La participation politique et les inégalités sociales
Dissertation : La participation politique et les inégalités sociales. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar protosy • 7 Octobre 2016 • Dissertation • 2 332 Mots (10 Pages) • 2 609 Vues
Fournier Mathieu Dissertation Science politique 06/11
Sujet : La participation politique et les inégalités sociales
En 1996, Gérard Grunberg écrivait dans La Participation Politique : " La question de la participation politique a toujours l'objet de débats et de controverses dans la science politique"
En effet, la participation politique des citoyens ne se résume pas au fait de glisser un bulletin dans l’urne. Il existe une pluralité de façons de participer à la vie politique, étymologiquement à la vie de la cité. On peut définir la participation politique comme étant l'ensemble des activités individuelles ou collectives susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du système politique. Il existe différentes façons de participer à la vie politique. Ainsi on distingue d'une part la participation politique conventionnelle qui est forcément légale et qui ne remet pas en cause la légitimité du pouvoir politique. Elle comprend le vote, le référendum ou encore l'association. D'autre part, il y a des formes de participations politiques qui sont à la marge qu'on retrouve dans la catégorie de la participation politique non conventionnelle comme la désobéissance civile qui a pour but souvent d'interpeler le pouvoir judiciaire ou encore celles qui sont dans une logique plus contestataire, ou protestataire. Il y a certes des pratiques illégales mais aussi des formes légales de participation qui vont être rangées dans cette catégorie de non conventionnelle comme la manifestation, la grève, la pétition ou encore le boycott. La participation politique diminue si on regarde les modes de participations traditionnels mais d'autres moins connues deviennent plus importantes comme l'abstention.
Les inégalités sociales, elles, désignent les traitements différents qui peuvent avantager une classe sociale, un groupe ou un individu par rapport à d'autres et qui établissent des hiérarchies sociales. Les inégalités sociales se reproduisent dans le monde politique et se déclinent en inégalités politiques. Ces individus inégaux vont être critiqués par l’ensemble de la société comme des fautifs en appuyant l’idée qu’il y ait des responsabilités individuelles alors qu’en fait, ces responsabilités sont collectives et sociétales.
Dans quelles mesures les inégalités sociales influent t-elles sur la manière dont les individus vont participer à la vie politique ?
Il conviendra dans un premier temps d'étudier l'inégale influence de l'appartenance à une catégorie sociale des individus sur leur volonté de participer au jeu politique (I) puis dans un second temps que les inégalités sociales permettent d'expliquer un certain désintéressement de la population vis à vis du jeu politique et donc favoriser l'abstention (II)
I) L'inégale influence de l'appartenance à une catégorie sociale sur la participation politique
A) La notion de variables lourdes sur la socialisation politique de l'individu
Les inégalités sociales laisse à penser à un rapprochement de cette notion vers celle des catégories sociales où la socialisation joue un rôle moteur et notamment en fonction de la notion de variables lourdes dans l'orientation du vote de l'individu qui est la forme de participation L'idée générale selon laquelle il y aurait corrélation entre l'orientation du vote et les milieux sociaux est une thèse qui est ancienne et qui a été formulée par des sociologues américains comme certains qui viennent de l'université de Columbia autour de LARZARSFELD qui affirme : "« une personne pense politiquement comme elle est socialement ». C'est le fondement de ce que l'on appelle le paradigme de Columbia qui insiste sur les prédispositions politiques qui sont fonction du statut socioprofessionnel mais aussi de la religion et du lieu de résidence.
En France, on doit à MICHELAT et SIMON d’avoir mené une enquête sur la place de la classe sociale et de la religion dans l’explication du comportement politique. Ils observaient la France des années 1970 et affirmaient que les variables lourdes jouaient encore leur rôle. En effet, le clivage gauche/droite est toujours très fortement structuré autour de l’appartenance sociale et confessionnelle. Ainsi le monde ouvrier était encore très majoritairement tourné vers le Parti communiste. À l’inverse, les classes moyennes catholiques, qu’elles soient rurales ou urbaines, étaient toujours acquises aux valeurs défendues par les partis de droite.
Au delà de ces variables, ils mettent aussi l'influence du patrimoine, le niveau d'instruction, l'effet de l'âge et l'effet du sexe. Ce sont des variables qui peuvent en regrouper d'autres : ils montrent que les femmes votent plus à droite dans les années 70 mais elles sont aussi beaucoup plus des catholiques pratiquantes que les hommes.
B) Un certain déterminisme social, facteur d'inégalités
Sans parler d’un déterminisme absolu dont les individus ne pourraient se sortir, LAZARSFELD montre que le milieu social des électeurs a tendance à préorienter le vote.
On note que plus le niveau social (diplômes, revenus, profession) est élevé et plus la participation politique est importante, l’instruction étant la variable la plus déterminante ; il faut cependant nuancer en soulignant que cette situation se vérifie surtout aux extrêmes de l’espace social et peut varier selon la géographie (les agriculteurs peu diplômés sont plus actifs dans la vie locale que les cadres moyens ou supérieurs car dans les petites entités, les liens sont plus étroits et favorisent l’intégration).
S'il existe des conditions légales pour être électeur , il existe aussi des conditions sociales pour être électeurs, qui ont été mises en évidence à partir du constat qu'il existe un phénomène de retrait de la participation électorale d'une partie de la population qui détient pourtant formellement le droit de vote et qui remplie les conditions légales. Effectivement la non inscription sur les listes concernent environ 10% des personnes détenant le droit de vote. La non inscription sur les liste est beaucoup plus élevé dans les quartiers qui concentre les populations défavorisées socialement. BRACONNIER et DORMAGEN montrent qu'au début des années 2000 le taux de non inscription sur les listes dans ce qu'on appel les zones urbaines sensibles avoisine les 25% là où le taux moyen est de 10%. cette forte proportion rejoint les personnes manifestant un faible intérêt pour la politique, et participant peu politiquement.
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