L'émergence d'un problème public
Dissertation : L'émergence d'un problème public. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar ClaraGallienne • 8 Décembre 2015 • Dissertation • 5 176 Mots (21 Pages) • 3 339 Vues
SCIENCE POLITIQUE DISSERTATION SUR LES PROBLEMES PUBLICS
Selon Padioleau, il y a un problème lorsque les acteurs sociaux percoivent des écarts entre ce qui est, ce qui pourrait être et ce qui devrait être. Cette définition introduit donc l'idée de perception, fondamentale dans l'émergence d'un problème public.
Selon la définition proposée par Erik Neveu dans Sociologie des problèmes publics, un problème public est un fait social convertit en objet de préoccupation et de débat , et éventuellement d'action publique. Le fait social doit devenir perceptible par d'autres acteurs que ceux qu'il concerne directement, et susciter leur réaction. Un problème public a, selon Pierre Favre, pleinement émergé lorsque le champs politique se met en action, c'est à dire que le problème est mis en agenda, sans quoi il y a non émergence ou émergence factice. De nombreux faits sociaux peuvent être considérés comme des problèmes publics. Neveu prend en effet l'exemple de la violence envers les enfants, de la vente de margarine aux Etats-Unis, des centrales nucléaires, de la timidité, de la dioxine dans le lait maternel. La dénonciation des problèmes publics n'est pas réservée aux experts sur ces questions : Cyril Lemieux insiste sur leur réappropriation citoyenne. Ceci se manifeste par le fait que les profanes s'imposent comme des acteurs incontournables au fur et à mesure qu'ils acquièrent des compétences techniques et juridiques, alors qu'ils étaient avant exclus du processus de décision. De plus, un critère déterminant dans l'émergence d'un problème public est la réaction qu'il suscite parmis la population. L'espace public est ainsi le lieux d'une réappropriation citoyenne, et la transformation d'un fait social en problème public dépend de la gravité que les masses lui accordent, qui justifie une action politique. Cependant, l'établissement par la population de la gravité de tel ou tel événement n'est pas immédiate, comme le souligne Emmanuel Henry lorsqu'il étudie le parcours de la question de l'amiante dans les médias, qui aboutira au fur et à mesure que ceux ci se saisissent sérieusement de la question à la formation d'une conscience collective sur la dangerosité du produit, alors que le sujet était ignoré de la plupart avant que les médias ne le posent en scandale.
On peut alors se demander dans quelle mesure l'émergence d'un problème public dépend elle de la capacité des acteurs dénonçant une situation qu'ils jugent préjudiciable, à convaincre les masses de la nécessité d'une action pour résoudre le problème, sans quoi même un fait grave pourrait rester invisible ?
L'émergence d'un problème public n'était pas immédiate, celui ci doit faire l'objet d'une construction pour atteindre ce statut. Cette construction, pour être efficace, doit mobiliser les masses par des opérations de traductions pertinentes.
I/ Un problème social doit être construit pour être considéré par l'opinion publique
A) La naissance d'un problème public n'est pas instinctive et immédiate
-> Neveu Erik : On pourrait présupposer que l'émmergence d'un problème public dépend de son degré de gravité, il existerait une raison universelle qui permettrait de distinguer ce qui est essentiel de ce qui est subalterne. Ce postulat n'est pas juste : il n'y a pas de rationalité dans la hiérarchisation et l'émergence des problèmes publics (ex : margarine aux EU/entrave a mobilité handi). Des problèmes graves ne font pas la une, aucune proportionalité n'existe entre la gravité du problème et l'ampleur de la réaction. Ainsi, la définition des problèmes publics est souvent arbitraire
Pierre Favre : distingue différents modes d'émergence des problèmes publics : émergence progressive et par canaux multiples, émergence instantanée, activation automatique du champs politique, émergence captée (sida : émergence à la fois progressive et par canaux multiples et émergence captée). Il n'y a que dans le cas de l'émergence instantanée qu'on peut voir une forme d'instinct et d'immédiateté : l'émergence est due au fait qu'un problème grave suscite une crise, une catastrophe, de la violence... Dans les autres cas, l'émergence du problème public est le fruit d'une construction, d'un travail légitimer ce statut aux yeux de la population, ce qui montre que dans la plupart des cas, la naissance d'un problème public ne dépend pas d'une raison universelle qui déterminerait son importance.
Ainsi, si les tireurs d'alarme mis en avant par Lemieux sont essentiels dans la révélation d'un problème, ils ne suffisent pas à le hisser au rang de problème public. Cette assention ne peut se faire qu'avec une prise en charge du problème qui doit conduire à sa popularisation.
B) Le problème doit être pris en charge pour faire l'objet d'une mobilisation
Erik Neveu : la vie des problèmes publics est séquentielle = série d'opérations et d'étapes pour transformer un problème social en problème public : identifier une situation problématique (rôle des entrepreneurs de cause), la cadrer, la justifier, la populariser, et mettre en oeuvre une politique publique a son encontre. Ces différentes étapes (surtout "cadrer", "justifier" et "populariser") permettent de convaincre les masses du caractère problématique de la situation et ensuite toucher le politique. Si elles ne sont pas respectées, le problème n'émergera pas dans le champs public => un problème, pour faire l'objet d'une mobilisation populaire et politique, doit donc être pris en charge.
Cependant les entrepreneurs de cause ne peuvent pas effectuer toutes ces étapes seuls. En effet, quand on en arrive à "populariser" le problème, il faut passer par internet et les médias. Emmanuel Henry montre ainsi, à travers l'exemple de l'amiante, que les médias ont un rôle essentiel dans l'émergence des problèmes publics. Si une affaire n'est pas reprise par les médias ou qu'ils ne la traitent pas comme une affaire scandaleuse ou importante, le problème ne touchera pas la population qui n'y verra qu'un événement annodin, et il ne sera pas repris dans le champs politique.
Neveu ajoute qu'il n'y a pas de trajectoire unique dans la construction d'un problème public : si certains aboutissent a une
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