L'angoisse de l'existence
Mémoire : L'angoisse de l'existence. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cécile Bury • 17 Août 2015 • Mémoire • 14 313 Mots (58 Pages) • 1 607 Vues
L'Angoisse de l'Existence.
Cécile Bury.
Table des matières
I. Les causes de l'angoisse de l'Etre.
A.L’intelligence : fonctionnement paradoxal
B.L’intelligence deprimante pour l’individu
C. Le caractère arbitraire des lois et coutumes
D. De la souffrance à l'ennui (shopenhauer)
E.Le paradoxe de la liberté
F.L'entrée dans le monde du tiède
G. La nostalgie du passé, la peur de l’avenir
H.Le doute et les questions existentielles
II. Les méthodes pour se débarrasser (temporairement) de l'angoisse de l’existence
A.Le divertissement (pascal)
B.Le grand théâtre de l'humanité
C.La quête de la 2ème personne : l’amour
D.La déraison si proche, le calme si fragile
E.Le refuge dans la religion
F.La vengeance du faible sur le fort
III. Vivre avec l’angoisse, à défaut de pouvoir s’en débarrasser.
A.Ne pas laisser les choses qui ne dépendent pas de nous nous influencer
B.Les énergies créatrices à tirer de l’échec : le surhomme
C. Le héros bergsonnien
Chacun la ressent au moins une fois au cours de sa vie : cette sensation de malaise psychique qui ne trouve pas facilement d'explication. Allongé dans une chambre, seul et sans envie de sommeil, l’homme se retrouve face à lui même et ne peut éviter de tomber dans l’angoisse que provoque sa simple existence. Il s’agit d’une étrange sensation de vide que ressent l’être, qui perd par la même occasion ses repères et cherche un sens à sa vie, au monde, à l’univers. Or, ce faisant, l’angoisse paralyse l’action déprimant et isolant l’homme du reste de la société.
L’intelligence humaine est la capacité à se représenter des fins et des moyens, autrement dit du réel dans l’espace. C’est elle qui pousse l’homme à agir : elle conditionne en effet préalablement la fabrication des objets, la transformation de la nature. Cependant, en amenant l’homme à se représenter le réel et à l’appliquer à lui-même, et par conséquent à se poser des questions dont il sait pertinemment qu’il ne pourra obtenir de réponse, ce faisant l’intelligence qui spatialise le réel et permet l’action est paradoxalement aussi la cause de la paralysie de l’action : de l’Angoisse de l’Existence. Ainsi puisque chaque homme est par nature doté d’intelligence, l’homme se retrouve alors condamné à devoir supporter ce vide de l’être que lui pousse à se représenter son intelligence. Cette maladie de l'âme, qui semble universelle, est-elle pour autant incurable ?
Car in fine, l’homme continue de vivre avec et malgré elle : comment expliquer que l’homme puisse supporter une angoisse qui remet pourtant en question tous les fondements du monde dans lequel il vit ? Il sera intéressant dans ce rapport de se pencher sur les méthodes que l’homme a trouvé pour éviter que le sentiment d’angoisse ne l’atteigne trop souvent et trop violemment.
Afin de répondre à cette question, nous tenterons dans ce rapport d'expliquer du mieux possible d’où vient cette angoisse de l'existence, d’observer avec intérêt les remèdes illusoires que l’homme s’est inventé pour tenter de l’oublier temporairement, afin d'en trouver un vrai remède, s'il en existe bien un.
Nb : ce rapport est le fruit d’une réflexion personnelle qui sera illustrée par des exemples lorsque cela est possible. Puisqu’il s’agit d’une réflexion philosophique, elle est bien entendu discutable en ceci qu’elle tente de répondre à des questions auxquelles personne n’a encore réussi à répondre sans que quelqu’un d’autre ne vienne le contredire par une réponse différente.
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I. Les causes de l'angoisse de l'Etre.
A. L’intelligence : fonctionnement paradoxal
Il s’agit premièrement de comprendre plus précisément comment naît en chaque homme ce sentiment d’angoisse de l’existence dont aucun n’est épargné.
Comme énoncé précédemment, l’intelligence est la faculté de se représenter dans l’espace des rapports de moyens à fins. Selon Bergson dans Les Deux Sources de la Morale et de la Religion : « l’intelligence, envisagée dans ce qui paraît être la d démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils et d’en varier indéfiniment la fabrication. » Elle est donc d’abord un mode d’action car elle permet, par la représentation des objets qu’elle veut créer, de mouvoir l’homme dans l’action de création de ces objets, dans l’action sur la matière afin de transformer la nature et la rendre moins hostile à son espèce.
Pour se représenter le réel, l’intelligence a besoin d’extérioriser les parties du temps afin de les projeter pour pouvoir agir, c’est-à-dire en regardant le passé afin d’imaginer le futur et de faire des projets. Or, comme le souligne Bergson dans ce même ouvrage, originellement les parties du temps sont fondues les unes dans les autres. Dans le souvenir, les parties du temps se pénètrent, on s’aperçoit en se souvenant d’une situation que les parties du temps fusionnent. En effet, lorsque l’on se souvient, notre état de conscience est le même que celui présent car l’intelligence sépare les parties du temps afin de les projeter : elle les extériorise les unes par rapport aux autres. « L’intelligence est la vie regardant au dehors, s’extériorisant par rapport à elle-même, adoptant en principe pour les diriger en fait les démarches de la nature inorganisée. » Or ce faisant, nous perdons une part de nous-même car nous sommes une durée, autrement dit toujours selon Bergson, un tout indivisible (alors que notre corps ne cesse de changer ainsi que nos états de conscience, nous savons pourtant que nous sommes la même personne). Ainsi pour les besoins de l’action, l’homme doit projeter le temps dans l’espace et devenir étranger à la dimension-même de son être.
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