Le mécanisme de défense

Millet Isoline

Diplôme d’Etat

« Moniteur- Educateur »

Session 2020-2021

Domaine de Formation 1

TD Dimension Clinique :

Les mécanismes de défense

Introduction :

Dans le cadre de ma première année de formation « Moniteur- Educateur », j’ai effectué mon stage dans un Hébergement d’Urgence pour Demandeur d’Asile qui a ouvert ses portes en Septembre 2018. J’intervenais sur une association répartie en six pôles (le pôle migrant, le pôle personne isolée, le pôle famille et enfance, le pôle handicap et perte d’autonomie et le pôle personne âgée).

Un demandeur d’asile se définit comme une personne ayant demandé la protection internationale au titre de la convention du 28 Juillet 1951 relative au statut des réfugiés dite « Convention de Genève ». Dans la plupart des cas, un demandeur d’asile est contraint d’abandonner son pays par peur de persécution politique, civile ou personnelle, de menace de mort.

L’HUDA est un dispositif qui accueille et héberge des demandeurs d’asile et a pour but de les accompagner dans leurs démarches en vue de leur passage devant l’OFPRA (Office Français de la Protection des Réfugiés et Apatrides) et de l’obtention du droit d’asile en France.

J’étais stagiaire sur le pôle migrant de l’association. L’HUDA dans lequel j’effectuais mon stage, a une capacité d’accueil de 80 places sur la structure d’hébergement collectif.

Les résidents sont répartis dans des chambres. Certaines peuvent accueillir deux personnes seules ou une famille. C’est ce que l’on appelle des « espaces familles » créés pour les familles nombreuses.

Le bâtiment dispose de cuisines, salons, laveries et sanitaires communs. Les bureaux des éducateurs sont situés au rez-de-chaussée.

Il n’est pas rare en tant que stagiaire ou moniteur- éducateur en fonction d’être dérouté par une situation et de se questionner.

C’est sur une situation bien particulière que j’ai choisi de baser mon travail de réflexion et d’analyse.

Dans un premier temps, je décrirai cette situation en exposant mes questionnements, puis j’y apporterai une analyse par le biais d’apports théoriques. Enfin, j’expliquerai ce que m’a apporté cet écrit dans ma pratique professionnelle.

1. Déroulement et arrêt sur image de la situation, ressentis et questionnements :

1. Description de la situation vécue :  

Nous sommes un Mardi matin, à la fin du mois de Février.

Comme tous les mardis matin, de 10 heures à 12h45 un atelier cuisine est prévu avec les résidents.

A 9 h 45, ma mission est de monter dans les étages de l’établissement et de proposer aux résidents qui le souhaitent de venir participer à l’activité.

Il est 10 heures, l’atelier cuisine commence. Très peu de résidents sont venus se joindre à nous. Nous ne sommes qu’une dizaine, avec la présence d’un éducateur (dont le rôle est de faire en sorte que l’atelier se déroule dans les meilleures conditions) et une jeune fille en service civique, présente dans le cadre de la mise en place des animations.

L’atelier se déroule dans une ambiance agréable et détendue. Les résidents ont mis de la musique provenant  de leur pays d’origine, certains se sont mis à danser, pendant que d’autres discutent et s’organisent entre eux pour déterminer leurs tâches. Nous n’intervenons que très peu.

Je profite de ce temps informel du quotidien pour parler avec les résidents et observer.

Vers 12h20, l’atelier cuisine se termine. Certains des usagers surveillent la cuisson des plats, d’autres font la vaisselle, lavent le sol, préparent les couverts, nettoient et dressent les tables.

Les plats sont réchauffés et chacun prend place autour de la table. Le repas débute, toujours dans une atmosphère riche en discussion et en convivialité.

D’autres éducateurs nous ont rejoints pour partager le repas. Les rires fusent.

Nous sommes presque arrivés à la fin du repas lorsqu’un éducateur, non présent au moment de l’activité, arrive d’un pas lourd. Je ressens à sa démarche que quelque chose le préoccupe.

Il s’assoit sur une chaise et nous regarde d’un air grave. Il nous annonce qu’une jeune fille vient de décéder.

La jeune fille en question a une dizaine d’années et vit avec ses parents et son frère sur la structure mais fait partie du dispositif CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile). Entre termes, cette famille ne bénéficie pas du même accompagnement qu’en HUDA.

Je ne la rencontre qu’occasionnellement lorsqu’elle joue avec les autres enfants dans le grand salon de l’établissement, là où les animations sont initialement prévues.  

Comme la plupart des enfants géorgiens, elle est de nature discrète et ne s’exprime que dans sa langue.

Elle est en fauteuil roulant et souffre d’une insuffisance respiratoire, ce qui lui a valu plusieurs séjours à l’hôpital.

Depuis quelques semaines, son état s’est aggravé et sa santé a décliné très rapidement. Les médecins ont été dans l’obligation de la plonger dans un coma artificiel. Malheureusement,  elle ne s’est pas réveillée.

L’annonce de ce décès a grandement bouleversé l’ensemble de l’équipe éducative. En effet, l’éducateur qui assistait à l’atelier cuisine a eu beaucoup de peine pour réprimer sa tristesse et a dû quitter la table. Quant aux résidents, il a fallu les informer qu’une famille venait de perdre un enfant et leur demander de ne pas être trop intrusifs, de respecter l’intimité de la famille en deuil.

Tout s’est agité autour de moi. La cheffe de service a demandé à l’équipe éducative de faire en sorte de libérer les deux cuisines du premier étage afin que la communauté géorgienne  puisse y cuisiner en vue d’une veillée. Il a fallu demander aux autres résidents de se faire discrets, d’occuper les autres espaces de vie et les cuisines du deuxième étage.

1. Mes ressentis :

Pour ma part, lorsque j’ai appris le décès, j’ai eu une absence de réaction et d’émotions. Comme si cette annonce n’avait jamais été formulée.

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