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Norbert Elias - La dynamique de l'Occident

Fiche de lecture : Norbert Elias - La dynamique de l'Occident. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2018  •  Fiche de lecture  •  1 458 Mots (6 Pages)  •  5 454 Vues

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Fiche de lecture : La dynamique de l’Occident, Norbert Élias

Dans cette étude sociologique qu’est La dynamique de l’Occident (paru en 1939), Norbert Elias s’interroge sur les mécanismes de monopolisation du pouvoir. Pour illustrer sa thèse il retrace l’histoire de nos sociétés occidentales sur près de dix siècles, en prenant toujours soin de se placer tantôt du côté de l’individu, et tantôt de celui du collectif. La rationalisation, tant des Hommes que des institutions, est au cœur de son propos.

Quelques mots sur l’auteur

Norbert Élias est un sociologue allemand (1897, Breslau – 1990, Amsterdam), professeur à Leicester en Angleterre en 1954. Son œuvre est axée autour du processus de formation des civilisations européennes. Ses ouvrages que l’on considère comme majeurs sont : La civilisation des mœurs (1939), La dynamique de l’Occident (1939), La société de cour (1969), Qu’est-ce-que la sociologie ? (1970), Sur le temps (1985), et Engagement et détachement (1987).

Analyse de la thèse

        Nos sociétés occidentales sont présentées comme résultant de la domestication d’un certain nombre de pulsions. Les mécanismes d’hégémonie sont toujours les mêmes, ‘De la seigneurie féodale au royaume’, ils caractérisent, du moins en partie cette « Sociogenèse de l’État (I) ». Dans une entreprise économique comme au niveau étatique, l’accumulation de biens précède la concurrence, avant la domination et l’hégémonie. Des petites seigneuries aux États, les processus de monopolisation sont également identiques : la population augmente, de pair avec les difficultés d’expansion, et cela se traduit par une augmentation de la compétition. La probabilité de voir se former une hégémonie incontestée reste toutefois moins forte dans un empire vaste, avec une interdépendance économique peu développée. Cependant un manque d’homogénéité peut être favorable au seigneur central qui devient arbitre des différends régionaux.

        Le « pouvoir social central » se veut alors garant du monopole militaire et financier, c’est ‘La loi du monopole’. Ainsi, dès le XIème siècle l’État se forme à partir d’un monopole central et d’un appareil de domination spécialisé. Élias livre une approche quasi-scientifique de la formation de monopole, il s’agit d’un déplacement de rapports de force avec une lutte continue pour le pouvoir. Toutefois, une trop grande accumulation des pouvoirs transforme le monopolisateur en exécutant de son propre système : il devient de plus en plus dépendant de ses subordonnés qui administrent son royaume créant une interdépendance. Progressivement, suite aux hausses des coûts, et au besoin d’expertise technique, le pouvoir de celui qui règne devient limité. À une autre échelle, la bourgeoisie constitue un monopole non organisé, impersonnel, destiné à un grand nombre d’individus avec à la clef une meilleure répartition des charges et bénéfices. Ensuite avec ‘La phase de concurrence libre’ au XI-XIIIème, deux questions apparaissent : la première générale de la formation des monopoles étatiques et la seconde de l’hégémonie des capétiens. Cette hégémonie est synonyme de perte d’indépendance pour certains, mais surtout de grands combats, la dépendance des petites dynasties à l’égard de leurs chefs féodaux est donc renforcée et des agglomérats se forment.

        Dans un mouvement contraire, s’ensuit ‘La phase des apanages’ aux XIV-XVème : il s’agit d’une nouvelle tendance à la décentralisation, avec une place plus importante pour l’argent, l’artisanat et le commerce. Ce sont les proches du seigneur central qui sont les principaux acteurs de cette décentralisation. Louis XIV est, par ailleurs, le premier à éloigner ses proches du pouvoir, pour éviter les conflits d’intérêts. ‘La victoire du monopole royal’ est un élément clef du monopole de domination : la contrainte physique et la force militaire apportent une certaine stabilité. Ce ‘mécanisme absolutiste’ s’inscrit dans deux grandes phases : d’une part celle de la concurrence libre, et d’autre part celle de la transformation progressive des monopoles privés en monopoles publics. La dépendance fonctionnelle du seigneur par rapport à ses serviteurs s’accentue (on évoque un « processus d’interdépendance de l’intérieur »). La situation peut se schématiser à l’aide de la phrase suivante : « l’heure d’un pouvoir central fort dans une société à haut niveau de différenciation approche, quand l’ambivalence des intérêts des groupes fonctionnels les plus importants est si marquée, quand les centres de gravité se répartissent si également entre eux, qu’il ne peut y avoir, de quelque côté que ce soit, ni compromis, ni combats, ni victoire décisive. » p111. En outre, pour se détacher et régner le souverain a besoin de tensions et non de coopération. Le schéma du mécanisme absolutiste repose ainsi sur une opposition entre les nobles et les bourgeois, qui car les tensions sont trop fortes ne peuvent aboutir à un compromis, sont obligés de s’en remettre au souverain. À la cour, les nobles sont alors sous la coupe du roi. Cette cour devient un gigantesque réseau humain très codifié avec des règles que le roi lui-même est obligé de suivre pour assurer la stabilité de l’ensemble. Cependant un tel système se révèle particulièrement coûteux, Norbert Élias en vient ainsi à aborder ‘La sociogenèse du monopole fiscal’, et il définit l’impôt comme le produit de l’interdépendance sociale. Les afflux de fonds consolident le pouvoir central. Les tensions, en arrière plan, finissent également par aboutir à une consolidation du mécanisme de domination royal.

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