Professionels de la Politique

1. Les représentants politiques en tant qu’élite distinctive et groupe cohérent.

1. Une profession de la politique

Dans les systèmes politiques reposant sur une représentativité, le problème de légitimité politique à cause d’une représentativité inégale de catégories sociales est un facteur fondamental. Aujourd’hui encore il existe une sous-représentation des classes populaires (ouvriers, agriculteurs) et une surreprésentation d’élites intellectuelles.

Une explication provient des inégalités des ressources mobilisables selon les milieux d’appartenance :

Théorie « patricienne » des régimes représentatifs sans suffrage universel, critères de compétence dans le recrutement de fonctionnaires → notables issus de la haute bourgeoisie dominent.

Ainsi être représentant politique devient une carrière à part entière, qui s’accompagne de compétences requises → professions libérales et intellectuelles privilégiés par leurs facultés – avocats, hommes de loi, journalistes, enseignants. Dès la seconde moitié du XXe siècle on parle ensuite d’aristocratie de la fonction publique, « la Noblesse d’Etat » Bourdieu avec l’ENA.

Le représentant politique a accès à sa carrière politique à travers certaines compétences :

• Une formation juridique et administrative, les hauts fonctionnaires ayant une bonne connaissance des rouages et des lois de l’action publique peut envisager d’exercer le rôle d’élu pour les bénéfices symboliques que cela confère.
• Une bonne capacité de débatteur, par oral ou écrit (journalisme, barreau)
• Certaines professions du secteur privé sont propices à la politique : les grands patrons ont des facilités logistiques et relationnelles, mais l’embarras d’abandonner les affaires peut décourager ce type d’initiative.

Afin de conquérir la faveur des électeurs, tout comme le Prince de Machiavel, le représentant politique doit disposer de qualités de séduction auprès des électeurs. Certains traits psychologiques et des comportements partagées par les représentants politiques assurent donc un contrôle du terrain médiatique, leur notoriété en tant que personnalité politique. L’objectif étant de garantir leur progression au sein des positions de pouvoir. La souplesse d’adaptation, la persévérance, la résistance à l’agressivité d’autrui permettent d’écarter des rivalités. Aux sommets de l’Etat notamment, les hommes politiques doivent donner une impression d’authenticité, se conformer à des attentes de la part des électeurs qu’il représente.

1. Les représentants politiques, au sein d’une classe dirigeante unie et ou pluraliste

1. La thèse moniste

La thèse moniste : convergence profonde d’intérêts de toutes les fractions dirigeantes associées à l’exercice du pouvoir.

La thèse est inspirée du marxisme qui défend une unité profonde de la classe dirigeante et formulée par Wright-Mills dans The Power Elite 1956.

L’argument est tout d’abord appuyé sur les similitudes apparentes entre les diverses fractions d’une même classe dirigeante, qu’il s’agit des secteurs privés ou publics. L’origine sociale ou géographique, la formation intellectuelle notamment au sein d’universités/grandes écoles prestigieuses dont les diplômés forment une solidarité et des réseaux sont de bons indicateurs de l’appartenance à cette élite.

Erza Suleiman, dans Les Elites en France 1979, attire l’attention au phénomène en notant « la présence quasi-exclusive dans les postes de direction du secteur privé et du secteur public d’une élite partageant la même formation et la même origine. » Les anciens élèves de l’ENA et de X par exemple sont présents et influents dans la haute fonction publique, mais aussi la classe politique et le management des affaires. Les responsables politiques sont donc comparables aux responsables dans les affaires. Les hauts fonctionnaires, le personnel politique et la direction de grandes entreprises, experts de groupes d’intérêts dominants sont alors unis par leurs membres ayant une identité homogène.

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