La guerre au Yémen
Dissertation : La guerre au Yémen. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar rania girly • 4 Avril 2018 • Dissertation • 2 836 Mots (12 Pages) • 1 315 Vues
Yémen, la guerre oubliée
Au cours du XX ème siècle, le Moyen-Orient a été le théâtre de multiples conflits aussi bien régionaux qu’internationaux. Ces conflits sont issus des enjeux énergétiques, mais aussi frontaliers, chaque pays voulant être la puissance régionale. Aujourd’hui, avec l’émergence des groupes terroristes dans cette zone déstabilisée, le Moyen-Orient se retrouve plus que jamais au cœur des enjeux géopolitiques mondiaux et au devant de la scène médiatique internationale. C’est dans ce contexte que le Yémen, petit État en développement du continent asiatique se situant au niveau du détroit de Bab El Mandeb, a vu en septembre 2014 sa stabilité politique menacée. Alors qu’il était un pays plutôt pauvre et marginalisé du Golfe, le Yémen se retrouve en proie à une rébellion armée menée par une minorité ethnique et religieuse. Des démarches diplomatiques avaient été mises en route en décembre 2015 pour essayer d’établir une paix entre les différents acteurs, mais elles n’ont abouti à rien. Ainsi, après son départ du pouvoir, l'ancien président yéménite Ali Abdallah Saleh, 75 ans, dont trente-trois au pouvoir, renversé en février 2012 dans la foulée du Printemps Arabe est revenu sur le devant de la scène yéménite en 2015 en rejoignant les rebelles houthis pour reprendre le pouvoir. Mais deux ans après, le 2 décembre 2017, l'ancien président a annoncé rompre cette alliance avec les rebelles houthis, se rapprochant ainsi du camp saoudien. En tendant la main à Riyad, il espérait obtenir en échange une levée du blocus à l'origine de la situation humanitaire désastreuse du pays. Ce revirement est dénoncé comme une trahison par les houthis, ce qui a conduit à sa mort par les rebelles houthis, lundi 4 décembre, soit deux jours après avoir rompu leur alliance. Quel avenir pour le Yémen peut-il être envisager après la mort de l'ancien président Ali Abdallah Saleh ? Et sa mort mènera-t-elle à une scission du pays? De plus le président actuel du Yémen, Abd Rabbu Mansour Hadi quant à lui est en exil à Riyad laissant le pays sans réel chef d’état. Peut-on anticiper une nouvelle division du Yémen pour offrir une porte de sortie honorable à la coalition menée par l’Arabie saoudite? Dans un premier temps, nous verrons les origines du conflit yéménite qui est de plus en plus étendu et dans un second temps, qu'il atteint aux droits humains. Puis dans un troisième temps, le silence de la communauté internationale face à ce conflit.
I) Les origines d'un conflit de plus en plus étendu
Le 25 mars 2015, l’opération Tempête décisive (« Decisive storm ») menée par l’Arabie saoudite, lançait des frappes aériennes contre le groupe armé des Houthis au Yémen, déclenchant un conflit armé de grande ampleur. En plus des frappes aériennes incessantes des forces de coalition, les différents groupes rivaux s’affrontent au sol. D’un côté se trouvent les Houthis, un groupe armé dont les membres appartiennent à une branche de l’islam chiite connue sous le nom de zaïdisme. Les Houthis sont alliés aux partisans de l’ancien président du Yémen, Ali Abdullah Saleh. Face à eux, les forces anti-Houthis, alliées à l’actuel président, Abd Rabbu Mansour Hadi, et à la coalition menée par l’Arabie saoudite. Cette coalition comprend les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït, le Qatar, la Jordanie et le Soudan. Les États-Unis et le Royaume-Uni quant à eux ont fourni à la coalition un soutien essentiel en termes de renseignement et de logistique. Les civils sont ainsi piégés entre les deux camps. La guerre au Yémen est en proie à des problèmes politiques et diplomatiques typiques de la région du Moyen-Orient. En effet, le Moyen-Orient est caractérisé par la grande rivalité entre l’Iran chiite et l’Arabie Saoudite sunnite