La décision politique
Commentaire de texte : La décision politique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Emma Ponroy Nessah • 18 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 1 953 Mots (8 Pages) • 923 Vues
Synthèse
Dans le premier texte, celui de Sylvain Laurens, 1974 et la fermeture des frontières. Analyse critique d’une décision érigée en turning point, sont soulevées des interrogations quant à l’explication des décisions prises au sein de l’action publique : « jusqu’où faut-il remonter » ; « Quels acteurs retenir ? » ; « quels sont les processus ? ». Ce questionnement suscite en effet un intérêt particulier puisqu’une décision impacte de manière directe sur la société.
Ainsi, une décision peut être appréhendée comme l’action de choisir quelque chose, après délibération individuelle ou collective. Cette dernière est traduite par l’action publique, exercée principalement par l’Etat, par les gouvernants, qui ont pour visée d’exercer cette prise de décision. Ces décisions sont parfois contestées par une portion plus ou moins importante de la société, or, ces dernières résultent bien souvent d’une procédure longue et plus complexe qu’il n’y paraît. L’analyse décisionnelle apparaît dès lors comme un enjeu crucial, qui, par le biais d’un examen approfondi, permettrait de mettre en lumière les différents problèmes, freins ou entraves à la prise de décision. De ce fait, il s’agira de s’interroger sur la manière dont sont orchestrées les décisions dans le cadre de l’action publique.
- Les rouages de la prise de décision
Expliquer une décision se révèle être totalement légitime, et pour se faire, on établit des causes, des facteurs qui seraient de ce fait liés à cette prise de décision.
- Les différents mécanismes et procédés au cœur du processus décisionnel
C’est ainsi que dans le premier texte, l’auteur met en évidence des éléments qui justifieraient la suspension officielle de l’immigration en 1974. Cette dernière serait en effet perçue, entre autres, comme une résultante de la crise économique. Cependant, Sylvain Laurens questionne ce lien de causalité en soulevant le fait que l’explication devrait avoir pour nature « comment » et non « pourquoi » dans l’intérêt de tous. De plus, l’auteur souligne un fort décalage entre le cheminement, la démarche interne, et la visibilité publique, ce que l’on retient de cette prise de décision. Ce phénomène apparait en effet peu représentatif puisqu’il masque, dissimule voire fait oublier les interactions relatives à l’élaboration de la décision. Or, ces interactions sont loin d’être négligeables. Pareillement, le second texte de Bastien Irondelle : La réforme des armées en France, Paris, Presses de Science Po, 2011, montre la prégnance de ces dernières : « de multiples interactions dont la combinaison forme la décision ». Cet élément met en lumière le rôle central des interactions, que l’on doit, d’après l’auteur, analyser si l’on souhaite comprendre une décision.
Néanmoins, ce système d’interaction apparait complexe, ainsi, toujours dans le second texte, le modèle organisationnel issu de la théorie de Graham T. Allison dépeint l’absence d’un système clair, transparent et logique et décrit plutôt : « des processus décisionnels hybrides, plus complexes et ouverts que la simple routine » avec des organisations « dont le comportement est régi par des procédures standardisées et une culture interne ». Mais si cette prise de décision est si indéchiffrable, cela résulte de l’opacité de la hiérarchie et des acteurs qui régissent la prise de décision ; ces mécanismes et ces interactions découlant de l’œuvre de différents acteurs.
- Intervention d’acteurs et autres facteurs déterminant au résultat final
Dans le cadre de l’analyse décisionnelle, les chercheurs tentent de retranscrire au mieux la prise de décision. Ils se demandent alors : « quels acteurs retenir ? » (Texte 1). Cela dénote du rôle particulier et essentiel de ces acteurs. Pour mieux appréhender les dispositifs décisionnels, certains modèles ont été admis, comme le « modèle rationnel de la décision politique » de Graham Allison et Philippe Zelikow présenté par le texte n°2. Ce dernier admet qu’une prise de décision résultent d’un « acteur unique ou du moins unitaire » et d’une « distinction claire entre le décideur et les services chargés d’exécuter la décision ». Cette conjecture supposerait donc une décision simplifiée car elle serait le fruit d’un seul acteur. Toutefois, Bastien Irondelle nie ce modèle en proposant une conception plus complexe reposant sur un « puzzle d’institutions, disposant d’intérêts propres, de cultures spécifiques, de ressources inégales ». Mais alors, si ces acteurs sont multiples, différents et opposés, de quelle manière peuvent-ils parvenir à se mettre d’accord ? Ainsi, le rôle des interactions est crucial mais il reste à les définir plus précisément. Pour se faire, le texte 4 d’Alexandra Jönsson, « Incrémentalisme », Dictionnaire des politiques publiques, Paris, Presses de Sciences Po, 2014 peut servir d’appui. Il y est décrit un mécanisme permettant une entente entre les acteurs, Alexandra Jönsson parle de « consensus », moyen unique d’obtenir une décision « juste ». Des « négociations », du « marchandages » ou encore des « compromis » seraient nécessaires à l’élaboration d’une décision. Les acteurs ayant des intérêts divergents, cette solution semble envisageable, éloignant le risque de conflits. Cependant, la viabilité de la décision prise à l’issu de ce « consensus » parait compromise. En effet, on peut s’interroger sur la capacité des acteurs en tant que tels à prendre des décisions pertinentes, logiques, censées. Le texte 3 de Philippe Cabin, « Invitation à la lecture de James March » Sciences Humaines n°112, janvier 2001, montre l’incompétence des acteurs dans la prise de décision. Ainsi, Philippe Cabin explicite l’ouvrage Les Organisations de James March et évoque sa théorie de la rationalité limitée qui démontre l’inaptitude des individus qui seraient « mal informés, pris par le temps » et dont les choix seraient influencés par « la situation, leur niveau d’information, leur disponibilité, leur système de valeurs ». Ces facteurs feraient obstacles à une certaine lucidité et compromettraient le choix final. Cela constitue une faille dans la recherche d’explications ainsi qu’au sein du processus décisionnel.
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