Le Pouvoir Politique
Recherche de Documents : Le Pouvoir Politique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bosstall • 28 Janvier 2015 • 2 140 Mots (9 Pages) • 1 199 Vues
CHAPITRE I
Le pouvoir politique
Les sociétés modernes sont faites, au-delà des individus
qu’elles englobent, d’une multitude de groupes: familles,
associations, entreprises, groupements divers… au sein
desquels un pouvoir s’exerce. En tous ces groupes une
distinction apparaît en effet entre responsables et adhérents,
dirigeants et dirigés… en définitive entre ceux qui détiennent
l’autorité et commandent et ceux qui acceptent de suivre les
directives des premiers.
En ces sociétés il est, en outre, un pouvoir qui se superpose à
ces pouvoirs parcellaires et «qui se distingue radicalement
d’eux par la suprématie et la globalité de sa sphère d’intervention
» (B. Chantebout). C’est le pouvoir politique. Lui
peut intervenir à l’égard de tout et de tous. Lui peut intervenir
pour imposer ses décisions à tous.
L’origine du pouvoir politique, comme sa nature, demeurent,
malgré la réflexion des plus grands penseurs, une énigme.
Pourquoi et comment le pouvoir politique est-il établi?
Qu’est-il véritablement? Ces questions, auxquelles les philosophies
politiques ont cherché à donner une réponse,
subsistent. Subsiste «le mystère d’obéissance» (B. de Jouvenel)
qui se dégage de l’observation de la réalité sociale.
Subsiste l’interrogation sur l’application de la décision politique;
«comment il se fait qu’elle ait été acceptée par tout le
monde? » (M. Foucault).
Sans s’engager dans cette réflexion, on peut simplement s’intéresser
aux caractères du pouvoir politique et aux conceptions
que le XXe siècle a retenu à son égard.
SECTION I
LES CARACTÈRES DU POUVOIR POLITIQUE
Dans les sociétés primitives, le pouvoir peut être diffus. Dès
que l’on sort de ce stade d’évolution, il devient identifiable,
exercé par un ou plusieurs hommes à titre personnel ou au
nom d’une institution. Selon la classification retenue par
M. Duverger, le pouvoir politique apparaît comme un phéno -
mène naturel, un phénomène de force, un phénomène de croyance.
§ 1 – UN PHÉNOMÈNE NATUREL
Dans toute société humaine le pouvoir paraît naturel; son
absence est inconcevable pour l’esprit. «Dans la société, le
pouvoir apparaît comme un phénomène aussi naturel que
l’eau, le feu, la grêle dans l’univers physique.» (M. Duverger)
Comment expliquer cette perception qu’ont les hommes de la
nécessité du pouvoir? Sans doute, au plan rationnel, pourraient-
ils convenir qu’en l’absence de pouvoir le désordre
serait total et préjudicierait à chacun. Mais cela paraît insuffisant.
Plus suggestives paraissent les explications résultant de
l’application des enseignements de la psychologie et de la
psychanalyse à l’ordre du politique. La plus ordinaire de ces
explications est celle fondée sur le principe freudien selon
lequel «l’enfant est le père de l’homme». Ce principe, en
forme de boutade, signifie évidemment que l’homme adulte
est conditionné par une enfance que la singulière carence de
la condition humaine place pour longtemps, faute d’autonomie
vitale, dans la dépendance totale à l’égard des parents: la
10 LES RÉGIMES POLITIQUES DU MONDE CONTEMPORAIN
relation d’autorité initiale habituerait ainsi l’homme à ne
pouvoir se passer de pouvoir. Selon d’autres auteurs,
l’homme pendant toute sa vie chercherait, comme il le fait à
d’autres plans: sportif, social,… à s’identifier à un chef représentant
un idéal de son moi» et serait tout prêt à reconnaître
l’autorité incarnée par ce chef. Pour d’autres auteurs encore,
la relation politique s’expliquerait par le désir de soumission
existant en l’homme: «c’est de la soumission à la toute-puissance
de l’autre que le sujet tire sa satisfaction»
(M. Darcourt). En définitive, «la plupart des hommes sont
voués à l’entrain de l’obéissance» (R. Char).
§ 2 – UN PHÉNOMÈNE DE FORCE
La manifestation la plus évidente du pouvoir politique est la
force à laquelle il recourt s’il se sent ou est menacé. Le fait de
force est en lui-même parfois si dominant que la tentation
peut être de ramener le pouvoir politique à cette seule
donnée.
Cette proposition est évidemment excessive. L’observation
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