dans leur course pour la domination de la région. Ces deux grandes puissances pétrolières se livrent un combat depuis la chute de Saddam Hussein en Irak, condamné à mort et exécuté le 30 décembre 2006 par décision d’un tribunal, pour avoir le statut de puissance dominante de la région. Selon Laurent Bonnefoy, chercheur CNRS au CERI/Sciences Po, auteur du livre Le Yémen : de l'Arabie heureuse à la guerre, «L'engagement saoudien peut être lu comme le résultat de la montée en puissance du prince héritier Mohammed Ben Salmane qui a cherché au Yémen à se légitimer dès son accession au rang de ministre de la défense en janvier 2015». Ainsi, «Cette guerre était une manière pour lui de prouver sa valeur face aux princes plus expérimentés». De son côté, l'Iran joue un rôle bien plus limité au Yémen, en ne bombardant pas et en n'envoyant pas d'hommes. Un soutien financier et technique aux houthis est probable mais ne constitue pas le ferment de la rébellion quand bien même celle-ci s'inscrit de façon évidente dans une symbolique et un univers politique chiite. Au-delà d'une dimension confessionnelle, l'Iran voit sans doute dans ce conflit un moyen de pousser l'Arabie saoudite à s'enliser dans une guerre qu'elle ne peut pas gagner. Nous pouvons donc considérer le Yémen comme un miroir des problématiques persistantes dans la région. De plus, nous pouvons constater que l'aspect religieux de cette confrontation entre ces puissances n’est qu’une façade pour pouvoir avoir un impact économique, c’est-à-dire qu’ils vont essayer d’exploiter les ressources de leur pays alliés. En effet, le Yémen a un emplacement géographique stratégique, le Yémen représente la porte moyen-orientale du détroit de Bab El-Mandeb, passage clé dans les grandes routes maritimes internationales. Une grande partie des importations européennes et nord américaines provenant principalement d’Asie circulent par ce détroit. La prise du Yémen renvoie donc à une possibilité d’établir un certain contrôle sur ce passage, notamment de la part de l’Iran ou de l’Arabie Saoudite qui pourraient exercer une certaine pression économique sur l’Occident et ces pays ont intérêt non seulement à gagner la guerre pour renforcer leur statut de puissance régionale mais aussi pour l’exploitation des hydrocarbures et des littoraux. En effet, le Yémen possède des terres fertiles avec des zones bien irriguées et des oasis. Ils sont producteurs de fruits et légumes, de café de coton ou encore de tabac. L’avantage de ce pays est la répartition de ces ressources ; il est évident que la majorité de la production est effective sur les côtes mais le centre du pays est aussi exploitable. De plus, l'accès à la mer devient très intéressant pour le commerce via les routes maritimes mais aussi pour la pêche. Notons aussi que ces deux puissances, l'une désertique et l'autre montagneuse, convoitent le potentiel agricole du Yémen, d'autant plus que les ressources en pétrole s'épuisent et que le monde se prépare à une transition énergétique. De plus, le Moyen-Orient, en raison des déstabilisations politiques et économiques touchant la région depuis des décennies, a nourri le développement des groupes terroristes très puissants tels qu’Al-Qaïda qui se crée durant la guerre d’Afghanistan (27/12/79-15/02/89) ou encore Daesh (l’acronyme arabe de l’État islamique en Irak et au Levant) apparut pour la première fois en Irak en 2006. Dans le cadre de la guerre au Yémen, ces deux groupes sont apparus vers septembre 2015 profitant du chaos ambiant et du désintérêt international. Aujourd’hui, ces groupes constituent de nouveaux acteurs dans la guerre au Yémen. Loin d’être des alliés, ils sont en perpétuelle course pour avoir le plus de villes possibles. Ce bouleversement des rapports de force internationaux peuvent en parti expliquer le conflit yéménite mais pas son ampleur sur les civils qui sont piégés entre les deux camps.
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