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Peut-on encore avoir des secrets ?

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Par   •  17 Avril 2021  •  Dissertation  •  2 350 Mots (10 Pages)  •  705 Vues

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Roy Élise

Sujet blanc dissertation QC : Peut-on encore avoir des secrets ?

        « Vie privée pour les faibles, Transparence pour les puissants ». Ce slogan de l’Organisation Non Gouvernementale Wikileaks soulève une nouvelle exigence sociétale : celle de lever les secrets qui sont au cœur des instances de pouvoir. Au nom du besoin de vérité et de sincérité, la révélation s’impose comme essentielle à l’harmonie sociale. Une crise de la confiance remet donc véritablement en cause le caractère nécessaire des secrets au sein de nos sociétés contemporaines. Ce que soulève cette ONG, comme en témoigne la figure martyre de son créateur Julian Assenge, c’est que l’ombre entrave la lumière, que les secrets cachent une vérité qui nous est bénéfique. Or, cette demande de transparence qui s’applique à tous les espaces : au sein des entreprises, des gouvernements voire de sa propre intimité est grandissante et s’impose comme une volonté donc nous devons actuellement répondre. Les secrets sont donc mis à mal car leur fin est aujourd’hui exigée par ceux qui les perçoivent comme source de défiance et non comme un appui.

        Seulement, est-il réellement envisageable d’exiger la levée totale des secrets qui constituent nos sociétés et nos intimité ? Autrement dit,  il serait intéressant de remettre à plat le rôle de la transparence qui s’impose aujourd’hui comme une réponse à la méfiance qui émane des secrets. Est-elle réellement bénéfique ? Nous tenterons ici d’élucider ce mystère.

        Tout d’abord l’étude de cette volonté de transparence permettra de comprendre quelles sont aujourd’hui les valeurs de nos sociétés. Cela nous conduira ensuite à voir que le secret ne peut être évincé tant il est incrusté dans nos vies. La complexité étant que nous n’en prenons que rarement conscience. Finalement, ces deux questionnements préalables soulèveront que nous devons actuellement faire face à deux dynamisme, le secret et la transparence, qui nécessitent une gestion.

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        Actuellement, nos sociétés sont rythmées par le besoin de révélations. Les nombreux mots dièses qui affluent sur les réseaux sociaux soulèvent que nous aspirons à mettre à mort la vie privée dans un but d’acquisition de vérités. Autrement dit,  la Transparence bénéficie au bien commun, son harmonie est permise grâce à la levée des zones d’ombres. Il est ainsi intéressant de mettre en lumière le rôle déterminant des médias dans cette translation du pouvoir. Le règne de la transparence fait place aux secrets légitimes et protecteurs.

        En effet, les médias se place actuellement comme les intermédiaires qui permettent de passer du domaine privé au domaine public. Ce sont les journalistes, les lanceurs d’alertes mais aussi tout simplement les utilisateurs de réseaux sociaux, qui donnent leurs voix sur un espace ouvert à tous et à tout. La logique de révélations est perpétuelle et endémique. Elle se présente comme la réponse au besoin de s’abroger des secrets, alors perçu comme un frein à la vérité. La parole libéré qui est offerte par ces plateformes met sur un piédestal la sincérité là où la mise à l’écart d’informations impose une restriction de cette même parole. Il est intéressant de voir à quel point briser le secret peut être une aide : notons les vagues de soutient après les révélations d’abus sexuels et de viols sur les réseaux sociaux. La gestion de cette levée du secret, bien que apparemment bénéfique, est complexe. Le métier de journaliste atteste de cette difficulté entre la sécurisation d’une information qui pourrait atteindre la vie privé d’un individu et la mise en lumière de cette dernière au nom de la vérité. Incontestablement le secret est devenu une marchandise qui attire et qui favorise une cohésion du corps social.

        En ce sens il est intéressant de noter que cette ère de la transparence demandée par le peuple est reprise par le mouvement populiste qui lui aussi perçoit la vérité comme une absolue nécessité. Le discours semble t-il vrai de ces parti est appuyé par ces réseaux sociaux qui offre un cadre de parole plus large. Le numérique est indéniablement un appui pour briser les secret et offrir une place grandissante à la transparence. Ce que cette vague populiste soulève c’est que le secret ne semble pas y avoir sa place. La critique des arcanes politiques est en effet un mobile puissant de la demande de transparence et le populisme s’impose comme une réponse à ce problème. La revendication de transparence est donc éminemment morale puisqu’elle veut répondre à un crise de la confiance qui ruine la croyance en un gouvernement solide. Autrement dit elle s’impose, grâce à l’appui véritable des GAFA qui usent de cette politique de la transparence,  avec force et vaillance dans nos sociétés contemporaines et cherche à répondre à de nombreuses crises. L’envie de briser les secrets, c’est-à-dire de les évincer de la dynamique sociale, est permise car le peuple n’a plus conscience de leurs nécessité. Le côté bienfaiteur de la transparence est tellement mis en avant comme unique solution aux maux qui ronge nos sociétés, que le secret s’apparente aujourdh’ui pour beaucoup comme une pratique illégitime. Or, la transparence est-elle vraiment plus noble que le secret ?

Cela semble difficilement envisageable tant les secrets sont, bien que difficilement visible étant donné leur nature mystérieuse, constitutifs de nos individualité, de nos sociétés mais aussi de toutes les instances de pouvoir.

        Dès lors, il sera question de se demander qui règne véritablement en maître : un secret essentiel et omniprésent depuis des siècles ou une transparence qui cherche à se légitimer grâce au numérique ?

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        Vouloir la transparence totale est moralement est structurellement impossible car le secret est intimement lié à nos pratiques : aller chez le médecin, voter voire tout simplement vivre dans un cadre familial. Bien que la transparence cherche à le mettre à mal, le secret nous est tellement bénéfique et structurant qu’il est impensable d’imaginer une société sans secrets. Aujourd’hui, en tant que prérogative de sécurité, le secret est une pratique légitimé dont il est impossible de faire l’impasse.

        Les sociétés ont éminemment pour fonctions d’être un cadre sécuritaire aux individus. Des moyens doivent donc être mis en pratique pour que le danger soit évincé et la confiance maîtresse des interactions sociales. En ce sens, le secret professionnel, comme le soulève le professeur Bruny Py, est essentiel. Se mettre à nu chez son médecin en ayant l’assurance que cela reste dans la sphère du privé est un atout dont nous bénéficions. Notre intimité et préservée. De nombreuses autres instances de pouvoirs établissent un rapport du secret entre celui qui se dévoile et celui qui va apprendre. Par exemple, l’avocat Mathias Chichportich met en avant dans son ouvrage Mortel Transparence, que le secret doit rester la clef du dialogue social tant il établie des liens sincères et de confiance. Il prend à juste titre l’exemple du secret d’instruction qui en plus d’être un devoir moral et l’éthique même de l’avocat. Comment alors chercher la vérité si il n’y a plus de secrets à démystifier ? Le secret est véritablement une pratique complexe mais nécessaire. Comme le souligne Pierre Boutang dans son ouvrage Ontologie du secret, le secret est d’une part : » quelque chose qui ne doit pas se dire » mais « qui n’a de sens que pour être dit ». Nos sociétés cherche à user du secret en le bureaucratisant comme l’atteste l’institutionnalisation de la pratique du secret comme vecteur de confiance. La crainte du secret est alors apaisée. Alors, la critique puissance qui est menée contre le secret est davantage portée à la pratique régalienne du secret.

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