La stratégie de Alexandre Benalla

La stratégie Benalla

Le 5 novembre 2021, Alexandre Benalla est condamné par le tribunal de Paris à trois ans de prison, dont un an ferme. La condamnation tombe 5 ans après le début de l'affaire, affaire qui aura contribué à fortement endommager l'image du pouvoir présidentiel, entaché par les manigances autour de la personne d'Alexandre Benalla, et ce dans un contexte où la transparence des plus hautes sphères du pouvoir politique devient de plus en plus cruciale.

Dans quelle mesure l'affaire Benalla est-elle une atteinte en plein cœur du cercle macroniste ? Pourquoi l’Élysée a t-elle mis tant de temps à se désolidariser d'un simple agent de sécurité ? Ce sont de simples questions qui vont nous aider à comprendre la complexité de cette affaire et les ambiguïtés du personnage qu'est Alexandre Benalla.

Simple agent de sécurité, il connaît une ascension professionnelle en travaillant au service d'ordre du parti socialiste ; il est engagé pour la protection de Martine Aubry, puis celle de François Hollande et Arnaud Montebourg. Il entreprend très rapidement de se rapprocher de l'ancien ministre de l'économie du gouvernement Hollande, qui fonde un tout nouveau parti: En marche, dont il devient le responsable de la sécurité.

L'implication dans trois affaires, toutes entremêlées

Alexandre Benalla est à ce jour visé par six enquêtes judiciaires: «usurpation de la fonction de policier», «violences volontaires en réunion», «divulgation d’images de vidéos protection», «port d’armes sans permis», «utilisation frauduleuse de documents officiels», «faux et usage de faux et usage public sans droit d’un insigne». Revenons dans un premier temps sur la plus tristement célèbre, l’affaire des violences place de la Contrescarpe (Paris 75005) la journée du 1e mai 2018.

La manifestation du 1e mai 2018

Le premier mai 2018, le jour de la fête du travail, de nombreuses manifestations sont organisées aux quatre coins de la France, et à Paris, face à la police, la situation dégénère. Un important groupe de personnes s’en prennent aux forces de l’ordre: on les connaît sous le nom de black blocs. Alexandre Benalla s’est rendu à la place de la Contrescarpe en simple «observateur» (à ce moment là il est chargé de mission pour l’Elysée et coordinateur des déplacements privés et officiels du président): cette fonction signifie qu’il a le droit d’être sur place et d’observer les faits; toutes les actions de répression, et l’exercice de la «violence légitime» ne peuvent être menées que par des individus qui ont le titre de policier (ce qui n’est de fait, pas son cas). Avec son comparse, Vincent Crase (salarié de LREM), ils s’en prennent à un couple qui jetait des projectiles sur la police. Des vidéos circulent où Alexandre Benalla est clairement identifié; il en informe l’Elysée qui le suspend durant 15 jours. L’usurpation de la fonction de policier est passible de 45 000 euros d’amende et de trois ans d’emprisonnement.

Ce n’est qu’au moment où les faits sont relayés par le journal Le Monde que l’affaire est saisie par la justice. L’affaire prend une telle ampleur et produit un tel bruit médiatique que l’Elysée se voit obligée de se séparer d’Alexandre Benalla. Cette affaire montre les revers des différents collaborateurs de LREM et du Président de la République; bien que LREM ait tout fait pour protéger Benalla (de part la diffusion de montages trompeurs sur les réseaux sociaux ou encore les tentatives de décrédibilisation du journal Le Monde), les révélations sur l’affaire ont eu une grande résonance car sont un témoignage de la corruption au sein des plus hautes sphères du pouvoir. Les manigances du pouvoir autour de la personne d’Alexandre Benalla mettent en lumière de graves dysfonctionnements de l’Elysée, qui a préféré sauver un chargé de mission plutôt que d’appliquer les lois (où en serait Alexandre Benalla sans les révélations du journal Le Monde ?).

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