Conclusion: "Voyage Au Pays Des Psychoses" de Augustin Menard.

Conclusion

L’ INVENTION DU PSYCHOTIQUE

« Là où le danger croît, croît aussi ce qui sauve » HÖLDERLIN

Nous avons choisi de donner la parole aux psychotiques et recueillir leur enseignement ne nous autorise pas à conclure dans la mesure où chacun s’engage dans une voie qui lui est propre, le conduisant à une solution qui ne vaut que pour lui. Plus nous enri - chissons notre expérience, plus la diversité s’affirme écartant à jamais l’espoir d’une exhaustivité. En ce sens la psychanalyse s’oppose radicalement à la méthode contemporaine qui consiste à plaquer des concepts issus de statistiques sur les données observées et à faire entrer chaque cas dans un cadre pré - établi, visant à résorber le particulier dans l’universel. Or, il s’avère que de la mise en série des singularités se dégage un réel, celui de la structure. Le point saillant sur lequel il faut insister est le caractère positif des constructions psychotiques venant confirmer les intuitions géniales de Freud et la rigueur conceptuelle de Lacan. Avec Jacques Alain Miller, nous préférons le terme d’invention à celui de création, pour autant que celui-ci évoque « l’ex-nihilo » qui est le propre de l’opération signifiante. Il est toutefois concevable d’envisa - ger comme création tout ce que les parlêtres peuvent bâtir comme défense à partir du trou structural dont la topologie fait monstration et la logique démonstration. L’invention est l’autre face de la forclusion du signifiant du Nom du Père, c’est le défaut d’une solution valable pour tous qui impose à cha - cun de chercher la sienne. Le « pousse-à-créer » en est l’effet nécessaire. C’est l’irréversibilité de la forclusion, l’impossible qu’elle désigne qui ouvre le champ des possibles. De même, le rejet de l’exception paternel - le génère un « pousse à l’exception » témoin d’un retour dans le réel de ce qui a été exclu du symbolique

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