Avant et Après Snowden - fiche de lecture
Fiche de lecture : Avant et Après Snowden - fiche de lecture. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Luna Gauchot • 11 Mars 2020 • Fiche de lecture • 1 992 Mots (8 Pages) • 735 Vues
En 2013, la face du monde n’entendait que parler d’Edward Snowden. Jamais, une affaire de fuite d’information n’avait été aussi médiatisé. Et à juste titre. Edward Snowden, administrateur de système de la NSA et sous-traitant de Dell and Booz Allen Hamilton, dévoile à la presse des documents confidentiels qui révèlent des informations sensibles sur les renseignements américains de la NSA. Au total, au compte-goutte, plus de 100 documents sont dévoilés dans The Guardians and the Washington post. Parmi eux, on découvre que la NSA surveille des milliards d’utilisateurs internet et récolte des données et métadonnées qui enfreignent les droits des citoyens américains notamment les utilisateurs de l’opérateur Verizon sont surveillé, mais aussi ceux d’entreprise comme Apple, Facebook, Google , Youtube ou Microsoft. Également, Snowden dévoile que la NSA espionne plusieurs ambassades européennes et étrangères ainsi que le parlement de l’Union européenne en les mettant sur écoute. Mais surtout, Edward Snowden révèle l’existence de plusieurs programmes notamment Prism, Xkeyscore ou encore Boundless informant qui depuis 2007 permettent de faire des recherches ciblées et d’avoir un accès direct aux informations confidentielles de n’importe quel utilisateur d’internet. Ces informations concernent leur message privés, mails, historiques de navigation, de géolocalisation. Ces révélations questionnent le monde a plusieurs échelles nationales, internationales mais également dans une perspective politique. Cette affaire créer également des débats sur l’efficacité de ces révélations vis-à-vis de pouvoirs publics et des mesures internationales et qui par la même occasion ont pu compromette des agents sur le terrain ou des relations diplomatiques. Un débat sur l’impact réel de Snowden est soulevé. L’article « before and after snowden » de Steve Wright et Murakami publié en 2015 propose de replacer Snowden dans un historique des révélations contre la NSA depuis sa création, et d’inscrire ainsi Edward snowden dans un processus de long terme. L’auteur nous interroge également sur l’évolution des méthodes renseignements américains et sur leur éthique. Quel est le point de vue des auteurs sur les tendances du renseignement américain avant et après Snowden et quelles sont les limites de cet article ?
- Une vision anti – surveillance de l’auteur
- Relativiser l’impact Snowden en le replaçant dans une perspective historique
La thèse avancée par Steve Wright et David Murakami Wood dès le premier paragraphe de l’article est de relativiser l’impact des révélations de Snowden sur la sécurité et les renseignements et de l’inscrire dans un processus historique d’héritage des révélations. Ainsi l’auteur nous cite un à un depuis la création de la NSA en 1952 les différentes vagues de révélations qui ont été publiés sur les méthodes de la NSA. Initié dans les années 70 par le Washington post et le New York times mais aussi le magazine radical Rempart ces révélations conduisent à des procès condamnent la NSA et le FBI qui sont soupçonné d’espionner des citoyens américains issue de mouvement étudiants. Ces découvertes ont mené à une réglementation avec la création de la FISA en 1978 et du FISC. Les travaux de Campbell, révélant le programme Echelon ont été relayé par le parlement européen et permis de rendre véritablement public les méthodes de la NSA. Puis les années 2000, avec la naissance d’internet, on a vu se développer une dénonciation 2.0 avec Wikileaks puis Snowden qui s’inscrit dans cette vague. Il s’agit à ce moment de dénoncer quelque chose de bien plus large.
- Une vision engagée contre les politiques de la NSA qui replace Snowden dans un contexte contemporain.
L’article prend particulièrement position lorsque les auteurs évoquent dans cette chronologie les évènements du 11 septembre. Les auteurs prennent à ce moment dans une dénonciation. Cette date a marqué un tournant dans la politique des renseignements américains qui se sont mis à financer et à défendre de manière plus radicale la NSA, le FBI. Le 11 septembre selon les auteurs a toutefois renforcé une tendance déjà existante d’inquiétude face à internet. En effet, c’est à ce niveau que se situe l’intérêt de l’article. L’auteur donne son point de vue en disant qu’internet a toujours effrayé les puissances qui veulent le contrôler. Il fait référence à l’ancien président de la NSA Mike McConnell par exemple qui proposait de réingénier le système. En fermant l’internet, en faciliter surveillance NSA, avec une introduction de droit d’auteur et partage des fichiers de poste à poste, de censure et filtrage et ainsi le transformer en quelque chose lié à la conso et en faire un média de diffusion et non plus cet espace libre d’échange de savoir. Il compare même les puissances occidentales à celle de la chine en matière de contrôle de l’information.
Les auteurs replacent ainsi Snowden dans un contexte contemporain dans lequel le dénonciateur est directement lié au secteur privé entrepreneuriale et n’est plus un espion ou un haut fonctionnaire interne. Snowden s’inscrit également dans un contexte de crainte d’une perte de contrôle de la part des états vis à vis de nouveau moyen qu’est internet. Et à juste titre. Jamais l’information n’a été aussi facile, libre, massive et hors contrôle. Ici on peut faire un lien évident avec la thèse de Zygmunt Bauman and a.l dans After Snowden : Rethinking the Impact of Surveillance dans lequel ils mentionnent « Il ne faut donc pas comprendre les révélations sur les pratiques de surveillance à grande échelle de la NSA et consorts comme une polémique alimentée par les médias vouée à s’essouffler, mais comme les indicateurs d’une transformation bien plus profonde affectant la manière dont les frontières de la sécurité nationale fonctionnent. Cette transformation procède de la conjonction de trois processus qui vont s’articuler : la transnationalisation, la numérisation et la privatisation. »
- Un article très incomplet
Si je partage la vision de Wright et Murakami sur la tendance autoritaire des états en matière de surveillance, cet article est critiquable. En effet, inscrire Snowden dans une évolution afin de relativiser son impact ne me semble pas forcément pertinent. Snowden selon moi, et pour reprendre les arguments de nombreuses figures, diffère sur de nombreux point de ces prédécesseurs et son impact est surement plus grand qu’on ne laisse penser.
En effet, d’après la thèse d’Olivier Kempf chercheur à l’Institut de Relations internationales et stratégiques (IRIS), l’affaire Snowden représente une rupture stratégique. Tout d’abord l’impact de ses révélations est immédiat en termes de commerces et de diplomaties entre les US et les Etats espionnés. Les contrats d’armements et les contrats commerciaux avec la Russie, le Brésil ou encore l’Allemagne sont coupés. L’Affaire Snowden a eu des conséquences stratégiques sur le marché du cloud et de la sécurité informatique. Cela a été un levier d’influence sur les entreprises étrangères pour ne plus faire confiance au cloud américains et donc aux entreprises américaines. The Internet Technology and Innovation Foundation estimated that the backlash over US Internet surveillance would cost US cloud companies between $21.5 billion and $35 billion by 2016. Il en résulte une méfiance envers les Etats-Unis. Ces pays se sont protégés en contrôlant internet. Le Brésil, la Chine et La Russie ont adopté des mesures sévères de « data Sovereignty ». La Russie a censuré ces réseaux sociaux. On a le droit à un regain d’autoritarisme de la part des états.
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