Dans quelle mesure l'effondrement de l'Etat somalien est-il à l'origine de la recrudescence de la piraterie sur les côtes somaliennes?
Analyse sectorielle : Dans quelle mesure l'effondrement de l'Etat somalien est-il à l'origine de la recrudescence de la piraterie sur les côtes somaliennes?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar MARYOK • 16 Octobre 2022 • Analyse sectorielle • 3 798 Mots (16 Pages) • 327 Vues
Analyse des relations internationales
Dans quelle mesure l'effondrement de l'Etat somalien est-il à l'origine de la recrudescence de la piraterie sur les côtes somaliennes?
2021-2022
Table des matières
Introduction 3
Cadre d’analyse 4
Le concept d’effondrement de l’Etat 4
Le concept appliqué au cas somalien 4
Approche théorique 5
Analyse 6
Contribution de l’effondrement de l’Etat à la recrudescence de la piraterie 6
Insuffisance de l’explication de l’effondrement de l’Etat 8
D’autres variables explicatives 8
1. Le contexte d’interdépendance internationale 9
2. Le territoire géographique 11
Conclusion 13
Bibliographie 14
ANNEXES 16
Introduction
Les médias diffusent le phénomène depuis 2006 : les pirates sont de retour ! Et cela se passe au large des côtes somaliennes. La Belgique connaît un nouveau pic médiatique en 2013 lorsque la police fédérale belge arrête l’un des plus puissants pirates somaliens : le dénommé Afweyne (littéralement ‘grande gueule’ en somali) .
Nul doute à ce sujet : la piraterie fascine. Le phénomène apparaît lointain, exotique, digne d’un scénario. Les pirates somaliens inspirent d’ailleurs quelques films dont « Captain Phillips » et « Hijacking ».
Toutefois, en relations internationales, les conséquences pratiques de la piraterie sont plus que réelles. Les 2200 pirates somaliens estimés mènent la vie dure aux équipages des bateaux étrangers , aux États priés de payer une rançon, aux entreprises qui voient le coût des assurances maritimes s’envoler, aux États voisins qui subissent une inflation des prix alimentaires … Bref, dans un contexte d’économie mondialisée, c’est une poignée d’hommes, une petite armada d’ex-pêcheurs convertis, qui met l’ensemble du commerce maritime international sous tension.
La littérature s’empare du phénomène et tente d’en expliquer l’origine. Une variable explicative extrêmement fréquente est l’effondrement de l’Etat somalien. On ne compte plus les argumentaires liés à la fragilisation de l’Etat somalien par la guerre d’Ogaden en Ethiopie menant à la chute du Régime Siad Barre en 1991 dans un contexte de guerre civile .
Face à la récurrence du recours à la variable « déliquescence de l’Etat somalien », une question s’impose : dans quelle mesure l'effondrement de l'Etat somalien est-il réellement à l'origine de la recrudescence de la piraterie sur les côtes somaliennes ?
Cadre d’analyse
L’analyse s’articulera donc autour d’un concept qui fait parler de lui ces dernières années : l’effondrement de l’État. Avant de passer à l’analyse per se, il convient de baliser le cadre d’analyse en définissant ce concept, en vérifiant qu’il peut de facto s’appliquer au cas somalien et en spécifiant l’approche privilégiée.
Le concept d’effondrement de l’Etat
Le concept d’effondrement d’État est assez récent et sa définition ne fait pas encore l’objet d’un consensus scientifique. En général, ce concept décrit des États devenus incapables de « respecter leurs obligations en vertu du droit international ou de remplir leurs fonctions nationales en raison de l'effondrement de l'autorité du gouvernement central [traduction personnelle] » . Ne disposant plus d’un gouvernement opérationnel doté du monopole de la violence légitime, l’Etat effondré est inapte à exercer sa souveraineté sur son territoire. Il n’est plus en mesure d’assurer ces fonctions principales comme la sécurité, la gestion des ressources et la fourniture des services publics . S’en suit une série de conséquences : effondrement de l’économie, prise de pouvoir par les acteurs non-étatiques, conflit interne, dégradation du niveau de vie …
Le concept appliqué au cas somalien
Le concept d’effondrement d’Etat a régulièrement été appliqué au cas somalien . La guerre civile qui embrase la Somalie dans les années 1980 conduit à la chute du régime Siad Barre en 1991. L’appareil d’Etat disparaît et avec lui, l’existence d’une autorité en mesure de faire régner l’ordre et d’appliquer la loi. Cette situation permet l’émergence et la prise de pouvoir de « seigneurs de guerre », de milices criminelles, et de guérillas islamistes. Il n’existe plus d’entité capable d’endiguer les luttes entre factions qui se font de plus en plus violentes. Le banditisme fleurit sous une multitude de formes, le marché d’armes légères prolifère. Le Somaliland (région du nord-ouest) proclame son indépendance dès 1991 et le Puntland (nord-est) ne tardera pas à faire de même en 1998 . Il faudra attendre 2004 et l’instauration d’un gouvernement fédéral de transition (GFT) pour qu’une autorité étatique soit formellement rétablie . Cependant, le GFT est si faible que le pays reste considéré comme un Etat effondré.
Approche théorique
L’approche privilégiée dans le présent travail est celle du constructivisme. Selon cette approche, les normes intersubjectives partagées, socialement construites déterminent le comportement des acteurs dans les relations internationales . Cette vision s’oppose au courant réaliste selon lequel les Etats sont mus par leur intérêt national. Selon le constructivisme, non seulement ces intérêts sont pluriels car ils évoluent selon le contexte, les systèmes de croyance, et les perceptions , mais en plus les Etats sont loin d’être les seuls acteurs influençant les relations internationales. N’importe quel agent, y compris les acteurs non-étatiques, peut participer à la construction normative encadrant les relations internationales. Les acteurs internationaux sont à la fois soumis et producteurs de ces normes . Le constructivisme ne s’apparente toutefois pas au nihilisme et reconnaît l’existence de certaines données
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