Analyse De L'argent

L’argent en tant qu’objet est un des plus banals qu’il soit. Cet objet banal est néanmoins doté d’un pouvoir symbolique considérable. Ce pouvoir symbolique permet à ce concept de s’infiltrer parmi la plupart des sphères de l’économie. L’argent est ainsi un fait anthropologique total. Freud l’a situé au croisement entre l’inconscient personnel et le monde réel. Nous nous attacherons à étudier ce concept d’un point de vue anthropologique et psychanalytique. Nous verrons pour cela dans une première partie l’émergence de ce concept dans nos sociétés, puis l’analyse que la psychanalyse en fait et pour finir le rôle qu’il joue dans la cure psychanalytique.

ANALYSE DE L’ARGENT.

A. RAPPORT SYMBOLIQUE ET PULSIONNEL DE L’ARGENT

Freud prête à l’argent deux propriétés fondamentales : celle d’acquisition du pouvoir et celle d’autoconservation. Ces deux propriétés reflètent les deux dimensions de l’argent : sa dimension symbolique : le pouvoir et sa dimension réelle d’objet : permet de survivre, l’autoconservation. Dans nos sociétés marchandes le symbole de l’argent est très puissant puisqu’il configure le principe de réalité de toute chose. On désire acquérir l’objet mais aussi le symbole qu’il représente. L’argent est l’objet d’un intérêt avant d’être le vecteur d’un désir.

La psychanalyse va s’attacher à comprendre les enjeux pulsionnels qui se cachent derrière la puissance symbolique de l’argent.

Pour Freud l’argent est l’équivalent de l’anal, des excréments. On retrouve cette relation chez beaucoup d’auteur comme Bourke, Ferenczi, Reik mais aussi dans l’histoire et la mythologie, Reik recueille l’aveu chez les Aztèques qui baptisaient l’or « la crotte des dieux » (teocutla) ou le mythe de l’or du diable qui se transformait en excréments dès que celui ci partait. Pour Ferenczi « l’argent n’est rien d’autre en somme de l’excrément désodorisé, desséché et rendu brillant » .

Mais Freud va s’attacher à décrypter l’origine de cette relation. Pour lui l’intérêt vient du passage à l’âge adulte : « l’intérêt originairement érotique porté à la défécation est destiné à s’éteindre dans les années de la maturité ; au cours de ces années apparaît quelque chose de nouveau qui a jusque la manqué à l’enfant : l’intérêt pour l’argent» . On passe du Kotinteresse : l’intérêt pour la crotte au Geldinteresse : l’intérêt pour l’argent. Freud utilise cette analyse dans l’Interprétation des rêves : mise en rapport de l’or (Gold) et de la crotte (Kot) .

On retrouve également cette relation dans l’examen des Rites Scatologiques de Bourke : « l’intérêt pour les excréments se trouve dévié vers d’autres objets comme l’argent » .

La pulsion anale qui risquait de disparaître lors de la maturité, réapparait grâce à ce nouvel aliment qu’est l’argent. Il se produit une sorte de « réaiguillage ». La valeur économique de l’argent n’est alors qu’une copie de l’objet anal. On comprend ainsi pourquoi l’intérêt pour l’argent n’est pas purement rationnel mais libidinal à rapporter à un plaisir infantile : le plaisir excrémentiel.

L’argent tire toute sa puissance de ces leviers pulsionnels ancrés dans l’enfance. Mais le meilleur reflet de cette puissance reste ces répercussions sur notre inconscient.

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