De La Punition à La Sanction éducative

I. INTRODUCTION

Mon parcours personnel m’a amené à évoluer dans plusieurs contextes notamment scolaires, professionnels mais aussi associatifs. Le théâtre par le biais de mon association et mon travail d’animateur en centre de loisirs m’ont conduit à devoir conjuguer avec une équipe et par la suite à apprécier ce travail en pluridisciplinarité. Aussi, l’éducation que j’ai reçue, basée sur la considération et le respect de l’autre en tant qu’individu, m’a fait cheminer vers le désir de vouloir aider les personnes qui n’ont pas eu de seconde chance. De ce fait, j’ai décidé d’emprunter le chemin de l’éducation spécialisée pour en faire mon métier mais aussi pour faire de l’aide que l’on peut apporter tous les jours une profession et mieux appréhender des concepts comme « l’accompagnement » ou « la relation ». Au cours de ma formation, qui n’est pas terminée, j’ai eu l’occasion de travailler quelques semaines en réinsertion professionnelle avec des personnes majeures de 18 à 59 ans, mais aussi dans une Maison Thérapeutique avec un public majeur souffrant de troubles psychiques pendant 7 mois, et enfin, cette année, en MECS avec des enfants âgés de 13 à 18 ans.

Au cours de ma première année de formation, je me suis principalement questionné sur la relation. La relation de confiance, la relation éducative sont des concepts qui m’ont interrogé et j’ai pu nourrir ma réflexion à partir de mes lectures, des contenus en formation mais aussi auprès des professionnels que j’ai eu l’occasion de rencontrer. J’ai également remis en question, sur mon terrain de stage, la cohérence de l’institution vis-à-vis de l’accompagnement qu’elle propose au public accueilli. C’est dans ce contexte que j’ai appris à développer les compétences attendues, relatives au Domaine de Compétences 1. Cette année, au sein de la MECS dans laquelle j’effectue mon deuxième stage, mes interrogations sont différentes. J’ai d’abord observé plusieurs situations qui m’ont questionné puis j’ai pris part à ces situations récurrentes en adoptant un positionnement identique à celui des autres professionnels. Mes doutes et questionnements face à ces pratiques ne sont devenus que plus importants et j’ai alors lu des ouvrages afin de comprendre les dysfonctionnements que je notais. J’ai ensuite adopté une posture professionnelle qui était mienne afin de comparer les deux pratiques, mon propre positionnement et celui de mes collègues.

Dans ce dossier, je vais exposer plusieurs situations et j’analyserai ensuite les différentes pratiques en m’appuyant principalement sur deux ouvrages : «Eduquer sans punir» de Thomas Gordon et «La sanction en éducation» d’Eirick Prairat.

II. PRESENTATION DU CADRE D’INTERVENTION

1. Présentation institutionnelle

La MECS dans laquelle j’effectue mon stage de deuxième année fait partie d’un site regroupant plusieurs unités, lui-même sous l’égide d’une association qui est régi par la loi du 1er juillet 1901. La principale mission de la MECS et de «faire face à une demande d’accueil immédiat ou en urgence en acceptant d’y répondre par la proposition d’un accompagnement adapté pour le jeune et sa famille». La MECS accueille notamment : des jeunes concernés par une mesure de placement judiciaire (Ordonnance de Placement Provisoire), des jeunes qui intègrent la structure dans le cadre d’un Accueil Provisoire ou dans le cadre d’un accueil d’urgence. Il s’agit d’un internat accueillant jusqu’à 13 jeunes âgés de 13 à 18 ans. La structure accueille également des Mineurs Isolés Etrangers.

2. Le personnel intervenant à la MECS

L’équipe travaillant à la MECS est pluri-professionnelle. Elle est composée d’un éducateur spécialisé, de 5 moniteurs éducateurs, d’une chef de service qui coordonne l’équipe et de 2 maîtresses de maison. À cette équipe s’ajoutent une psychologue et une infirmière présentes sur le site. Quant à la directrice et la directrice-adjointe, elles dirigent l’ensemble des unités du site. L’équipe éducative accompagne les jeunes au quotidien, du levé au couché, tout aussi bien dans leurs démarches qui sont liées à la scolarité, à la santé, à la famille etc. mais aussi dans les démarches préparant les jeunes à leur sortie de la MECS, notamment lorsqu’à 18 ans, ils accèdent au Service d’Accès à l’Autonomie. Ils assurent plus généralement l’entreprise des démarches de réorientation. L’équipe mène d’ailleurs des actions favorisant l’autonomisation et la responsabilisation des jeunes accueillis. Le quotidien s’articule de façon «classique» et les différents moments de la journée sont autant de supports, d’outils éducatifs pour l'équipe.

C’est dans ce contexte que j’évolue pendant mon stage de deuxième année et l’équipe m’a parfaitement intégré. J’ai su prendre ma place et participer à l’ensemble des activités déjà proposées par l’équipe tout en menant mes propres actions. Quant aux différentes démarches, ma position est celle d’un co-réferent sur presque toutes les situations. Je peux ainsi co-accompagner l’ensemble des jeunes accueillis, ce qui est très enrichissant.

III. PRESENTATION DES DIFFERENTES SITUATIONS OBSERVEES

Ici, je vais présenter plusieurs situations qui sont, pour moi, sources de questionnement. Lors de mes premiers jours au sein de la MECS, je remarque que mes pratiques, dans certaines circonstances, diffèrent totalement de celles de l’ensemble de mes collègues. Je ne comprends pas leur positionnement et je trouve leurs pratiques parfois absurdes. Mais je me remets tout de même en question car je suis le seul au sein de l’équipe à bousculer ces pratiques qui semblent ancrées dans les valeurs professionnelles de mes collègues.

1. Situation A

Bernard et Steven sont deux jeunes âgés de 14 et 15 ans, présents sur la structure depuis 1 an pour l’un et 2 mois pour le second. Ils ont pour habitude de fuguer : Tous les matins ils se lèvent à 7h00, prennent leur douche et leur petit-déjeuner puis partent s’en prévenir. L’école appelle à chaque fois la structure dans la matinée pour nous signaler l’absence des deux jeunes. L’éducateur en service prévient donc la chef de service et fait une déclaration de fugue qui est envoyée au commissariat. Tous les soirs, les deux jeunes rentrent sur la structure vers 20h00. La fugue est donc levée et le cadre d’astreinte est prévenu. Cette situation est récurrente et tous les soirs, quel

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