Comment expliquer la révolution tunisienne?
Dissertation : Comment expliquer la révolution tunisienne?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Clémence Di Pane • 24 Janvier 2018 • Dissertation • 1 235 Mots (5 Pages) • 659 Vues
Clémence Di Pane
L2 sciences politiques
Séance 9 : Protester en contexte autoritaire
Plan détaillé : Comment expliquer la révolution tunisienne ?
« Les révolutions emploient presque autant d'années à se terminer qu'à se préparer ». En effet, comme le rappelle François Guizot, une révolution, c'est-à-dire le fait de renverser un régime politique, est un phénomène complexe qui dépend d'une multitude de facteurs. D'ailleurs, de nombreux sociologues et historiens préfèrent le terme de « situation révolutionnaire » pour indiquer qu'il s'agit plus d'un réel processus, sur le long terme, qu'un ou plusieurs événements successifs qui ont changé le cours de l'histoire. Les médias aiment à garder une ou deux dates symboliques pour signifier une révolution. Pourtant ce qu'il s'est passé avant cette date et après est tout aussi important pour expliquer une révolution.
Une révolution naît souvent à la suite d’événements, souvent symboliques ou en tout cas pas majeurs, qui vont changer la perception de la population sur le régime. En effet, l'obéissance repose à la fois sur la coercition, et sur la croyance en la légitimité du pouvoir, ou au moins sur la croyance en l'impossibilité de changer l'ordre politique et social. En contexte autoritaire, la coercition et la répression sont très présentes . C'est un contexte à la fois propice aux révolutions, car il y a de nombreuses frustrations qui attisent la défiance envers le gouvernement, et défavorable, puisque la répression provoque un sentiment de peur, et parfois d'isolement. Pour qu'il y ait révolution, il faut donc un contexte de mécontentement généralisé à l'encontre d'un gouvernement qui ne produit pas des conditions de vie satisfaisantes, et un changement de perception du possible, c'est-à-dire que la population prend conscience de sa force, le nombre, et se mobilise pour inverser le rapport de force.
Pourtant, ces deux éléments ne suffisent parfois pas à renverser un régime, car il y a, dans toute révolution, une part de hasard et de chance qui va permettre aux différents éléments de se mettre en place. Autrement dit, il faut du terreau, une graine, et de nombreux éléments contrôlables et incontrôlables qui vont aider la graine à se transformer en arbre : l'eau, le vent, le soleil..
Dans le cas de la révolution tunisienne de 2010-2011, le pays se trouvait dans une situation de crise économique et sociale, et de répression sévère. Le suicide de Mohamed Bouazizi, un marchand de fruits et légumes, le 17 décembre 2010 devant le gouvernorat de Sidi Bouzid, semble être l’élément déclencheur de cette révolution, la « goutte d'eau qui a fait déborder le vase », comme on l'a souvent entendu dans les médias. Pourtant, cet événement est à la fois le fruit d'un sentiment de défiance de plus en plus fort, et le début d'une longue série de situations de mobilisation qui ont abouti à la chute du régime. On peut se demander quels facteurs sont intervenus pour que ce suicide devienne le symbole de la révolution tunisienne ? Cette révolution n'était certes pas prévisible à ce moment précis, mais une série d'éléments indiquait une insatisfaction et une nécessité de changements(I). L'acte de Mohamed Bouazizi fut a ce moment la non pas le dernier événement du régime autoritaire mais bien le premier de la situation révolutionnaire, tout ceci facilité par un ensemble de facteurs qui, s'ils n'avaient pas été réunis à ce moment là, n'auraient peut-être pas abouti au même résultat (II).
- Un contexte de défiance face à un régime autoritaire : le terreau favorable à la révolution
Le terreau se forme à partir d'une situation politique et publique très délicate, autoritaire, répressive (A) et se double d'une sorte de révolution quotidienne, qui a permis en 2010 à la population de Sidi Bouzid de réagir promptement( grâce à une assurance acquise dans le passé (B).
A) Une situation de crise économique et sociale
→ Chômage : très fort chez les jeunes
→ Répression : très peu de partis politiques sont autorisés, pas de liberté d'expression.
→ De nombreux suicides avaient eu lieu sur le même procédé : immolation devant un lieu de pouvoir.
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