Lecture analytique La Vraie Vie, Adeline Dieudonné, Incipit
Rapport de stage : Lecture analytique La Vraie Vie, Adeline Dieudonné, Incipit. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sixtou02 • 1 Juin 2019 • Rapport de stage • 2 981 Mots (12 Pages) • 2 141 Vues
LECTURE ANALYTIQUE N°18 : Incipit
- dieudonné -
INTRODUCTION
Le naturalisme est un mouvement littéraire né dans la continuité du réalisme vers 1850. Il décrit en effet la réalité sans filtre mais se concentre surtout sur l’analyse des vices de l’Homme.
De nos jours, l’esthétique naturaliste peut être retrouvée dans certains romans tel que « La vraie vie » écrit par Adeline Dieudonné en 2018. Ce roman d’apprentissage présente la quête d’une jeune fille cherchant à retrouver l’innocence de son petit frère. Il retrace l’évolution de la narratrice qui passe d’enfant à adolescente, marquée par de dures épreuves causées en partie par son père, figure d’horreur.
Cet extrait fait office d’incipit, qui en général présente les personnages et leurs traits de caractères, le milieu où va se dérouler l’action ainsi que l’époque. Mais au sein de cette famille des plus banale, se trouve une chambre, celle des animaux, morts. Ainsi l’incipit va s’attarder à décrire la pièce, à présenter les différents cadavres et leurs histoires. Cette description des proies est aussi celle d’un prédateur : le père de la famille.
QUESTIONS POSSIBLES
- Quelles informations sur les personnages nous apporte ce début de roman ?
- Quelles sont les fonctions de cet incipit ?
- Quelle atmosphère installe cet incipit ?
- Quel rôle joue cet incipit dans ce roman ?
ELEMENTS STYLISTIQUES : ANALYSES
- Style prosaïque, très oral représentatif du langage familiale
- “Quelques zèbres amputés du corps”, “Sur une estrade, un lion entier, les crocs
serrés autour du cou d’une petite gazelle.” : phrases averbales concise qui fait du langage utilisé un langage caractéristique de celui employé dans une famille lambda.
- “Ca n’avait pas été de tuer l’éléphant” : le “ca” souligne la structure peu soutenue des phrases de la narratrice et rappelle l'oralité qui se dégage du passage.
- “Un soir” : cela introduit une anecdote dans l'incipit ce qui nous fait entrer en quelque sorte dans un conte et suggère la jeunesse de la narratrice.
- “Tout empaillée qu’elle était” : on retrouve une nouvelle fois une formule prosaïque marquée d’une forte oralité.
- “autre type” : formule prosaïque qui met en valeur le peu d’estime qu’a la jeune fille pour son père, qui n’est finalement qu’un “type” pour elle.
- Le père un être dominant associé à l’image de l’ogre
- Place qu’occupe chaque personnage dans la description de la famille : La jeune fille fait la description de sa famille de manière très déséquilibrée, déséquilibre qui révèle l’importance et l’influence que chacun a dans la famille. Sa mère et son frère ne sont évoqués que très rapidement quand la description son père occupe la majeure partie du passage.
- distance entre le père et la famille «avec un autre type» (l. 22)
la fillette son père seulement a un «type» qui ne sait pas faire autre chose que de la chasse , terme péjoratif
- “Un pied sur la bête, un poing sur la hanche” : Apposition rappelant toute la bestialité du père.
- « Mon père posait fière » renvoie au cliché du touriste qui pose le pied sur la bête arme à la main. “fier, son fusil à la main” : apposition qui rappelle toute la cruauté du père qui prend plaisir à poser avec des cadavres d’animaux.
- Apposition : « son fusil à la main » L(l.10) : objet représentant le père et indissociable de lui même
- Lexique de la monstruosité et bestialité
- “à échapper à la surveillance des gardes-chasses” : proposition infinitive qui donne à voir un autre aspect du caractère du père, l’immoralité.
- “Tout ça” : formule sommative qui résume toute l’horreur perpétré par cet être sanguinaire à quelque chose de presque anodin.
- “ce qui le faisait davantage ressembler à un milicien rebelle qu’à un père de famille” : antithèse très forte qui révèle la violence irrationnelle qui se dégage de cet être.
