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La Hongrie de Viktor Orban face à l'Europe

Étude de cas : La Hongrie de Viktor Orban face à l'Europe. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2016  •  Étude de cas  •  6 255 Mots (26 Pages)  •  774 Vues

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  1. Introduction

Après la fin de la Guerre Froide, la Hongrie ainsi que les autres pays d’Europe centrale et orientale (PECO) ont entamé un processus de transition économique et politique, un enjeu majeur pour l’adhésion aux organisations représentantes du bloc occidental, que sont l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et l’Union Européenne.

Le République de Hongrie perd son adjectif de « socialiste » en 1989, rejoint l’OTAN en 1999 et l’Union Européenne en 2004. Cependant, malgré son arrimage occidental, aujourd’hui la Hongrie semble connaître une crise identitaire.

Viktor Orbán, qui fut déjà premier ministre de 1998 à 2002, obtint une victoire écrasante aux législatives de 2010, dans un contexte de grave crise économique et de scandales liés aux gouvernements socialistes, au pouvoir depuis 2002. Avec une majorité des deux tiers à l’Assemblée Nationale de Hongrie, il fait voter en 2011 des lois controversées concernant les systèmes de retraite et la liberté de la presse, ainsi qu’une nouvelle Constitution considérée comme très conservatrice. Cela lui vaudra de nombreuses critiques de la part des médias occidentaux et des institutions de l’Union Européenne, et le lancement de procédures afin d’évaluer l’adéquation de ces mesures à l’acquis communautaire européens et aux valeurs défendues par l’Union.

De nombreux travaux se sont efforcés d’évaluer le caractère démocratique des lois votés par le gouvernement, ainsi que les raisons de la popularité du premier ministre, réélu en 2014, malgré les nombreuses controverses autour de ses réformes. Ainsi le problème posé est le suivant : Comment sont perçues les politiques de Viktor Orbán par les institutions européennes ? Et par extension, possèdent-elles de réels moyens de le faire fléchir sur certains sujets ? Afin de répondre à ces questions, le développement de l’argumentation se fera en deux points :

Une première partie sera consacrée à l’analyse de la politique de Viktor Orbán et de ses fondements idéologiques, en montrant qu’elle s’articule autour de trois aspects, la galvanisation du nationalisme, lui-même trouvant sa source dans un puissant sentiment irrédentiste, au rejet du libéralisme occidental, qui a déconstruit l’Etat social tel qu’il était du temps du régime communiste, ainsi qu’une mainmise sur tous les centres de pouvoir par le premier ministre et son parti..

La seconde partie montrera quelles sont les résistances face à la politique de Viktor Orbán. Tout d’abord, les institutions européennes, qui malgré un manque de moyen de pression, tentent de faire reculer le premier ministre sur certains points, ensuite que ces critiques se heurtent à la conception de la souveraineté et du rôle de l’Union Européenne selon Viktor Orbán, et enfin que l’opposition, divisée et une société civile sous pression peinent à faire entendre leur voix dans le pays.

  1. Les fondements idéologiques de la politique de Viktor Orbán.

  1. I - La galvanisation du nationalisme

Le 4 juin 1920, le Traité de Trianon organisa le démantèlement du Royaume de Hongrie, l’une des entités constituantes de l’Empire de Autriche-Hongrie. Le pays perd plus des deux tiers de son territoire, et de nombreux hongrois se retrouvent minoritaires dans les Etats nouvellement crées.  Aujourd’hui, la Hongrie compte près de 10 millions d’habitants, et on dénombre un peu moins de 3 millions de personnes appartenant aux minorités magyares vivant en Europe centrale[1].  Si les débats sur les conséquences du étaient interdits au cours de la guerre froide,  l’on assiste aujourd’hui à une résurgence de cet irrédentisme Hongrois. Les pertes territoriales et démographiques sont encore considérées aujourd’hui comme une humiliation. De nombreux Hongrois semblent en effet cultiver la nostalgie de la « Grande Hongrie », ce qu’attestent les excellents scores obtenus par le parti d’extrême droite Mouvement pour une meilleure Hongrie (Jobbik) aux dernières législatives, ce parti fustigeant sans cesse le Traité et des pertes qu’il a occasionnées sur la Hongrie[2].

Viktor Orbán et le Fidesz ne vont pas jusqu’à remettre en cause le Traité, mais leur politique en faveur des « magyars d’outre-frontière » s’inscrit dans cette l’idée qu’il faut réparer une injustice. Dès son premier mandat de 1998 à 2002, Viktor Orbán, fait voter une loi le 21 juin 2001 –à la quasi-unanimité - pour que la Hongrie octroie un statut à ces minorités[3]. Cette volonté de rapprocher la Hongrie de ses minorités voisines, politique éminemment plus consensuelle que la dénonciation du Traité de Trianon, est inscrite dans la Constitution, depuis en 1989, et réaffirmée dans celle de 2011[4]. Cependant, du fait de l’importance de ces minorités pour la Roumanie (environ 1.5millions) et la Slovaquie (500 000), ces deux pays l’ont vu comme une atteinte à leur souveraineté et ont appelé l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe à rendre des évaluations concernant cette loi. Le 21 octobre 2001, la Commission de Venise[5], dans son rapport, dénonce l’adoption unilatérale de cette loi, alors qu’elle a des conséquences sur les citoyens de pays voisins de la Hongrie mais affirme qu’un « Etat-parent » ou « kin state »[6] a le droit de protéger ses minorités à l’étranger, bien que cela doive se limiter à l’éduction et la culture. Sous la pression de l’Union Européenne, le nouveau gouvernement Hongrois signa en 2003 des accords avec la Roumanie et la Slovaquie, vidant de sa substance la loi controversée.

De retour au pouvoir depuis les législatives d’avril 2010, Viktor Orbán, qui cette fois semble être décidé à ne plus se laisser influencer par les organisations supranationales, fait voter une loi facilitant l’accès à la nationalité hongroise des membres des minorités magyares dans les pays voisins, à conditions de montrer une connaissance la langue hongroise et de prouver une ascendance hongroise[7]. Seule la Slovaquie réagit avec force en interdisant la double nationalité, les Slovaques choisissant la nationalité hongroise se voient alors privés de leur nationalité d’origine[8].

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