La Tentative
Recherche de Documents : La Tentative. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 25 Mars 2014 • 1 509 Mots (7 Pages) • 1 796 Vues
« La gravité des crimes se mesure non pas tant sur la perversité quils annoncent que sur les dangers quils entraînent ». Gabriel Tarde considérait que la gravité des infractions devait être évaluée au regard du trouble causé. Dans le même esprit, lécole pénale néoclassique représentée dans sa vision libérale par Guizot, Ortolan considérait que le droit pénal ne devait punir « ni plus quil nest juste, ni plus quil nest utile ». En ce sens, ces auteurs sopposaient à Grammatica qui considérait que le droit pénal ne devait punir quau regard de la personnalité de lagent. Cette opposition doctrinale a trouvé une traduction dans les faits à travers la tentative. Les rédacteurs du code pénal de 1810 se sont interrogés sur le point de savoir si un individu qui ne fait que tenter une infraction doit être puni, et le cas échéant dans quelle mesure ? Des auteurs allemands, comme Feuerbach, ont défendu la thèse de limpunité. Dautres, comme Saleilles, défendaient la thèse de la répression. Le code pénal de 1791 adopta une position mixte, puisque la tentative nétait punissable que pour les homicides volontaires et les empoisonnements. Le code pénal de 1810 et celui de 1992 ont choisi de réprimer la tentative, ils ont donc été amenés à la définir. Les rédacteurs ont rédigé cette définition en se référant au chemin du crime. En effet, lIter criminis décrit les différentes étapes qui amènent à la consommation de linfraction. Tout dabord, une résolution doit se dessiner, des actes préparatoires doivent être réalisés, puis lagent doit commencer lexécution de linfraction pour finir par sa consommation. Toute la difficulté de définir la tentative réside dans le fait de ne punir ni trop tôt, ni trop tard. Larticle 121-5 du code pénal définit la tentative comme un commencement dexécution qui « na été suspendu ou na manqué son effet quen raison de circonstances indépendantes de la volonté de son auteur ». Dans cet article, on distingue la tentative interrompue de la tentative manquée. Dans le code pénal de 1810, seule la tentative interrompue était sanctionnée. Elle demeure aujourdhui la définition de référence. La tentative a subi des évolutions légales et jurisprudentielles, il convient de sinterroger sur les caractéristiques actuelles de la tentative. Loriginalité essentielle de cette notion repose sur sa répression indépendamment de tout résultat (I). La seconde originalité repose sur lextension de son domaine et la mesure de la répression (II).
1 I. Lincrimination de la tentative indépendante dun résultat Le droit pénal sanctionne en principe un comportement qui cause un trouble à lordre public. La tentative punit un individu qui allait commettre une infraction, mais qui a été interrompu par des éléments externes à sa volonté. Des conditions précises ont donc été posées pour caractériser la tentative. A. La caractérisation dun commencement dexécution Plusieurs éléments ont été proposés par la doctrine pour définir un commencement dexécution. Ortolan, qui prônait une thèse objective, considérait que lagent devait avoir réalisé un des éléments définis dans linfraction. Cette conception était un peu trop restrictive. Magnol et Vidal défendaient une thèse subjective qui considérait que lagent devait avoir lintention de commettre linfraction. Cette position était trop extensive et difficile à mettre en pratique. La jurisprudence criminelle est venue préciser cette notion dans deux affaires, celles de la jurisprudence du « Palais Royal » du 29 décembre 1970, et celle du « Docteur Lacour » du 25 octobre 1962. De ces jurisprudences, il ressort quun commencement dexécution est caractérisé, si lagent a réalisé des actes « ayant pour conséquence directe et immédiate de consommer le crime », et sil a eu « lintention de commettre linfraction ». Le commencement dexécution doit comporter un élément objectif caractérisé par un acte qui a un lien direct avec la réalisation de linfraction, et un élément subjectif qui tient à lintention criminelle. Cette précision jurisprudentielle permet de ne pas confondre le commencement dexécution avec les acte préparatoires qui peuvent parfois être équivoques. Pour que la tentative puisse être punissable, le commencement dexécution doit être suivi dun désistement involontaire. B. La nécessité dun désistement involontaire Le législateur laisse la possibilité à lagent de se rétracter avant de commettre linfraction. Si un individu décide darrêter volontairement ses agissements, avant toute consommation, il est assuré de son impunité. En revanche, si lagent se désiste volontairement, mais après la consommation de linfraction, ce comportement est qualifié de repentir actif. Dans cette dernière hypothèse, lagent sera poursuivi, mais pourra bénéficier, sous certaines conditions, dune réduction de peine. Pour sassurer de limpunité, lagent doit sêtre désisté spontanément, librement, et antérieurement à la consommation de linfraction.
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