Coût de l’excellence

Une étude sur le « coût de l’excellence » illustre la symbiose sur le plan affectif chez les cadres : on nous parlait de « l’histoire d’amour » ou du « rapport passionnel » que l’on entretenait avec l’entreprise, voire du « chagrin d’amour » éprouvé lorsque celle-ci vous laissait quelque temps sur la « touche ». Avez-vous aussi éprouvé ces sentiments ? Racontez et analysez vos souvenirs.

Lorsque j’ai intégré un grand projet pour un très grand groupe coté en bourse, nous étions une équipe de 7 personnes, très solidaires, totalement impliquées dans la réussite de ce grand projet dont le coût financier  dépassait les 300 millions d’euros. Nous étions observés à la loupe par la Direction, très valorisés, tout nous était autorisé en terme de dépenses, d’initiatives etc… Mes collègues et moi-même ne vivions plus que pour « notre » projet, nous ne parlions que de lui, l’imposant à nos familles, structurant notre emploi du temps autour de ce projet. Mon rôle de chargée de mission était très large, je faisais tout ce dont la Direction avait besoin, toisant les personnes moins impliquées que moi, voyageant sans scrupules dans toutes la France, malgré mes 3 enfants, malgré des journées de 12 heures minimums. Je me  levais parfois en pleine nuit, réveillée en sursaut par un travail que je n’avais pas transmis ou une idée nouvelle. Cela a duré 18 mois. Puis, sans avertissement, la Direction a estimé que nos choix stratégiques étaient mauvais, d’un coup, comme ça, lors d’un comité de Direction. Un mois après, un séminaire était organisé pour que nous transmettions nos résultats. Et là, surprise, 3 nouveaux Managers nous ont été présentés pendant le séminaire comme étant nos nouveaux responsables, nouveaux décisionnaires et notre Directeur a été replacé le lendemain. Cet épisode a été terrible d’un point de vue émotionnel. Trahison et injustice nous ont envahis. Nous avons eu la sensation d’être incompétents, l’échec nous pesait. Ce n’était plus notre projet. Nous ne le méritions plus. Pourtant, nos connaissances étaient très exploitées par ses nouveaux Managers. Sans un maintien de la solidarité entre l’équipe initiale de 7 personnes, nous aurions sans doute déprimé, voire burné. Cela a été très difficile. Des pleurs, des colères, de terribles remises en question même à titre personnel, par rapport à mes enfants, mon conjoint. Etais-je encore crédible et susceptible d’être respectée en tant que personne. Pour retrouver le goût à ce projet, j’ai demandé une mutation et ainsi retrouvé la force d’aller au bout. J’ai surtout retrouvé l’équilibre entre ma famille et mon travail.

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