- « C’était une sacrée boucherie » oxymore et la « carcasse encore chaude » donne une image monstrueuse du père
- « Une petite fortune » le lexique de l’argent amène toute cette boucherie à une question économique qui enlève toute forme de prestige à ce massacre ; Lexique de l’argent “fortune” (l.19), “cher”, “frais” (l.20) > Décrédibilise la passion du père en la réduisant à la question de l’argent
- « Tuer la bête était aussi simple que d’abattre une vache dans un couloir de métro » image absurde et horrifique qui dénonce l’aberrance du père : on entend la voix du père ici ; parole rapportée
- Mise en abyme du portrait du père : « cadre » (l.10) : «culte de la personnalité du père avec ses photos sur les murs »
- Allitération avec les mots “fier” et “fusil” → association des deux termes. Le portrait qui est fait du père le résume à un chasseur immoral et orgueilleux. -“Mon père posait” (l 9) répété juste après “Il avait toujours la même pose” (l 9-10) → mise en abyme : la fille décrit une photo, qui est la capture du réel, l’effet de zoom est renforcé, et donc l’omniprésence de la figure paternelle dans la maison. Ces photos tapissant la chambre des cadavres donnent l’idée d’un culte de la personnalité rendu au père égocentrique qui trône en roi, le sceptre remplacé par un fusil. Il est ici fait le portrait en creux du père qui se révèle être une figure tutélaire présent sur tous les murs. On découvre dans cet incipit un semblant de culte de la personnalité par le déséquilibre du récit de la petite fille dans la description de sa famille.
- Hyperbole : « génocide » (l.13) : Le père est comparé à un une brute
- Le portrait du père est établi à travers la description de la chambre des cadavres. Le lexique des animaux (“daguets”, “sangliers”, “cerfs”...) jalonnant le premier paragraphe associe le père à une forme de bestialité, rendue cruelle par certains détails macabres (adjectifs: “empaillée”, “morts”, “amputés”...)
- Anecdote intrusive (l 13 à 21) qui débute grâce à “un soir”→ intrusion grotesque et monstrueuse du père dont la voix hante sa fille. On devine que cette anecdote a été racontée de nombreuses fois et que le père a l’habitude de monopoliser la parole. -Marques d’oralité dans le récit de l’éléphant : “non”, “ça” → on entendrait presque parler le père, il n’est pas là mais est rendu présent par ce récit...
- Hypothèse (l 19) “Je crois que...” → Le père est présent dans la réalité mais aussi dans l’imagination de la fille.
- Antithèse “petit” et “entier”(l.5) du lion qui mange la gazelle → véritable mise en scène qui dévoile un chasseur fier de ses trophées
- Allitération en “pr” → désigne la cruauté, brutalité du père (sons guturaux)
- Les animaux, membres à part entière de sa famille
- “daguets, des sangliers, des cerfs...des têtes d’antilopes,...,springboks, impalas, oryx, kobus” : énumération d’animaux morts qui semble prendre le pas sur les autres membres de la famille.
- Hyperboles « de toutes les tailles » l.4 et « toutes les sortes » l.3 + « … » = accumulation qui désigne l’inventaire à n’en pas en finir de bêtes.
- “Celle des cadavres” : rejet qui crée une rupture brutale avec ce qui précède, c’est-à-dire les autres membres de la famille. Le fait d’énumérer les cadavres avec les membres de la famille en fait d’eux directement des membres à part entière.
- “Et dans un coin, il y avait la hyène.” : la syntaxe est brisée ce qui permet de faire une distinction entre la hyène et les reste des animaux et cela annonce la place importante que celle-ci occupera au sein de la famille tout au long du récit.
- Article défini « la » qui traduit l’importance de l’hyène dans ce récit, elle apparait comme l’élément principal de la pièce (l’élément le plus dangereux) et donc comme essentiel à l’intrigue.
- Lexique de la bestialité résultant d’un univers exotique qui est omniprésent et même prépondérant dans cet incipit définitivement ancré dans l’univers du bestiaire.
- “Un lion entier, les crocs serrés autour du cou d’une petite gazelle” : antithèse qui définit la relation prédateur/proie qui sera une thématique principale abordée dans le roman et qui existe notamment au sein même de la famille de l’héroïne.
- “Toute empaillée qu’elle était, elle vivait, j’en étais certaine” : Antithèse qui accentue la présence des animaux (ici de la hyène) au sein de la famille, ils semblent prendre une place plus importante que de simples trophées de chasse aux yeux de l’héroïne. Style familier « tout empaillée qu’elle était » La hyène jamais renommé mais devient un personnage « elle », antithèse entre empaillé et le fait de vivre, c’est un personnage monstrueux (délectait).
- « J’en était certaine », montre l’importance du personnage narrateur qui s’oppose à la hyène.
- Le pronom « elle » qui désigne la hyène est employé x4, elle n’est ainsi jamais renommée. Étant associée aux verbes d’action et d’émotion, elle suscite la peur, l’effroi.
🡺 On observe que dès cet incipit, la description qui est faite par la narratrice de sa famille révèle un cinquième membre à part entière les animaux tués par son père qui semble occuper une place très importante dans le cercle familial vu leur omniprésence dans le passage peut être même plus importantes que les autres membres aux yeux du chef de famille.
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