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La droitisation à l'anglaise : évolution du parti UKIP

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Par   •  7 Septembre 2016  •  Dissertation  •  2 870 Mots (12 Pages)  •  671 Vues

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Le retour au Thatchérisme : la pression idéologique d’UKIP

  1. Evolution du rapport de force : la droitisation de l’électorat conservateur

  1. Les législatives de 2010 : une victoire pour les conservateurs face à un UKIP inexistant

Les élections générales en 2010 marquent le grand retour du parti conservateur. Deux ans après le début de la crise, la gestion budgétaire du parti travailliste est sanctionnée. Profitant de l’échec des travaillistes en termes de déficit, de croissance et de chômage, le parti conservateur parvient aussi à susciter un certain espoir. Cameron insuffle une image moderne au parti conservateur et offre un horizon aux classes moyennes britanniques avec la Big Society.

Le résultat est flagrant. Avec 298 sièges[1], le parti conservateur gagne les élections. Cela est notamment dû à la conquête de nombreuses circonscriptions travaillistes et libérales-démocrates (95 circonscriptions basculent dans l’escarcelle du parti conservateur) tout en maintenant ses positions (seuls 3 sièges basculent du parti conservateur vers un autre parti).  Le parti conservateur réuni près de 10 millions d’électeurs (9,931 millions) sur 25 millions de suffrages exprimés. En nombre de voies, il progresse de seulement 3,9 %. Le scrutin majoritaire uninominal à un tour lui est largement favorable.

Cette victoire se fait surtout au dépend du parti travailliste. En nombre de voies, le parti libéral-démocrate ne progresse que de 1,3%. Cela lui garantit un gain net de seulement 8 sièges (12 sièges gagnés, 4 sièges perdus), ce qui porte son nombre de parlementaires à 43. Il recueil 6,076 millions de voies et 24.2 % des voies.  Sa progression électorale et son statut de parti charnière ne lui permettent pas de s’imposer outre-mesure. C’est le parti travailliste qui perd beaucoup de sièges et d’électeurs. Avec 7,042 millions de voies, son score relatif recule de 7,4%. Il conquiert peu de bastions conservateurs (2 sièges seulement) et perd de nombreuses circonscriptions (89). A la suite de l’élection, il conserve 191 sièges.

UKIP est encore inexistant. Il recueil 866 000 voies soit 3,5 % des voies. Il enregistre un progrès très relatif de 0,9% et n’obtient aucun siège au parlement. Surtout, ses thèmes de prédilection, la construction européenne et l’immigration ont été peu abordés par le candidat conservateur, en tout cas pas dans les termes dans lesquels UKIP aurait voulu les aborder. Surtout, David Cameron a pris des positions très libérales sur le plan sociétal et nettement moins eurosceptiques que ses prédécesseurs conservateurs.

La faiblesse d’UKIP est remarquable. Cependant, il ne faut pas surestimer le poids du parti conservateur. Celui-ci n’obtient pas la majorité absolue à la chambre basse. Il doit composer et s’allier  avec les libéraux-démocrates pour gouverner. Cette situation est assez rare pour être soulignée. C’est la première fois depuis des décennies que les élections législatives donnent lieu à un « hung parliament ».

  1. La montée en puissance d’UKIP à partir de 2012 jusqu’à la victoire des européennes

Jusqu’en 2012, UKIP est inexistant[2]. Sa progression est très faible notamment aux élections locales. Le parti conservateur mène toujours la danse. On peut le voir à l’occasion des élections locales partielles qui se sont tenues au Royaume-Uni le 5 mai 2011. Le parti conservateur obtient 5 108  conseillers[3]. Il obtient ainsi 157 conseils de comtés, un score en progrès de 4 conseils de comtés. UKIP est alors inexistant électoralement. Il obtient seulement 7 conseillers. UKIP n’est même pas en tête des petits partis : les verts gagnent 14 sièges en obtenant 79 conseillers. UKIP est en tout cas très loin de bousculer les trois forces politiques majeures. Le parti travailliste gagne 857 sièges de conseillers et 26 conseils de comtés au dépend des libéraux-démocrates qui perdent 747 conseillers et 9 conseils de comtés.

Les élections de parlementes régionaux au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord nous donnent peu d’informations quand à l’évolution du rapport de forces entre UKIP et le parti conservateur. Elles nous donnent surtout des informations sur les rapports de forces entre les partis en faveur de la dévolution[4] et ceux en faveur de l’union. Lors des élections régionales écossaises, UKIP n’est même pas comptabilisé comme tel dans les chiffres.[5] Ce parti est très impopulaire en Ecosse à cause de son euroscepticisme, de son libéralisme et de sa défense d’un Royaume-Uni uni mais fédéralisé.[6] Le parti conservateur, habituellement minoritaire en Ecosse tant aux élections législatives qu’aux élections régionales, obtient 12.36 %[7] des voies. Il limite les pertes en ne perdant que deux sièges. Le parti travailliste obtient 26.31 % des voies et le parti nationaliste écossais obtient 44.04  % des voies. Ce n’est donc pas en Ecosse que la pression d’UKIP s’exerce sur les conservateurs. Le parti libéral-démocrate continue sa chute libre depuis qu’il est au pouvoir. Il perd onze de ses seize sièges en n’obtenant que 5.2 % des voies.

Au Pays de Galles, les choses sont un peu différentes. La pression régionaliste et indépendantiste est moins forte. Le parti travailliste et le parti conservateur dominent le scrutin régional de mai 2011 avec respectivement 36.9 % des voies et 22.5% des voies.[8] Le parti gallois, le plaid Cymru, n’arrivent qu’en troisième position avec 17.9% des voies.[9] Il faut quand même noter qu’UKIP se classe premier des petits partis avec 4,6%, des voies se rapprochant par là des libéraux-démocrates, en chute libre depuis 2010, qui obtiennent 8% des voies et perdent un siège.  Cependant, cette bonne performance d’UKIP est à contrebalancer avec la belle performance du parti conservateur qui gagne 2 sièges par rapport aux élections de 2007. En Irlande, le scrutin est très particulier puisque ni le parti conservateur, ni le parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) ni le parti travailliste ne sont inscrits de manière indépendante sur les résultats.

Les élections locales de 2012 sont un bon test pour mesurer  l’implantation locale du parti pour l’indépendance du Royaume-Uni après de beaux résultats aux élections législatives partielles[10].  30 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. C’est une belle victoire des travaillistes qui totalisent 39 % des voies et remportent trente-deux comtés de plus. Le parti conservateur cesse de faire illusion et chute : il obtient 31% des voies et perd douze comtés.  Les libéraux-démocrates poursuivent leur chute inexorable en recueillant 16 % des voies et perdant un comté. Ils atteignent leur score le plus bas depuis 1988.Ce qui est le plus remarquable en revanche, c’est la poussée d’UKIP. Il a recueilli 14 % des suffrages soit le score le plus élevé de son histoire à des élections locales. Cependant, il n’obtient que 9 conseillers et 0 conseils de comtés en raison du mode de scrutin en vigueur.  Avec les élections législatives partielles, les élections locales sont un marqueur du succès d’UKIP.

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