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L’interprétation des contes de fées.

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Par   •  8 Février 2018  •  Dissertation  •  1 576 Mots (7 Pages)  •  1 008 Vues

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Question 3

J’ai choisi d’étudier le conte de « Blanche-Neige » des frères Grimm car c’est celui qui m’a le plus marqué enfant puis jeune adolescente. Le conte commence ainsi : « Un jour de plein hiver, une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d'ébène et cousait. Tout en tirant l'aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua au doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu'elle se dit : « Si seulement j'avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rose que le sang, aussi noir que le bois de ma fenêtre ! » Peu de temps après, une fille lui naquit ; elle était blanche comme neige, rose comme sang et ses cheveux étaient noirs comme de l'ébène. On l'appela Blanche-Neige. » Grimm.

Le début du conte est original et marqué par une esthétique tout à fait frappante. Le contraste des couleurs est saisissant. Il s’agit de gouttes de sang sur de la neige, du rouge vermeil sur blanc cotonneux. On retrouve ce thème esthétique dans le livre « Un roi sans divertissement » de Jean Giono, où la beauté du sang sur la neige occupe une place centrale. Ce spectacle des couleurs me semble être l’expression d’une pulsionnalité intensément évoquée dont l’esthétisme frappe par son appel à l’inconscient qui sommeil en chacun de nous.

Comme Bettelheim, j’ai ressenti une symbolique sexuelle sous-jacente extrêmement frappante. Des gouttes de sang tombant sur la neige blanche virginale, m’évoquent le premier rapport sexuel d’une jeune femme. Où encore les premières menstruations. Ce qui est intéressant, c’est qu’un enfant nait de ses gouttes de sang, donc comme le suppose Bettelheim après le rapport sexuel nait l’enfant. « Ce n’est qu’après ce saignement que naît l’enfant. Ici donc, le saignement (sexuel) est étroitement relié à un heureux événement ; le jeune auditeur apprend, sans explications superflues, que, sans le saignement, aucun enfant, même pas lui, ne pourrait naître. » (Bettelheim,1976). Je trouve que cette métaphore des couleurs est particulièrement parlante et suscite des fantasmes sur une dimension préconsciente. C’est d’ailleurs l’aspect le plus intéressant des contes de fées ; la façon dont la lecture du conte va susciter inconsciemment des choses chez le lecteur sans que celui-ci s’en rende totalement compte. Le conte de Blanche-Neige me semble dans son ensemble reprendre le parcours initiatique de la sexualité et de l’accès à la féminité de la femme et c’est ainsi que j’ai choisi de l’interpréter en m’appuyant sur les auteurs.

Nous venons de voir la naissance de Blanche-Neige, qui en même temps est aussi, je trouve un résumé du conte puisqu’il correspond si on comprend symboliquement « le sang sur la neige » au le premier rapport sexuel et donc à l’accès à la sexualité de la jeune femme. Dans certaines versions du conte c’est la mère qui joue le rôle de la marâtre, mais celle-ci semble avoir été modifié même chez les Grimm. Suite à la venue au monde de Blanche-Neige, la reine décède et sa belle-mère, femme extrêmement belle et méchante consulte son miroir magique afin de savoir si elle est la plus belle. L’emploi du superlatif, « la plus belle » et l’objet du miroir qui se met à parler évoque bien la dimension narcissique du personnage. La reine doit être la plus belle, il n’est en aucun cas possible qu’il en soit autrement. L’atteinte narcissique serait alors trop forte. Il faut que Blanche neige périsse pour que le narcissisme de la reine soit préservé. A ce titre, l’interprétation de Marc Girard lorsqu’il dit « ce qui se trame apparait vite comme une question de vie et de mort entre deux femmes. Tout se passe, dans l’inconscient collectif, comme si la maturation sexuelle d’une jeune fille imposait la mise à mort d’une autre, en général plus âgée. » (Girard) me semble tout à fait approprier. La relation mère-fille n’est pas vécue ici comme lors d’enjeux de rivalité Œdipien. C’est une relation mère-fille destructrice, qui suppose que le narcissisme de la mère est trop atteint pour pouvoir laisser se développer sa fille en temps que femme. Et c’est lorsqu’elle atteint ses dix-sept ans, âge de transition et marquant l’accès à la sexualité, que la Reine apprends qu’elle n’est plus la plus belle femme du royaume mais que c’est à présent Blanche-Neige. Comme toutes les femmes vieillissantes, la marâtre se voit surpasser par sa belle-fille, condition inacceptable pour elle, qui n’a que sa beauté puisqu’elle incapable d’aimer. Comme le dit Marc Girard « La croissance en beauté de sa belle-fille étant effectivement inéluctable, il faudra donc que celle-ci disparaisse. » (Girard). La reine demande alors à un chasseur de tuer Blanche-Neige et de lui en rapporter

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