Le structuralisme Piagetien
Analyse sectorielle : Le structuralisme Piagetien. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Septembre 2013 • Analyse sectorielle • 5 660 Mots (23 Pages) • 1 219 Vues
Université de Nantes
UFR de Psychologie
Licence 1.
Cours de Psychologie du Développement
CM. M. Bernoussi
Le structuralisme Piagetien
Le monde dans lequel nous vivons contient des objets qui existent indépendamment de nous, il est aussi ordonné en fonction d’un ensemble de catégories et d’éléments comme l’espace, le temps, la quantité, la causalité. C’est un monde qui peut être conçu de façon abstraite. Comme adultes, nous ne réalisons que rarement ces caractéristiques de ce monde, mais qu’en est-il de l’enfant ? Les auteurs empiristes pensaient, par exemple, que la machinerie intellectuelle de l’enfant est peu différente de celle de l’adulte, la seule différence ne serait que d’ordre quantitatif au niveau du nombre d’associations et de connaissances. Les nativistes, comme Kant, mais aussi certains néo-innéïstes actuels, développent l’idée que les catégories conceptuelles de base, comme le temps, la quantité et l’espace sont disponibles très tôt chez l’enfant, elles feraient même partie de notre patrimoine et équipement cognitif à la naissance. Ces approches, en général, considèrent finalement l’enfant comme un adulte en miniature, et non comme un être qui se développe.
L’approche Piagetienne, comme d’autres approches de certains psychologues du développement, cherche plutôt à étudier les différences qualitatives dans le développement et tente d’élucider la progression de la construction des connaissances concernant le monde et les objets qui nous entourent. Piaget aborde le développement intellectuel de l’enfant, comme un embryologiste aborde l’évolution de l’embryon. Ce dernier, lors de son développement, passe par différents stades qui sont qualitativement différents. Pour Piaget, l’évolution intellectuelle implique des changements similaires. C’est une émancipation graduelle et progressive de l’immédiat, du présent, du concret, vers une conception plus symbolique et plus abstraite du monde.
La théorie proposée par Jean Piaget (1896-1980), demeure l’une des plus cohérentes dans ce domaine, et c’est probablement pour cette raison qu’elle continue de marquer la Psychologie du développement en général et particulièrement les conceptions sur le développement cognitif de l’enfant.
I. Objet de la théorie de Piaget
La question principale qui est à l’origine de la théorie de Piaget est comment les connaissances scientifiques se construisent ? Comment dans une science donnée on élabore les concepts et les connaissances ?
Devant la difficulté d’étudier cette question par les moyens classiques de l’épistémologie, Piaget a fait l’hypothèse que les connaissances scientifiques sont similaires à toutes autres connaissances, dans la mesure où l’acquisition de ces deux types de connaissances se fait toujours en partant d’une intuition avant d’arriver à une formalisation logique. Ainsi, dans le domaine de la science, le point de départ de toute recherche est une hypothèse (intuition), et ce n’est qu’après vérification (ou non vérification) qu’elle devient alors une connaissance. Dans la vie courante, quand on est confronté à une situation complètement nouvelle, nous tentons d’abord de la rapprocher des nos connaissances antérieures, et de voir comment on peut la résoudre à partir de ces connaissances. Dans cette étape on est au niveau de l’intuition et non de la certitude. La mise en œuvre d’une solution cette première fois, ne repose que sur l’intuition. En revanche, si on est confronté à cette situation une nouvelle fois, on utilisera alors nos connaissances antérieures issues de la fois précédente, et cette fois, il ne s’agit plus d’intuition, mais de connaissance. De ce fait, étudier la construction des connaissances peut apporter les mêmes informations que l’étude des connaissances scientifiques. La question qui se pose alors est comment aborder ce domaine ? En effet, si on s’adresse à un adulte, qui dispose de très nombreuses connaissances, il pourra nous renseigner sur les grandes lignes de ses acquisitions, mais certainement pas sur les détails, qui s’effacent dans la masse globale des connaissances. L’idéal serait donc de trouver un « système » qui part d’un état de moindre connaissance à un état de connaissance plus avancé, et de suivre la genèse et la construction de ces connaissances. C’est ce qu’on appelle l’approche génétique (de genèse et non de gènes), d’où le nom de la théorie de Piaget : épistémologie génétique. C’est grâce à ce détour interdisciplinaire que Piaget a été amené à étudier le développement de l’enfant et des structures de l’intelligence.
II. La conception piagetienne du développement
Pour Piaget, le développement psychologique de l’enfant est similaire au développement biologique, dans la mesure où dans les deux cas se développer est « marcher vers l’équilibre ». Sur le plan biologique, le milieu exige de l’individu de posséder un ensemble de compétences (savoir se nourrir seul, marcher …), à la naissance l’enfant ne peut pas répondre à toutes ces exigences. Il y a donc un déséquilibre entre les compétences de l’enfant et les exigences du milieu, mais plus il va se développer, plus il va combler ce déséquilibre et donc « marcher vers un équilibre ». Sur le plan psychologique, le développement joue le même rôle et permet de construire un équilibre entre les exigences du milieu et les compétences de l’enfant. Cet équilibre est issu d’une construction progressive qui devient de plus en plus stable.
Comme toute construction, celle qui concerne l’équilibre et le développement cognitif de l’enfant comporte deux éléments. Ainsi, quand on regarde un bâtiment par exemple, deux éléments apparaissent dans une telle construction : des niveaux différents (rez-de-chaussée, les étages…), mais aussi des éléments semblables (pour construire les différents niveaux, on a fait appel aux mêmes matériaux, au même savoir faire…). Dans le domaine du développement intellectuel de l’enfant, on constate aussi l’existence de niveaux différents ou structures variables, mais aussi un fonctionnement commun. Ainsi, si on compare un enfant à un adulte, on constate des différences frappantes au niveau de leur comportement, mais aussi des ressemblances. Prenons un exemple simple pour illustrer ces deux points.
Un adulte qui va voir un film au cinéma, il le fait parce que derrière cette
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