Fiche de lecture, Julian Mischi, Le Communisme désarmé
Fiche de lecture : Fiche de lecture, Julian Mischi, Le Communisme désarmé. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Thomas Vannier • 27 Février 2018 • Fiche de lecture • 11 637 Mots (47 Pages) • 526 Vues
Julian Mischi, Le
communisme désarmé,
Agone, 2014.
Julian Mischi est un universitaire français né en 1974, sociologue et politiste, chercheur au département des sciences sociales de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) à Dijon Docteur en sciences politiques de l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), Julian Mischi est membre du comité éditorial de la revue Agone. Ses recherches portent sur les classes populaires, l'engagement politique et syndical, les espaces ruraux.
En 2009 il a écrit Servir la classe Ouvrière paru aux presses Universitaires de Rennes cet ouvrage vient
en complément de l'ouvrage qui va nous intéresser : '' Le communisme Désarmé ". Paru aux éditions
Agone cet ouvrage entend expliquer les diverses causes du déclin du parti Communiste Français.
Synthèse de l’ouvrage.
- Le PCF face à un monde qui change.
Des années 30 jusqu'en 70 le PCF semble sur la scène politique être le représentant légitime de la
classe ouvrière. Premièrement parce que les militants communistes même non ouvrier s'engagent au
nom de classe ouvrière. Deuxièmement et c'est le point le plus important selon l’auteur, les
dirigeants et les élus communistes sont issus eux mêmes des milieux ouvriers. Avant la 1ere guerre
Mondiale le mouvement ouvrier Français est relativement faible, mais sous les actions de politisation
des militants du PCF et de la confédération générale du travail (CGT) le monde ouvrier va de plus en
plus s'unifier et s'identifier à ce parti de la ''classe ouvrière ''. Après la crise des années 30 une
majeure partie des ouvriers qui étaient alors plus lié au monde agricole et celui de l'artisanat va se
fixer autour des usines. Ils vont habiter dans des quartiers urbains ou dans des villages industriels, ce
qui va donner une singularité au monde ouvrier et permettre ainsi aux réseaux communistes de se
développer. On va voir apparaitre avec la génération des ouvriers nés dans l'entre deux guerres une
culture de classe surtout marqué par une solidarité entre les travailleurs et une opposition aux
dominants. Cette culture est produite par des conditions de vie et d’expériences relativement
communes. Ce sentiment d'appartenance de classe est nourri par un univers ouvrier assez fermé sur
lui même, avec des aires de vie, de consommation de travail sur un même territoire, les enfants
d'ouvriers ont à cette époque le même destin que leurs parents car la scolarité est souvent très
courte souvent vers 13 ans après le certificat d'études primaires (CEP). L'entraide familiale, les
solidarités de quartier, la camaraderie d'atelier constituent des réponses collectives à la domination subie. Cette culture de classe peut être vue comme un retournement solidaire de la coopération
contrainte. Ce sentiment d'appartenance et celle culture de classe alimente les réseaux de solidarité
au sein du monde ouvrier. La culture de classe est au cœur de l'idée d'une autonomie ouvrière en
politique il faut que les représentants politique soit de l'intérieur et non pas de l'extérieur. C'est avec
1936 et le Front populaire qu'on va voir l'émergence d'une avant garde d'une élite issue de la
fraction ouvrière. Des années 30 aux années 70, les dirigeants communistes sont très souvent des
ouvriers devenus '' permanents '' pour cela ils sont formés dans des écoles locales fédérales nationales et même internationales (Moscou), ils doivent aussi remplirent des questionnaires
biographiques pour vérifier qu'ils sont bien conformes au Parti. La première école inaugurée est en
1924 à Bobigny, on y apprend les thèses léninistes sur l’impérialisme, les questions coloniales le rôle
de la classe ouvrière de la paysannerie etc... Cette élite ouvrière formée dans les écoles du parti va
progressivement succéder aux dirigeants déjà en place au moment du congrès de Tour en 1920 qui
étaient pour la plupart extérieur au monde du travail industriel. La position dominante des ouvriers
de la grande industrie au sein du PCF est une constante qu'on va retrouver sur tout le territoire
Français. Toutefois le PCF reste un parti où il y a une surreprésentation des ouvriers masculins et
Français au détriment d'autres fractions de la classe ouvrières comme les femmes, les immigrés, ou
les ouvriers plus spécialisés. On s'aperçoit que le PCF n'échappe pas aux logiques inégalitaires du
champ politique. De plus l'existence d'un corps de permanent c'est à dire des militants devenus des
professionnels de la politique crée une distance sociale entre les ouvriers et ces portes paroles ce qui
finalement reproduit les inégalités sociale du système politique. Les années 70-80 marquent le début
de la désindustrialisation et la fin de ce qu'on a appelé les Trente Glorieuses et va marquer le début
de la fin du PCF en tant qu'acteur centrale de la vie politique Française. Le déclin du PCF est
indissociable de la désindustrialisation qui touche la Franche dans la deuxième partie du XXe. Cette
désindustrialisation bien que touchant des secteurs comme celui du textiles et celui des mines dès
les années 50 va s'accélérer à partir des années 70 et toucher plus largement les grands bassins
industriels. Ces places fortes du communisme vont être directement touchées et on va assister à un
exode forcé des ouvriers vers des centres plus dynamique. Cette désindustrialisation va entrainer un
déclin des travailleurs de l’industrie, La part d'ouvrier dans la population active était en 75 de 37 %
cette part va diminuer régulièrement mais reste cependant élevé puisqu'elle est de 23 % au
recensement de 2010 ce qui représente environ 1/4 de la population active. En même temps que la
désindustrialisation opère on trouve aussi les stratégies patronales à partir des années 80 pour
fragiliser les conditions de contestation. On a par exemple l'éloignement des centres de décisions des
établissements industriels dans une logique d'internationalisation et de concentration du capital qui
va affaiblir l'efficacité des mouvements sociaux qui se déroulait sur le plan locale. On va voir
apparaitre des nouvelles politiques de l'emploi, ces politiques tendent à briser le collectif ouvrier en
le divisant, cette division va se faire par le biais de la sous-traitance, de combinaison d'une main
d'œuvre qualifiée et non qualifiée, ou encore par le recours à l'intérim. Cette politique de l'emploi va
séparer les travailleurs stabilisés qui dépendent de l'entreprise et les travailleurs précarisés qui sont
extérieurs à l'entreprise.
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