Mort Et résurrection Du Photojournalisme
Compte Rendu : Mort Et résurrection Du Photojournalisme. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lavoituredu34 • 2 Novembre 2014 • 693 Mots (3 Pages) • 934 Vues
nt la puissance dévastatrice du tsunami de l’océan Indien ont été largement relayés par les médias, aussi bien par la télévision que par la presse écrite. Avec une stupéfiante rapidité, ils ont fait le tour du monde. La chose est parfaitement légitime compte tenu de l’ampleur, voire de la démesure des faits attestés. En même temps, ces images ont probablement daté la fin d’une époque pour le photojournalisme de témoignage documentaire. Ou, pour le moins, elles marquent un changement d’étape.
Dans un cas comme dans l’autre, ce qui les caractérise, c’est qu’elles ont été enregistrées par des amateurs et diffusées grâce à la technologie numérique. Que des non-professionnels aient pu ainsi témoigner de faits historiques ne constitue pas, en soi, une nouveauté dans l’histoire de la photographie. Radicalement neuves sont en revanche la transmission et la diffusion immédiate de ces images et, par conséquent, leur puissant impact sur les opinions publiques.
Si la publication des images de torture en Irak n’a finalement pas modifié le résultat de l’élection présidentielle américaine, elle a porté un coup redoutable – et durable (dans les pays musulmans et tout particulièrement au Proche-Orient) – à la posture de la « plus grande puissance du monde ». Difficile, après avoir vu ces clichés, de continuer à considérer l’Amérique de M. George W. Bush comme le lieu privilégié de la démocratie. Comment admettre que, pour convertir les Irakiens au respect des droits humains, il faille leur infliger des humiliations sexuelles dignes de mauvais remakes de pornos sado-maso amateurs, dans lesquels des hommes nus sont traînés en laisse, terrorisés par des chiens et exhibés comme des trophées de chasse par des geôliers posant devant leur prise ?
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Ce qui a radicalement et définitivement changé avec les épisodes d’Abou Ghraib et du désastre de l’océan Indien, ce sont le statut et la légitimité du producteur d’images documentaires de référence. Appareillé d’une caméra numérique, d’un appareil « photo » numérique ou d’un téléphone portable intégrant les technologies d’image fixe ou mobile, n’importe qui est désormais en mesure de produire, puis de diffuser via Internet les documents qu’il a enregistrés ou captés. C’en est fini de la toute-puissance – voire de l’arrogance – des professionnels. Tout un chacun est susceptible de réaliser, transmettre, donner à voir et à connaître ce qui s’est passé, ce qui est survenu. Ce qui implique a priori qu’aucun événement n’échappera plus à sa mise en image...
Cette réalité nouvelle interroge fortement à la fois les photoreporters, qui ont, depuis un siècle, décidé de dédier leur vie à la chronique de l’actualité, et les supports qui ont fondé leur fonds de commerce sur le fait de les publier.
Si n’importe qui peut (et c’est le cas) produire avec son téléphone mobile performant des documents essentiels, à quoi peuvent bien servir les professionnels ? Si les supports les plus puissants sont condamnés, face à la force de frappe de la télévision, qui diffuse immédiatement les documents, à chercher désespérément d’autres images et n’arrivent pas à convaincre, que reste-t-il aux professionnels ? […]
Seuls les auteurs-créateurs peuvent sauver une presse écrite moribonde
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