Les nouveaux médias : les dessous de Konbini

- Konbini -

        Depuis la fondation en 2006 du site d'information et de médias Buzz Feed à New York, internet connait l'émergence de multiples laboratoires virales et de médias d'info-divertissement majoritairement présents sur les réseaux sociaux. Fondé à Paris en 2008 par deux entrepreneurs et publicitaires Lucie Beudet et David Creuzot, Konbini vient à devenir l'un des leaders européens de ces nouveaux médias, revendiquant un journalisme jeune, créatif et pluridisciplinaire, dont la couverture médiatique s'étend à une large pluralité de sujets. Les articles et vidéos produites par la plateforme se focalisent avant tout sur la « culture jeune » en délimitant son audience ciblée autour des 18-30 ans, ce jusqu'en 2017 où la plateforme a élargit sa ligne éditoriale à des thématiques engagées sur des enjeux de société, le terme d'info-divertissement semble trouver alors plus clairement son sens.

        Seulement voilà. Ce tournant de la ligne éditoriale est certainement porteur de bonnes choses mais n'est pas sans contradiction avec le statut du média et son mode de fonctionnement. C'est à travers un plan légèrement manichéen qu'il est possible de poser la question suivante : Konbini est il un site de presse ou une agence de communication ? L'objectivité et la fiabilité de sa ligne éditoriale est elle questionnable ?

→ Dans un premier temps, il serait peu scrupuleux de ne pas attribuer à Konbini les mérites auxquels il peut prétendre depuis son lancement. En effet, d'un point de vue communicationnel d'abord, le média a su faire preuve d'inventivité grâce à un mode d'expression novateur. Konbini est omniprésent sur les fils d'actualités sur plusieurs plateformes, avec des reportages et interviews courtes, touche à tout, caractérisées par un mode d'expression souvent très direct, un langage accessible, dénué de formulations prétentieuses. À ce mode d'expression s'ajoute un vrai travail de design qui rend le contenu attrayant pour l'audience ciblée.

→ D'un point de vue culturel également, Konbini aborde une grande majorité des sujets de la culture populaire, mode, cinéma, photographie, sport, musique. Le site s'attelle également à mettre en valeur les créateurs plus que la discipline en question et a permis la mise en lumière d'artistes qui n'auraient certainement pas eu leur place dans la ligne éditoriale de médias culturels plus classiques. Par exemple, en comparant la perception et le traitement médiatique du rap chez Konbini face à des émissions sur des chaines grand public, les artistes ne sont clairement pas traités de la même manière.

→ Enfin, le tournant politique de la ligne éditoriale précédemment abordé tend à mettre en lumière des enjeux de société mondiaux, et permet de faire revenir des thématiques importantes à plusieurs échelles. (par échelle j'entend une interview d'un particulier comme un reportage sur un événement). Les combats de Konbini semblent multiples : écologie, homophobie, violences faites aux femmes, humanitaire... Le média tend à première vue à mobiliser sa communauté autour de l'actualité et permet même par ce biais de lever des fonds pour des associations, c'est le cas en 2018 avec près d'un demi million récolté pour Action contre la faim. Cette mobilisation est également efficace dans la lutte pour le climat, le média étant co-initiateur du slogan #leplastiquenonmerci repris par l'Union européenne ayant amorcé l'impossibilité de trouver du plastique à usage unique dans les échanges commerciaux européens d'ici 2021.

        Ainsi à première vue, Konbini a tout pour plaire : un média qui s'adresse aux jeunes avec une ligne éditoriale ouverte et novatrice. Seulement, c'est à travers l'étude en profondeur de son fonctionnement que ce point de vue se doit d'être inévitablement nuancé.

→ Au début de cette présentation, on posait la question de l'objectivité et de la crédibilité de Konbini en tant que média d'information. C'est à la vue de son mode de financement et de son statut que l'on peut alors espérer une réponse. Konbini fait partie de ces nouveaux médias qui ont délaissé  les publicités dites traditionnelles ayant laissé place à des publications et reportages co-produits par des marques, on parle d'articles ayant l'apparence d'une information comme une autre alors qu'il s'agit de contenus sponsorisés. Même si notre média a entrepris un effort de transparence quant à ces contenus, il semble toutefois assez étrange de la part d'un média de laisser place à des articles commandés, parfois même co-écrits par les entreprises partenaires sans forcément en informer le consommateur.

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