait selon la géomancie. Celle-ci est basée sur la pensée confucéenne et le Yin et le Yang. Selon la forme du terrain, la topographie et les « quatre vents » ( est, sud, ouest, nord ), on pouvait indiquer ce qu’on appelait myŏngdang, c’est-à-dire le meilleur emplacement, le lieu idéal pour construire un tel bâtiment. Ainsi, les milieux monastiques recouraient à des moines géomanciens locaux dans les procédures de construction des édifices bouddhiques. La géomancie avait également une importance dans la politique. Il fallait que le lieu du site de la capitale apporte richesse et non désastre. Il se pouvait aussi qu’il faille déplacer la capitale ( comme pour Kaegyŏng ) car l’énergie terrestre aurait été épuisée. Dans le même ordre d’idée, les édifices bouddhiques sont conçus pour corriger les défauts géomantiques des sites du pays. Ces pratiques et théories géomantiques permettent en fait à l’État de contrôler les constructions.

Ensuite, les pratiques divinatoires s’exerçaient également dans le cas des fêtes bouddhiques comme celles des Lanterne et des Huit commandements. Cela pouvait consister à la prévision des éclipses ou aux choix des dates favorables dit sŏnt’aek. Aussi, les devins intervenaient dans les procédures de rites sacrificiels comme l’installation des tablettes des esprits et pouvaient participer aux escortes du roi en déplacement. Les devins étaient principalement issus des clercs de province ou des ordres civil et militaire subalternes. Après la période de prise de pouvoir par les militaires (1170-1270) les pronostics divinatoires étaient fréquemment employés.

En 958 est instauré le concours de recrutement des fonctionnaires inspiré du modèle des Tang. Les candidats devins étaient formés au sein des sections spécialisées et subalternes de divination et de géomancie. Ils constituaient de véritable critères de connaissance pour le recrutement. Certains lettrés et membres de la famille royale excellaient même dans la connaissance des techniques divinatoires. Lorsqu’ils étaient reconnus du mérite envers l’État, les devins fonctionnaires pouvaient être nommés conseillers d’État. Le rôle des devins d’État était indirect. Ils ne prenaient pas directement les décisions, cependant ils influençaient énormément dans la tournure de celles-ci. Autrement dit, la collaboration des devins était essentielle quant à la réalisation d’un projet. De ce fait, ils jouaient un rôle majeur dans le gouvernement coréen à l’époque du Koryŏ.

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