Qu’est-ce que la « République Islamique d’Iran » ?
Étude de cas : Qu’est-ce que la « République Islamique d’Iran » ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Joseph Staline • 30 Décembre 2020 • Étude de cas • 1 148 Mots (5 Pages) • 428 Vues
Plan détaillé : Qu’est-ce que la « République Islamique d’Iran » ?
H.E. Chehabi évoque, dans The Political Regime of the Islamic Republic of Iran in Comparative Perspective que le système Iranien possède des points communs aussi bien avec les régimes totalitaires, qu’avec les régimes autoritaires et les démocraties. En effet, le régime de l’Iran est unique au monde. En 2009, Lord Norbert Lamont, ancien ministre du Budget britannique, affirmait dans un journal koweitien que l'Iran était l'une des meilleures démocraties : « Montrez une seule démocratie vivante dans le monde arable à l'instar de l'Iran ». Ici, il convient tout de même de définir ce qu’on entend par démocratie. En effet, cette même notion, instaurant « le gouvernement du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple » selon Abraham Lincoln est aussi sujette à différentes interprétations, et n’est pas forcément le propre d’une République. Si la participation populaire semble être incontournable, elle est aussi définie par Abdou Filali-Ansary comme une sorte de « nouvelle religion séculière ». En outre, comme le souligne Nouchine Yavari d'Hellencourt, l'Iran a été le premier pays musulman à se doter d'une Constitution en 1911. Une décennie plus tard, le coup d'État de Reza Shah a cependant mis un coup d'arrêt aux tentatives de démocratisation en excluant de manière radicale les élites démocrates, religieuses ou non. Il faudra attendre l'arrivée au pouvoir de Mohammad Mossadeq en 1951 pour que redémarre le processus, une nouvelle fois interrompu deux ans après par le coup d'État organisé par les services secrets américains et britanniques, qui ramène le Shah au pouvoir. Pendant son règne, les mouvements comme le Mouvement pour la Libération de l'Iran connaissent une répression forte, à laquelle la communauté internationale reste indifférente. La Révolution islamique de 1979 menée par l'Ayatollah Khomeyni représente un tournant majeur dans l'histoire politique du pays, en refondant la Constitution et toute l'organisation institutionnelle, faisant aujourd’hui de l’Iran un système bicéphale comprenant le Guide Suprême : l’ayatollah Khomenei, et un président : à l’heure actuelle, Hassan Rohani. Mais alors, peut-on toujours parler de République d’Iran ? En plaçant la question religieuse au centre de la Révolution, peut-on penser que l’Iran a renoncé à tout avenir démocratique ?
Pour cerner ce sujet, nous verrons d’abord que les institutions du régime iranien présentent différentes facettes plus ou moins démocratiques qui en font ce que Fahrad Khosrokhavar appelle une « protocratie » (I). Puis, nous nous pencherons sur ses pratiques autoritaires qui interrogent néanmoins sur les capacités de cette société à résister au régime (II).
I. La cohabitation de deux légitimités au sein du système politique iranien : un régime protocratique
Ainsi, nous commencerons cette première partie en affirmant qu’au moins en apparence : la légitimité démocratique issue du suffrage populaire caractérise une partie des institutions iraniennes (A). Mais, nous ajouterons ensuite que la légitimité religieuse héritée de la Révolution de 1979 s'impose et en fait finalement un régime théocratique « dans son essence » (B).
A) Une légitimité démocratique issue du suffrage populaire caractérise une partie des institutions iraniennes, en apparence
- Des aspirations démocratiques ponctuelles depuis le début du siècle : mobilisation au nom de l'État de droit→ revendications de parlementarisme et de liberté d'opinion (1906-1911) + émergence de groupes politiques divers (islamisme radical, communisme, nationalisme démocratique)→ retour de l'appareil démocratique (Mohammad Mossadeq) + front islamo nationaliste démocratique contre le despotisme et la soumission à l'étranger (liberté, justice, indépendance nationale, islam)
- Un pôle d'institutions démocratiques renouvelé régulièrement : principe de souveraineté populaire respecté+responsabilité du Président sur l’opinion publique+politique de soutien culturel et éducatif
B.
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