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Le Pouvoir Politique

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Par   •  28 Janvier 2015  •  2 140 Mots (9 Pages)  •  1 187 Vues

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CHAPITRE I

Le pouvoir politique

Les sociétés modernes sont faites, au-delà des individus

qu’elles englobent, d’une multitude de groupes: familles,

associations, entreprises, groupements divers… au sein

desquels un pouvoir s’exerce. En tous ces groupes une

distinction apparaît en effet entre responsables et adhérents,

dirigeants et dirigés… en définitive entre ceux qui détiennent

l’autorité et commandent et ceux qui acceptent de suivre les

directives des premiers.

En ces sociétés il est, en outre, un pouvoir qui se superpose à

ces pouvoirs parcellaires et «qui se distingue radicalement

d’eux par la suprématie et la globalité de sa sphère d’intervention

» (B. Chantebout). C’est le pouvoir politique. Lui

peut intervenir à l’égard de tout et de tous. Lui peut intervenir

pour imposer ses décisions à tous.

L’origine du pouvoir politique, comme sa nature, demeurent,

malgré la réflexion des plus grands penseurs, une énigme.

Pourquoi et comment le pouvoir politique est-il établi?

Qu’est-il véritablement? Ces questions, auxquelles les philosophies

politiques ont cherché à donner une réponse,

subsistent. Subsiste «le mystère d’obéissance» (B. de Jouvenel)

qui se dégage de l’observation de la réalité sociale.

Subsiste l’interrogation sur l’application de la décision politique;

«comment il se fait qu’elle ait été acceptée par tout le

monde? » (M. Foucault).

Sans s’engager dans cette réflexion, on peut simplement s’intéresser

aux caractères du pouvoir politique et aux conceptions

que le XXe siècle a retenu à son égard.

SECTION I

LES CARACTÈRES DU POUVOIR POLITIQUE

Dans les sociétés primitives, le pouvoir peut être diffus. Dès

que l’on sort de ce stade d’évolution, il devient identifiable,

exercé par un ou plusieurs hommes à titre personnel ou au

nom d’une institution. Selon la classification retenue par

M. Duverger, le pouvoir politique apparaît comme un phéno -

mène naturel, un phénomène de force, un phénomène de croyance.

§ 1 – UN PHÉNOMÈNE NATUREL

Dans toute société humaine le pouvoir paraît naturel; son

absence est inconcevable pour l’esprit. «Dans la société, le

pouvoir apparaît comme un phénomène aussi naturel que

l’eau, le feu, la grêle dans l’univers physique.» (M. Duverger)

Comment expliquer cette perception qu’ont les hommes de la

nécessité du pouvoir? Sans doute, au plan rationnel, pourraient-

ils convenir qu’en l’absence de pouvoir le désordre

serait total et préjudicierait à chacun. Mais cela paraît insuffisant.

Plus suggestives paraissent les explications résultant de

l’application des enseignements de la psychologie et de la

psychanalyse à l’ordre du politique. La plus ordinaire de ces

explications est celle fondée sur le principe freudien selon

lequel «l’enfant est le père de l’homme». Ce principe, en

forme de boutade, signifie évidemment que l’homme adulte

est conditionné par une enfance que la singulière carence de

la condition humaine place pour longtemps, faute d’autonomie

vitale, dans la dépendance totale à l’égard des parents: la

10 LES RÉGIMES POLITIQUES DU MONDE CONTEMPORAIN

relation d’autorité initiale habituerait ainsi l’homme à ne

pouvoir se passer de pouvoir. Selon d’autres auteurs,

l’homme pendant toute sa vie chercherait, comme il le fait à

d’autres plans: sportif, social,… à s’identifier à un chef représentant

un idéal de son moi» et serait tout prêt à reconnaître

l’autorité incarnée par ce chef. Pour d’autres auteurs encore,

la relation politique s’expliquerait par le désir de soumission

existant en l’homme: «c’est de la soumission à la toute-puissance

de l’autre que le sujet tire sa satisfaction»

(M. Darcourt). En définitive, «la plupart des hommes sont

voués à l’entrain de l’obéissance» (R. Char).

§ 2 – UN PHÉNOMÈNE DE FORCE

La manifestation la plus évidente du pouvoir politique est la

force à laquelle il recourt s’il se sent ou est menacé. Le fait de

force est en lui-même parfois si dominant que la tentation

peut être de ramener le pouvoir politique à cette seule

donnée.

Cette proposition est évidemment excessive. L’observation

...

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