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Fiche de synthèse de l'article "Des transitions africaines au monde arabe, 1991-2011 : vent de printemps sur les outils de la transitologie," Céline Thiriot

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Par   •  3 Novembre 2022  •  Synthèse  •  2 219 Mots (9 Pages)  •  298 Vues

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Des transitions africaines au monde arabe, 1991-2011 : vent de printemps sur les outils de la transitologie, Céline Thiriot

        11 ans après le début des “Printemps arabe”, certains pays comme la Tunisie sont en proie au doute. En effet, la transition vers un régime plus démocratique s’est opérée mais aux yeux des experts Tunisiens, elle apparaît insuffisante pour parler pleinement d’un régime démocratique, dès lors qu’en est-il de la transitologie ? Quelle est sa place aujourd’hui dans l’analyse du Printemps arabe et des autres transitions politiques qui ont lieu dans le monde ? Mais avant toute chose, revenons sur cette discipline récente des années 1980.

        Céline Thiriot est maîtresse de conférences de Science Politique à Sciences Po Bordeaux, spécialiste des transitions politiques en Afrique subsaharienne. Ses recherches portent principalement sur les processus de consolidation (démocratique ou autoritaire) des régimes post transition en Afrique subsaharienne, et plus particulièrement sur l’institutionnalisation des nouveaux régimes : rôle et place des forces armées dans les nouveaux régimes, nature et rôle de la société civile, processus électoral, innovations institutionnelles ou non conventionnelles dans la gestion des conflits sociaux, politiques, électoraux.

        À travers son article Etude de la transitologie au sein des pays africains jusqu’au monde arabe, paru dans la Revue Internationale de Politique Comparée en 2013, Céline Thiriot mentionne un changement de paradigme. En effet, après la chute de l’URSS, une troisième vague de démocratisation va s’amorcer et parallèlement à ce processus, une grille d’analyse va apparaître pour étudier les changements politiques : La transitologie. Selon C.Thirriot, la “transitologie'' consiste initialement à analyser la dynamique du changement politique à travers le prisme des acteurs. Les transitions y sont analysées comme des processus historiques compris de manière séquentielle, contingents, qui dépendent des calculs – et des interactions entre - des acteurs spécifiques, dont l’issue est aléatoire. » En somme, il s’agit de saisir la dynamique du changement. Cette méthode est née d’une rupture avec les méthodes évolutionnistes, développementaliste, ou encore de précondition à la démocratie. Au sein de la transitologie, deux générations peuvent être identifiées. Dans un premier temps, les données institutionnelles, économiques, culturelles, sociales, ne sont prises en compte qu’en tant que contexte avec lequel les acteurs doivent composer et dans lequel ils interviennent. Ensuite, la seconde génération, essentiellement néo institutionnaliste, réintroduit ces paramètres ainsi que la prise en compte de l’historicité (Au travers de la « path dependence »[1]).

        Pour C.Thirriot, la comparaison diachronique, entre le monde arabe et les analyses du changement politique en Afrique subsaharienne, permet de dresser un bilan critique, mais nuancé de la transitologie.

        Dans un premier temps, quels sont les critères qui peuvent être pris en considération lorsqu’on s’emploie à la transitologie ? En effet, le déclenchement d’un processus de changement politique fait intervenir une pluralité de facteurs internes et externes, dont les acteurs politiques, notamment les élites et les alliances qu’elles nouent, sont déterminants.

        L'étude des transitions africaines montre qu’une ouverture politique devient possible, premièrement, lorsque le mode néopatrimonial de régulation politique des régimes autoritaires est épuisé : les crises économiques fragilisent les systèmes qui sont minés par le patronage et le clientélisme, et à partir du moment où le régime ne peut plus redistribuer, il va entrer dans une « crise de capacité qui devient une crise de légitimité », car leur légitimité reposait sur l’idéologie du développement, avec l’idée d’un pacte entre les dirigeants et la société, les seconds acceptant de se soumettre au pouvoir tant que les services à la population étaient assurés.

        Deuxièmement, C.Thiriot considère que le basculement d’une situation politique peut être lié à la temporalité d’un régime autoritaire : les dirigeants qui ont été depuis longtemps au pouvoir résistent moins au processus de changement que ceux qui étaient en phase d’installation de leurs systèmes.

        Néanmoins, le résultat du processus de changement politique est incertain : une libéralisation ne conduit pas toujours à une transition, et celle-ci n’aboutit pas forcément à une démocratie. L’issue de cette incertitude est expliquée selon C.Thiriot par plusieurs points de blocage.

        Le premier point de blocage réside dans le rôle et la place qu’occupent les militaires dans ce processus : une libéralisation a plus de chance de passer à une réelle transition si les militaires se dissociaient du régime contesté, au profit de la société civile. Pour C.Thiriot , l’existence « des espaces publics pluriels », constituant des sphères de rencontre, de débat et de partage des opinions, est aussi un élément majeur dans le processus de changement politique, rendant possible les mobilisations populaires. Or, la société civile composée des cadres associatifs et socioprofessionnels, ainsi que les nouveaux moyens de communication comme Internet et les réseaux sociaux, ont joué un rôle de premier plan dans la déstabilisation des régimes autoritaires et la mobilisation pour les transitions politiques du printemps arabe.

        Ensuite, l’auteur considère que le passage d’une phase politique à l’autre est lié, non seulement à des facteurs internes, mais aussi à l’influence externe. En effet, la chute du bloc soviétique aux années 1990 a eu son impact sur plusieurs pays autoritaires qui étaient dépendants économiquement de l’URSS. Ils sont passés sous la coupe économique des pays occidentaux avec l’imposition des « conditionnalités économiques et politiques » par les institutions pourvoyeuses de fonds comme la Banque Mondiale ou le Fonds Monétaire International.

        Par ailleurs, certains analystes considèrent que l’appui occidental aux autocrates arabes a constitué un point de blocage face aux mobilisations démocratiques. Bien que, pour d’autres, à l’inverse, la politique occidentale a contribué à la transition de nombreux pays.

        Puis, « l’effet de contagion démocratique » qui énonce que plus un pays est proche géographiquement et culturellement d’autres pays qui ont subi des processus de démocratisation, plus celui-ci est susceptible d’initier des mobilisations en faveur de la démocratie.

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