L'appel de Cochin

Commentaire :  L'appel de Cochin

        Dans les années 1970, la construction européenne est confrontée à deux courants majeurs. En effet, d'un côté on retrouve les « fédéralistes » et d'un autre les con-fédéralistes qui défendent la mainmise et la souveraineté de chaque État dans les institutions européennes.

        Cette opposition se reflète en France avec Valéry Giscard d'Estaing, élu le 27 mai 1974 et Jacques Chirac, ancien premier ministre.  En effet, alors que les premières élections au parlement européen au suffrage universel approchent, Jacques Chirac va écrire une lettre ouverte, une tribune contre la politique européenne à tendance fédéraliste de Valéry Giscard d'Estaing  alors qu'il se trouve au même moment hospitalisé à l'hôpital de Cochin suite à un accident de voiture. Les conditions de cet appel, au delà du discours même, accentue l'urgence de bloquer la politique de Valéry Giscard d'Estaing.

         Dans cet appel, Jacques Chirac s'inscrit dans une continuité politique gaulliste à travers ses critiques au sujet du monopôle des États Unis dans les institutions européennes, de l'affaiblissement de la France dans la scène internationale au profit de l'entité européenne ainsi que les dangers du transfert des pouvoirs des institutions étatiques aux institutions européennes sur l'économie française.  Jacques Chirac tente de décrédibiliser  son opposant politique, Valéry Giscard d'Estaing, et de désolidariser les français de la politique « giscardienne ».

        Dès les premières lignes, Chirac adopte un ton grave voire tragique, il parle d' « heures graves » et de « menaces ». En effet, la France serait dans un moment critique car elle s'affaiblirait d'heure en heure dans l'Europe que conçoit Valéry Giscard d'Estaing.  La vision fédéraliste que promeut le gouvernement serait un cataclysme pour le rayonnement de la France, sa souveraineté et ainsi que pour ses intérêts.

        Dans un premier temps, il dénonce la position des technocrates dans la prise de décisions politiques dans l'espace français et européen. Selon Jacques Chirac,  les technocrates n'ont pas légitimité des urnes et ne représentent donc pas l' intérêt des français. Il s'agit également d'une référence à Valéry Giscard d'Estaing  qui favorise  la place de  technocrates dans les hautes fonctions. En dénonçant les technocrates, il pointe du doigt l'administration de Giscard et donc sa politique globale.

         Le discours de Jacques Chirac semble condamner et rejeter les institutions européennes et ses actions mais Jacques Chirac n'est pas contre une communauté européenne, la dureté de sa tribune envers la communauté européenne dissimule en réalité un rejet de la politique globale de Valéry Giscard d'Estaing.

Chirac dénonce les conséquences économiques de la conception de l 'Europe de Valéry Giscard d'Estaing. En effet, si les français suivent les recommandations du président lors de l'élection parlementaire européen,  l'Europe ne sera qu'une zone de libre-échange  favorable aux intérêts des autres puissances économiques et surtout ceux des USA au détriment des pays européens dont la France. Il affirme que ces conséquences sont connues et défendues par Valéry Giscard d'Estaing, ce qui voudrait dire que les français ont un président qui ne défend pas l'intérêt de son peuple mais des autres nations.

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