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Quel Avenir pour la polyvalence de secteur ?

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Par   •  25 Mars 2013  •  2 944 Mots (12 Pages)  •  1 041 Vues

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uel avenir pour la polyvalence de secteur ?

Plus de quatre assistants sociaux sur dix sont employés par les conseils généraux, la majorité exerçant en polyvalence de secteur. Le modèle d’intervention de la polyvalence de secteur, conçu dans l’entre-deux-guerres, perdure mais est confronté aux mutations de notre société et à de nouveaux enjeux politiques, économiques et sociaux. Que va-t-il advenir ? Une réflexion et une approche construites à partir d’une expérience d’une pratique professionnelle en polyvalence de secteur, de lectures et de rencontres avec deux cadres de l’action sociale (lire interview)

Henri Sellier, maire socialiste de Suresnes (département de la Seine) de 1914 à 1941, puis ministre de la Santé du Front Populaire, est le concepteur de la polyvalence de secteur. Il tente de coordonner les interventions médico-sociales (désordonnées et souvent simultanées) des infirmières visiteuses et des assistantes sociales auprès de la population. Il initie ainsi, dès 1919, d’abord dans sa ville, puis au niveau national, la mise en place d’un service social familial polyvalent et territorialisé et préconise la création de comités départementaux de coordination des services sociaux.

La notion de polyvalence de secteur est cependant véritablement confortée et étendue à partir des années 1950 1 . La circulaire du 22 octobre 1959 la définit ainsi : « Elle met à la disposition des usagers, des assistantes sociales capables d’avoir une vue d’ensemble de leurs problèmes sanitaires, sociaux, économiques, psychologiques et de les aider à mettre en œuvre les moyens d’y porter remède avec le concours éventuel des services spécialisés ». La même année, un décret rappelle que la notion de polyvalence imaginée par Henri Sellier reste toujours étroitement liée à l’idée d’une coordination départementale des services sociaux : recenser les interventions des différents services sociaux pour mieux les concerter.

En 1964, l’État se réorganise. Il décentralise ses services, créant les DDASS (Directions départementales de l’action sociale), placées sous l’autorité renforcée des préfets. Cette réforme administrative est très importante pour le champ social. Un service social départemental unique est créé dans chaque département : il s’agit d’équiper, de couvrir les départements en assistantes sociales polyvalentes et de les implanter territorialement. La polyvalence devient le pivot d’un travail d’équipe pluridisciplinaire rassemblant les travailleurs sociaux intervenant auprès des mêmes familles (assistants sociaux, travailleuses familiales, puéricultrices, éducateurs, etc.). Les secteurs (3500 à 5000 habitants maximum) sont regroupés à l’intérieur de circonscription (50 000 à 70 000 habitants), lieux d’animation et de mise en cohérence de l’ensemble des interventions sociales du territoire. Cette organisation vise à ce que les assistantes sociales assurent un travail approfondi et cohérent auprès de la population dans une perspective de prévention sanitaire et sociale. La PMI (protection maternelle et infantile), avec ses possibilités d’approche systématique de toute la population quel que soit son niveau socio-économique, devient l’instrument le plus efficace d’une prévention précoce. Le travail en équipe, assistantes sociales, puéricultrices, permet d’améliorer les conditions de la naissance, de lutter contre la prématurité et de veiller au bon développement du petit enfant.

Décentralisation et polyvalence de secteur

Avec les lois de 1963 et 1986 sur la décentralisation, les départements se voient confier l’essentiel de l’action sociale jusque-là assurée par les DDASS. Conséquence pour le personnel : en 1984, 90 % des travailleurs sociaux des anciennes DDASS sont affectés aux départements, 10 % demeurent au service social de l’État. Ce changement d’employeur s’accompagne de la création d’un statut de l’agent territorial. Une troisième fonction publique (après celle de l’État et des hôpitaux), la fonction publique territoriale, naît de la décentralisation. La polyvalence reste toujours le concept central de l’action sociale des départements mais ceux-ci ont désormais entière liberté pour concevoir et mener son organisation territoriale. Certains départements vont ainsi continuer à privilégier le travail en polyvalence traditionnel dans le cadre des circonscriptions ou unités territoriales, d’espaces territoriaux ou de centres médico-sociaux. D’autres vont opter pour un travail par mission des assistantes sociales (accueil, enfance-famille, logement, insertion, personnes âgées et handicapées, etc.) ou un travail par objectif à partir de centres locaux d’action et de développement social.

Avec la décentralisation, les conseillers généraux doivent répondre aux problèmes de leurs concitoyens et sont confrontés à une logique de gestion et de maîtrise des dépenses sociales. Devenus payeurs et décideurs de l’action sociale, ils sont tenus de mettre en œuvre la politique de l’État mais aussi de définir leurs propres politiques sociales locales et leurs propres priorités. Les services sociaux placés sous leur autorité sont, eux, chargés de mettre en application ces dispositions.

Un modèle d’intervention théorique

La notion de polyvalence de secteur fait partie de la culture professionnelle des assistants sociaux. Au cours de leur formation initiale, les étudiants sont tenus de suivre un stage professionnel de formation en service social polyvalent de cinq mois minimum. Même si des aménagements et des dérogations ont pu assouplir cette disposition ces dernières années (compte tenu de la difficulté à trouver des terrains de stage en polyvalence), la polyvalence est encore un modèle d’intervention dans lequel se reconnaît la profession. Elle véhicule des valeurs professionnelles traditionnelles :

• Une approche globale, généraliste et fédératrice : le service social polyvalent a une approche globale et généraliste des difficultés des individus et des familles. Il traite de toutes les difficultés et est au cœur de toutes les interventions sociales qu’il doit coordonner et mettre en cohérence.

• Des relations de proximité avec les usagers et l’environnement : le service social polyvalent est proche des personnes qui ont besoin d’être aidées. Sa présence quotidienne, rassurante et accessible, se concrétise par la tenue de permanences, l’animation d’activités collectives dans des centres implantés sur le secteur et par la pratique de visite aux domicile des personnes. De par son assise géographique, la polyvalence

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