Les Etats défaillants

Deux milliards de personnes vivent aujourd’hui dans des « Etats fragiles », des pays dont les gouvernements ne sont pas à même d’assurer les conditions minimales de sécurité et de survie à une partie importante de leurs populations. Des dizaines de millions vivent même dans des « Etats faillis», sous le règne arbitraire et brutal de milices, de groupes criminels et de seigneurs de la guerre. Si ces notions sont vagues et contestées, que les experts se chamaillent sur les qualificatifs et que certains gouvernements se scandalisent d’être ainsi indexés la réalité d’un archipel d’Etats vulnérables ou échoués s’impose à tous.

Garreth Evans, le président de l’International Crisis Group, à déclarer : « Aux côtés de la prolifération des armes de destruction massive et du terrorisme international, la question de la déliquescence des Etats est l’un des trois plus grands problèmes de sécurité des premières décennies du XXIe siècle ».

I) L’effondrement de l’Etat

A) Définition et classement.

Cette notion controversée d’« État en déliquescence » est apparue au début des années 1990 lorsque, après la chute de l'URSS et sa rapide décomposition, des théoriciens de la géopolitique internationale constatent que, depuis 1945, ce sont plus souvent des guerres civiles que conventionnelles que les États ont eu à affronter.

L'expression "Etat failli" n'a pas vraiment de définition officielle. Concrètement, on peut dire que l'Etat failli représente un Etat dans lequel rien ne fonctionne correctement, qui ne parvient pas à assurer ses missions essentielles.

Des indicateurs probants sont :

- un gouvernement central si faible ou inefficace qu'il n'exerce qu'un contrôle marginal sur son territoire (le niveau de contrôle attendu pour déterminer le niveau de déliquescence varie cependant selon les auteurs) ;

- la légitimité du gouvernement à prendre certaines décisions est contestée ;

- l’absence de services publics essentiels ;

- une corruption généralisée ;

- la présence de réfugiés ou des déplacements de populations ;

- une crise économique ;

- des relations conflictuelles avec les pays voisins

L'Etat fragile (weak states, en anglais) représente une réalité difficile à cerner précisément et qui varie selon les points de vue. Toutefois on peut commencer par dire qu'un Etat fragile est un Etat qui présente moins de risque qu'un "Etat failli".

Pour l'OCDE, "un État est fragile lorsque le gouvernement et les instances étatiques n’ont pas les moyens et/ou la volonté politique d’assurer la sécurité et la protection des citoyens, de gérer efficacement les affaires publiques et de lutter contre la pauvreté au sein de la population ».

Pour la France, si on ne se risque pas à donner une définition précise, on a proposé une grille de lecture des fragilités construite autour de cinq catégories de fragilité, elles-mêmes déclinables en plusieurs traits caractéristiques ou symptômes, en fonction des cas examinés :

- Défaillance de l’État de droit

- État impuissant

- État illégitime ou non représentatif

- Economie défaillante

- Société fragilisée

C'est en 2005 que le think tank américain Fund for Peace et le magazine Foreign Policy, fondé par Samuel Huntington, commencent à publier un indicateur annuel : The Failed States Index («Liste des États en déliquescence») qui ne comprend que les pays membres des Nations unies.

178 États sont intégrés à la liste en 2013

Cet indicateur est établi sur la base de douze variables. Pour chacune, une valeur de 1 à 10 est attribuée (0 le plus faible/plus stable). Le total de ces douze indicateurs se situe donc entre 0 et 120.

Les Variables :

- Pression démographique

- Mouvements massifs de réfugiés et déplacés internes

- Cycles de violences communautaires

- Emigration chronique et soutenue

- Inégalités de développement

- Déclin économique subit ou prononcé

- Criminalisation et délégitiment de l’état

- Détérioration graduelle des services publics

- Violations généralisés des droits de l’Homme

- Appareil de sécurité constituant un Etat dans un Etat (milices privées soutenues et protégées par l’Etat

-Emergence de factions au sein de l’élite

- Intervention d’autres puissances

Classement 2013 :

1. Somalie (114points)

2. République Démocratique du Congo (113pts)

3. Soudan (111 pts)

161. France (33pts)

178. Finlande (18pts)

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B) Un exemple : ????

II) La prévention des défaillances et la reconstruction des Etats.

A) La prévention des défaillances.

La prise de conscience de l’impact international des Etats faillis est réelle : la prévention des conflits est à l’agenda de la plupart des gouvernements et des donateurs occidentaux. Cependant, presque tout le monde admet aujourd’hui qu’il n’y a pas de solution miracle au problème des Etats fragiles, tant les causes en sont complexes, les « acteurs » multiples, et les actions à entreprendre immenses. Et malgré un discours alarmiste sur les Etats en crise, l’engagement concret de la communauté internationale reste bien en deçà des besoins requis. La plupart des Etats rechignent à engager leurs troupes dans des opérations de paix où elles risquent

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